Faire du bien fait du bien !

On se doute que l'empathie et l'altruisme profitent au bénéficiaire, mais est-ce que le donneur en profite également ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le
Chronique de Sylvie Chokron, neuropsychologue
Chronique de Sylvie Chokron, neuropsychologue

On pense de plus en plus que le fait de faire du bien active des régions cérébrales liées au plaisir. Il se pourrait donc que la plus grande récompense du donneur ne soit pas matérielle, mais plutôt une sensation de plaisir voire de bien-être liée au fait d'avoir fait le bien.

Dès 2 ans, non seulement les enfants font spontanément preuve d'un comportement d'aide, mais en plus ils peuvent éprouver plus de plaisir à donner une récompense à autrui plutôt qu'à la garder pour eux. D'après certains auteurs, il semble même que pour les très jeunes enfants plus le don est coûteux, plus il fait plaisir à l'enfant, comme si nous avions évolué pour prendre plaisir à faire le bien.

Faire le bien peut-il également nous faire du bien ?

Faire le bien nous fait du bien moralement, intellectuellement et physiquement. Moralement, faire le bien déclenche une série d'émotions positives. Ce bénéfice moral, c'est-à-dire les émotions positives découlant du don, encourage les individus à être empathiques et aidants. Même si cela semble paradoxal, ce bénéfice moral pourrait être d'autant plus important qu'il est coûteux.

En plus de ce bénéfice moral, faire le bien semble aussi avoir des effets positifs sur le plan cognitif et physique. Le comportement altruiste développerait ainsi une façon de penser plus constructive et pourrait même être associé à une réussite dans un grand nombre de domaines.

Sur le plan physique, le comportement d'aide a également été mis en relation avec une longévité plus importante et récemment, une étude américaine a montré une réduction des facteurs de risque cardiovasculaires et des pensées négatives chez l'adolescent qui semble proportionnelle à l'augmentation du comportement altruiste et empathique. Selon les auteurs, la mise en place d'un programme d'aide et d'engagement altruiste pourrait être un moyen de lutter contre les facteurs de risque cardiovasculaires chez l'adolescent.

Pourquoi ce comportement diminue-t-il chez l'adulte ?

Il semble que l'éducation parentale soit déterminante pour préserver et encourager l'altruisme et l'empathie chez l'enfant. Plus l'enfant grandit dans un milieu structuré, avec des règles, mais ouvert, dans lequel il peut observer des comportements altruistes, plus ces comportements perdureront. Pour que l'empathie persiste, il faut que l'enfant puisse contrôler ses réactions et être capable de bien analyser les situations pour pouvoir éprouver ce que l'autre éprouve et se mettre à sa place.

Il se pourrait que la société pervertisse ensuite la tendance naturelle à faire le bien en introduisant la notion de récompense, de profit, voire en dénigrant et en dévalorisant les personnes qui font le bien qui peuvent passer pour des naïfs ou des gens dont on profite.

Récemment, des programmes éducatifs comme l’école de la Philantropie initiée par les fondations Rothschild et soutenue par la Fondation de France se sont donnés pour mission d'éduquer les enfants aux comportements pro-sociaux, à l'altruisme et à l'empathie dans tous les domaines sociétaux.

Ces programmes concernent des enfants de 8-9 ans et se font en collaboration avec les professeurs et l'Education Nationale. Les enfants choisissent un thème qui leur tient à coeur ainsi qu'une association qui milite sur le terrain et apprennent à mettre en place une action qu'ils vont mener à bien toute l'année.

À la fin de l’année, ils peuvent présenter leurs projets devant des adultes et des spécialistes du domaine. L'idée est d'évaluer dans les années qui viennent l'apport de ce type de programme sur le plan moral, psychique, intellectuel et physique et éventuellement de développer ce type d'approche au niveau national et international.

Le fait de soutenir, encourager et développer le comportement naturel d'aide des enfants peut permettre de valoriser cette attitude tout au long de leur vie. Cela pourrait alors leur permettre d'évoluer dans un monde meilleur !