Comment parler de sexualité à son ado ?

Ma fille a peur à l'idée que tôt ou tard elle sera confrontée à sa première fois. Comment la rassurer ? Mon fils a 17 ans et il a une copine, mais je ne sais pas comment aborder le sujet de la sexualité avec lui… des idées ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Les réponses avec Stéphane Laudrin, psychologue clinicien et avec le Dr Vanessa Belloeil, médecin orthogéniste :

"La jeune fille ayant questionné sa mère, il est important de pouvoir en discuter. On peut la rassurer en lui disant que c'est comme toutes les premières fois. Il n'y a pas que l'acte en soi, l'acte physique, il y a aussi toute une préparation. Quand on parle de sexualité, il ne faut pas oublier de parler de ce qui va autour : des sentiments, de l'amour, du respect que l'on peut développer dans un couple.

"Des études sont menées sur la sexualité des jeunes. Un peu plus de deux tiers des jeunes ont leur premier rapport sexuel dans le cadre d'une relation investie affectivement et durable. Peut-être qu'on parle plus maintenant de sexualité alors qu'avant, on parlait plus d'amour mais pas de sexe. Mais le contexte reste le même."

"Faut-il en parler ? Personnellement, j'aurais tendance à dire non. J'aurais tendance à dire que c'est aux jeunes d'en parler. Je ne suis pas sûr que cela doit venir des adultes, des parents sauf si le jeune en parle. Les adultes ont parfois tendance à anticiper et du coup d'être à l'initiative du discours. Concernant le rapport entre le corporel, l'acte et les sentiments, en effet dans la majorité des cas, les études montrent qu'il n'y a pas de souci. Actuellement avec les réseaux, avec Internet, on peut être dans une inquiétude pour certains adolescents déjà en difficulté étant enfants, de différencier le sentiment de l'acte et de voir ça comme quelque chose de purement comportemental et désaffectivé.

"Concernant la prévention, les jeunes en parlent aussi à l'école. D'autres adultes peuvent aussi en parler. Parfois les jeunes préfèrent en parler à un oncle, une tante… La prévention des parents peut aussi passer par des films… Concernant l'idée qu'il faut parler de tout avec les adolescents, il faut être très vigilant car on peut vite être intrusif.

"Un jeune de 17 ans qui a une copine peut faire la démarche d'aller en parler à son père. On n'est pas obligé d'en parler. À cet âge, on a besoin de se dégager un peu, de prendre de la distance avec les figures parentales pour se construire en tant qu'homme ou en tant que femme. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas de lien, qu'il ne faut pas en parler mais cela doit venir à l'initiative de l'adolescent, sauf si on constate un souci ou une inquiétude. Il faut garder la bonne distance."

"Rien n'empêche toutefois ce parent de disposer dans la salle de bain ou dans les toilettes des préservatifs qu'ils soient masculins ou féminins. Cela permet de sensibiliser aussi aux différents moyens de contraception et l'adolescent s'en saisira s'il le souhaite. On peut par exemple initier le dialogue par le biais de cet objet."

"De plus, les familles ont beaucoup changé. Il y a beaucoup de familles recomposées. Les préservatifs dans le cadre familial ne sont pas un tabou. Il y en a aussi pour les adultes. Ce n'est pas uniquement pour les jeunes."