Femmes enceintes : les craintes liées à l'accouchement

Il existe sûrement des questions que vous avez toujours eu envie de poser à votre médecin, mais vous n'avez jamais osé, par pudeur, crainte, voire même honte. Notre journaliste, Mélanie Morin, se pose ces questions à votre place. Et pour cette chronique, il est question des craintes liées à l'accouchement.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Beaucoup de futures mamans s'interrogent sur l'accouchement, surtout quand il s'agit d'une première grossesse. Les femmes ont tendance à aller à la pêche aux infos sur Internet pour en savoir plus sur ce qui les attend lors de ce moment plein de mystère qu'est l'accouchement.

Mais le mystère est vite levé et les préoccupations sont très concrètes car quand vous réalisez une recherche sur Internet avec l'expression "pendant l'accouchement", vous tombez immédiatement sur l'expression "faire caca" puis "respiration", "selles", "déféquer" et "péter". En fin de liste, on trouve "déchirure" et "hémorragie". La crainte d'évacuer des selles pendant l'accouchement génère près de 45.000 résultats.

La crainte d'évacuer des selles pendant l'accouchement

La crainte d'évacuer des selles pendant l'accouchement est souvent évoquée lors de la préparation à l'accouchement. Toutes les sages-femmes sont unanimes : la crainte d'un petit incident pendant l'accouchement est évoquée quasiment à chaque fois lors des sessions de préparation. Les sages-femmes anticipent cette demande, certaines l'évoquent quoi qu'il arrive car mieux vaut s'en préoccuper avant le jour J pour dédramatiser la situation.

L'évacuation des selles lors de l'accouchement est assez fréquente. Le bébé sort par le vagin, et l'anus se trouve juste en-dessous. La distance moyenne entre ces deux orifices est de trois centimètres. Entre le vagin et l'anus, on trouve le plancher pelvien, plus connu sous le nom de périnée. Il est très sollicité lors de la poussée expulsive de l'accouchement. Les sages-femmes expliquent que le diaphragme, le muscle qui s'abaisse quand on inspire et qui se relève quand on expire, aide les contractions utérines à pousser le bébé vers le bas. Les muscles périnéaux et abdominaux sont sollicités pendant cette descente. Au passage, la tête du bébé écrase littéralement le rectum et si "l'ampoule rectale" est pleine, inévitablement, elle va laisser sortir des selles.

Selon une sage-femme, ce phénomène est comparable à celui qui se déroule "quand vous marchez sur un tube de dentifrice dont vous avez ôté le bouchon". Une femme sous péridurale ressentira peut-être moins cette poussée-réflexe qui évoque la sensation ressentie quand vous avez envie d'aller à la selle. Souvent, les parturientes, même si elles évacuent des selles, ne s'en rendent pas compte…

La peur de pousser

Péridurale ou pas, si on vous dit de pousser, il faut pousser. Selon l'une des sages-femmes interrogées, c'est rare mais parfois chez les primipares, il y a une gêne, certaines referment même les jambes et se retiennent de pousser parce qu'elles ont peur de la sensation qui évoque l'envie d'aller à la selle. Dans ce cas, les sages-femmes leur font comprendre que pour le bon déroulement de l'accouchement et la santé du bébé, elles n'ont pas le choix, selles ou pas, il faut pousser !

En revanche, quand on parle de la notion de "poussée", on se réfère à un mémoire rédigé par une sage-femme, Stéphanie Mantione (Enseignement et application des techniques de poussée volontaire). Cette sage-femme s'est penchée sur les différentes façons de pousser en salle d'accouchement en recueillant des témoignages de parturientes. Une phrase revient souvent : "on m'a dit de pousser comme si j'allais à la selle". Or, la sage-femme rappelle que "en salle de naissance, la comparaison avec la poussée défécatoire est souvent faite car elle est mieux comprise par les patientes, elle est plus puissante mais plus nocive pour le périnée".

Cela signifie que quand on pousse de la même façon qu'on le fait pour évacuer les selles, on pousse plus en force, comme quand on est constipé, alors que l'idéal serait d'accompagner la contraction en poussant sur l'expiration ce qui sollicite les muscles abdominaux profonds et relâche le périnée. Tout cela est très subtil et nécessite une bonne préparation. Quoi qu'il en soit, si la sage-femme dit de pousser, il faut pousser.

Les conduites à éviter

Même s'il ne faut pas être embarrassée, certaines parturientes prennent des précautions qui ne sont pas forcément conseillées comme le fait de ne pas manger à l'approche du jour J pour être sûre que le rectum soit bien vidé. Les sages-femmes rappellent que l'accouchement nécessite beaucoup d'énergie, cela fait brûler des calories. Et pour bien vivre ce marathon, mieux vaut être en forme. Le fait de ne pas manger peut être délétère car cela augmente le risque de malaise.

Concernant la question incontournable du laxatif, il ne faut surtout pas en abuser car cela peut provoquer des crampes intestinales et les femmes n'en ont pas besoin en plus des contractions. Le laxatif a tendance à donner des selles plus molles voire liquides, ce qui serait contre-productif… Si vous optez pour le suppositoire à la glycérine, ne vous loupez pas sur le timing. Pour qu'il fasse effet, il ne faut pas le rejeter pendant au moins une vingtaine de minutes. Garder un suppositoire dans l'anus quand on est soumise à des contractions douloureuses, cela peut relever de l'exploit sportif. La prise de laxatif a surtout un effet psychologique, cela permet de rassurer les patientes parce que dans les faits, il est très compliqué d'avoir un rectum vide au moment de l'accouchement.

Lors d'une coloscopie, les patients doivent adopter un régime sans résidus 48 heures avant l'examen et boire une atroce solution saline pour avoir un côlon propre… ce qui est difficile pour les patients. Avoir un côlon parfait pour l'accouchement est presque utopique. Quand il y a des selles à l'accouchement, elles sont généralement peu nombreuses et de forme aplatie à cause des pressions exercées. Et personne n'y prêtera attention.

Les mesures d'hygiène lors de l'accouchement

Si en plus du bébé, des selles sont évacuées, des mesures d'hygiène sont prises. Un nettoyage minutieux de toute la zone du périnée est effectué pour éviter qu'il ne soit souillé par la matière fécale. La présence d'excréments n'est pas nocive pour le bébé. Lors d'un accouchement par voie basse, il n'est pas nocif pour le bébé d'être en contact avec la flore intestinale et vaginale maternelle. Au contraire cela stimule le système immunitaire de l'enfant.

Mesdames, dites-vous que votre futur bébé devrait même vous être redevable en cas de petit incident… Plus tard, il ne se gênera pas pour vous rendre la pareille…

N'hésitez pas à envoyer vos questions gênantes par mail : melanie@allodocteurs.fr