Et si vous arrêtiez de dormir huit heures d'affilée ?

Nous avons l'habitude de dormir d’un seul tenant du soir au matin. Mais d’autres rythmes de sommeil, comme les sommeils biphasiques ou polyphasiques, sont possibles.

Alexis Llanos
Rédigé le
En moyenne, le temps passé à dormir représenterait un tiers de notre vie
En moyenne, le temps passé à dormir représenterait un tiers de notre vie  —  Shutterstock

Huit. C’est le nombre d’heures qu'il est recommandé de dédier chaque jour à son sommeil à l'âge adulte. Beaucoup de personnes n’arrivent cependant pas à atteindre cette durée. Leurs nuits sont plus courtes, ou entrecoupées de phases d’éveil.

Cette difficulté à dormir huit heures d'affilées n'est toutefois pas aussi problématique qu’il n’y paraît, nous rassure Caroline Rome, sophrologue à l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV). En effet, d’autres habitudes de sommeil peuvent être plus adaptées selon les rythmes de chacun. 

L'important est d'écouter son corps

“Si on dort l’équivalent d’un tiers de notre vie, ce n’est pas pour rien” rappelle Caroline Rome. “Quand on dort, il se passe beaucoup de choses. On élimine les toxines, physiques et cérébrales, on fait du nettoyage”. 

“Chacun a besoin d’entre six et huit heures de sommeil par jour” affirme-t-elle. “Mais comment ces heures sont réparties dans la journée, cela dépend de chacun”. En effet, si la majeure partie de la population opte pour des nuits continues, d’une seule traite du soir au matin, plusieurs rythmes différents sont possibles. “Et même si vous préférez dormir d’une traite, mais que vous êtes programmé comme « petit dormeur », huit heures c’est trop !” L’important, selon elle, c’est d’écouter son corps. 

Le sommeil polyphasique, une succession de siestes

Plusieurs espèces animales, comme les éléphants, dorment naturellement selon un rythme qualifié de “polyphasique”. Celui-ci se définit par un séquençage du sommeil en plusieurs périodes, comme une succession de siestes réparties dans la journée. Ce sommeil polyphasique offre la possibilité de dormir moins et de grappiller quelques heures d’éveil supplémentaire, tout en conservant une activité soutenue.

“Les navigateurs pratiquent souvent ce type de sommeil” précise la sophrologue. “Selon le temps ou les enjeux du voyage, ils ne peuvent parfois pas se permettre de faire une seule nuit”. Le sommeil polyphasique leur permet alors de se reposer tout en restant alertes la plupart du temps. Léonard de Vinci, Thomas Edison ou encore Napoléon Bonaparte auraient également employé cette méthode.

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Le sommeil biphasique, couper sa nuit en deux

Le sommeil biphasique, c’est-à-dire “dormir en deux blocs de sommeil”, serait plus efficace que le sommeil polyphasique, selon Caroline Rome. Ce rythme divisé en deux périodes offre une meilleure qualité de sommeil, tout en libérant du temps aux personnes qui le pratiquent. Le sommeil biphasique est notamment utilisé dans les hôpitaux, ou par les journalistes radio qui tiennent des matinales.

“D’ailleurs, le sommeil biphasique était la norme autrefois” ajoute-t-elle. En effet, avant la révolution industrielle - qui a imposé le rythme monophasique à cause des horaires de travail et de l’éclairage en continu - les gens dormaient en deux temps. Une première fois de 21h à 23h, période appelée “la veille”, puis une seconde fois, le “sommeil matinal”, d’une heure du matin jusqu’au lever du soleil. Entre ces deux périodes, “ils vaquaient à leurs occupations, nourrissant leurs bêtes ou effectuant leurs tâches ménagères”.  

Attention à la dette de sommeil

“Le sommeil, c’est comme un élastique”, met en garde Caroline Rome. “Quelqu’un de jeune peut tirer sur son sommeil et le rattraper plus tard sans trop de séquelles. Mais plus on est âgé, plus c’est compliqué”. Elle ajoute qu’en sommeil polyphasique, quoi qu’il arrive, une dette de sommeil apparaît. Ce rythme peut être utile à certaines périodes, mais n’est pas recommandé pour un usage régulier. Il peut en effet entraîner un manque de vigilance pendant l’éveil, ainsi que d’autres complications cérébrales.

“Il y a un marché du sommeil qui fait beaucoup de dégâts” déplore enfin la sophrologue. “Or, le sommeil est indissociable de la performance et de l’efficacité. On a tout intérêt à le ménager”. Elle ajoute que si chacun est unique et fonctionne différemment, il existe des règles de base que tout le monde doit respecter pour être en bonne santé.  

Les différentes phases du sommeil
Les différentes phases du sommeil  —  Le Mag de la Santé - France 5