Lactarium de Necker : aucune preuve de contamination du lait à ce stade

À la suite d'une suspicion de contamination de trois bébés, dont deux sont décédés, la délivrance de lait maternel a été suspendue "par précaution" le 3 septembre au lactarium de l’hôpital Necker. Selon l’AP-HP, tous les tests sur les laits du lactarium - y compris ceux administrés aux victimes - seraient pour l’heure négatifs. La ministre de la Santé a annoncé qu’une inspection serait effectuée ce 5 septembre.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Le lactarium d'Ile-de-France abrité par l'hôpital Necker à Paris (voir encadré), a suspendu "par précaution" toute délivrance de lait suite à la contamination par la bactérie Bacillus Cereus de trois bébés prématurés. Il s'agit d'une bactérie qui se rencontre fréquemment dans l'environnement, mais celle-ci peut s'avérer dangereuse chez certains grands prématurés.

Les trois nourrissons avaient tous reçu dans leur alimentation du lait maternel de Necker. Toutefois l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) insiste sur le fait "[qu’à ce stade], il n’est pas possible d’affirmer que ce lait soit à l’origine des contaminations, mais il n’est pas non plus possible de l’exclure". Des lots ont rappelé "par mesure de précaution".

Les bébés étaient hospitalisés dans deux établissements de santé de la région parisienne. Deux d'entre eux sont décédés "sans qu'il soit possible à ce stade de dire si c'est l'infection qui est à l'origine de l'aggravation de leur état", selon l'AP-HP. Le troisième se porte bien.

L'AP-HP souligne que les contrôles microbiologiques effectués à ce jour sur les laits délivrés par le lactarium de Necker (y compris ceux administrés aux trois nouveaux nés concernés) ont tous été "négatifs".

Une origine commune ?

Des analyses sont par ailleurs en cours, pour déterminer si les souches bactériennes retrouvées chez les bébés sont identiques et s'il existe "une origine commune à ces trois situations de contamination". Les résultats devraient être disponibles "au plus tard en fin de semaine prochaine", selon l'AP-HP.

"La suspension de la délivrance de lait est une mesure conservatoire en attendant d'y voir plus clair", a commenté le Pr Picaud qui rappelle que les lactariums, seuls autorisés en France à distribuer des dons de lait maternel, ont "des procédures très strictes" pour traiter le lait collecté.

Des contrôles bactériologiques sont effectués avant et après pasteurisation et "si on a le moindre doute, on jette le lait", explique-t-il, soulignant qu'environ 15% du lait recueilli en France n'est pas utilisé à cause de contaminations bactériennes, en grande majorité dues au staphylocoque.

Quant à la contamination par le Bacillus Cereus, beaucoup plus exceptionnelle dans le lait, elle peut également, selon lui, provenir du circuit d'acheminement du lait ou de l'environnement du bébé.

Le lactarium de Marmande mis à contribution

En attendant les résultats des enquêtes, qui vont être menées pour comprendre la cause des contaminations, des mesures ont d'ores et déjà été prises pour permettre aux grands prématurés d'Ile-de-France de continuer à recevoir du lait maternel.

Selon le Pr Picaud, ils devraient notamment recevoir du lait maternel du lactarium de Marmande, le seul habilité en France à produire du lait maternel lyophilisé, qui se conserve plus longtemps.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré dimanche 4 septembre au "Grand Jury" RTL-LCI-Le Figaro que "dès demain, une inspection de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) se fera sur place dans le lactarium et les services concernés pour essayer d'identifier ce qui c'est passé".

Les lactariums sont des sites de collecte et de stockage de lait maternel qui joue un rôle clé dans l'alimentation des très grands prématurés.

Environ 70.000 litres de lait maternels sont collectés chaque année dans 36 lactariums répartis à travers la France, pour alimenter quelque 8.000 très grands prématurés.

Le lactarium d'Ile-de France, qui approvisionne les services de néonatologie de la région Ile-de-France et d'autres régions, distribue environ 700 litres de lait maternel par mois.

Ce lait est distribué sur prescription médicale aux grands prématurés (pesant moins d'1,5 kilo) dont les mères n'ont pas de lait, en raison de ses propriétés nutritionnelles et biologiques spécifiques.

"Grâce à ce lait, les grands prématurés ont moins de problèmes digestifs et d'infections, moins de complications liées à leur prématurité et un meilleur développement cognitif", souligne le Pr Jean-Charles Picaud, président des lactariums de France.