Comment vaincre votre syndrome de l’imposteur ?

70% de la population souffrirait du syndrome de l’imposteur au moins une fois dans sa vie. Comment savoir si on souffre de cette peur de ne pas être à la hauteur et surtout, comment en sortir ?

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le
En dépit de ses compétences, la personne qui souffre du syndrome de l'imposteur est persuadée ne pas être à la hauteur.
En dépit de ses compétences, la personne qui souffre du syndrome de l'imposteur est persuadée ne pas être à la hauteur.  —  Shutterstock

Vous doutez de vous en permanence, malgré vos réussites ? Vous avez l’impression d’induire en erreur vos collaborateurs et vos amis et vivez dans la peur d’être démasqué ? Vous souffrez sans doute du syndrome de l’imposteur.

Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ?

Le syndrome de l'imposteur est une tendance psychologique, caractérisée par un sentiment d’illégitimité et de dépréciation de soi. La remise en question est courante.

Autre caractéristique : les personnes souffrant du syndrome de l’imposteur estiment que leur réussite s’explique par des facteurs externes. "J’ai eu de la chance", "c’est une erreur"… il y a toujours une raison autre que son talent !

Quels sont les symptômes du syndrome de l'imposteur ?

En plus du sentiment d'illégitimité et de la dépréciation de soi, les personnes concernées sont persuadées qu’on les surestime. De peur d’être démasquées, elles travaillent encore plus, quitte à s’épuiser. Ce qui est une porte ouverte vers le burn-out.

À l’inverse, d’autres finissent par se décourager, procrastinent ou s’enfoncent dans l’anxiété, voire la dépression. En 1985, une échelle a même été développée afin de faciliter le diagnostic : l’échelle de Clance.

Qui est touché ?

Selon plusieurs travaux scientifiques, comme cette étude réalisée parmi les étudiants d’Harvard, les femmes sont davantage concernées que les hommes par le syndrome de l'imposteur.
Mais les différentes études menées sur le sujet apportent des réponses contradictoires, certaines ne retrouvent pas de lien entre le syndrome de l’imposteur et le genre.

Ce qui est certain, c’est que certains facteurs favorisent l’émergence de ce sentiment d’illégitimité. Vivre de façon négative son identité de femme et se comparer davantage aux autres, notamment sur le plan social, semblent être deux facteurs plus fréquemment associés au syndrome, d’après une étude de 2020.

Autres facteurs associés : l'anxiété et la dépression. Et dans certaines catégories professionnelles, comme les médecins, un taux plus élevé, de suicide et de burn-out est observé.

Quelles sont les causes du syndrome de l'imposteur ?

Une faible estime de soi est un terreau prospère pour le syndrome de l’imposteur. Des attentes parentales concernant la réussite professionnelle et sociale le sont tout autant. De même, être élevé avec un frère ou une soeur talentueux peut aussi mettre à mal son estime de soi.

Ces facteurs favorisent un trait de caractère souvent associé au syndrome, le perfectionnisme. Enfin, le syndrome de l’imposteur est particulièrement élevé dans certaines catégories comme les professions médicales, soumises à un stress important et à une exigence de perfectionnisme.

Comment en sortir ?

Prendre conscience des côtés positifs du syndrome est intéressant : vous vous challengez en permanence et vous êtes plus investi dans votre travail. Vous ne vous reposez pas sur vos acquis, ce qui pourrait vous rendre moins compétent : c’est en sortant de leur zone de confort que les audacieux font de grandes choses !  

De même, réaliser que le syndrome de l’imposteur est un état de fait, dû à une conjonction de facteurs, donne un autre angle de vue, qui permet de relativiser. Identifier ces mécanismes permet de mieux les déjouer.   

Quelques conseils pratiques sont aussi d’une grande aide.

  • Entourez-vous de personnes qui vous soutiennent et vous encouragent 
  • Apprenez à accepter les compliments et surtout "intégrez-les" vraiment, sans vous dire intérieurement que ce n’est pas mérité. 
  • Arrêtez de vous comparer, une tendance qui est favorisée par les réseaux sociaux.
  • Ne vous laissez pas entraîner dans vos pensées négatives et privilégiez les positives. La psychologie positive et la méditation en pleine conscience sont de bonnes aides. 
  • Valorisez-vous et valorisez vos actions ! L’exercice de la gratification, qui consiste à recenser les actions et activités positives de la journée, permet de développer un état d’esprit plus lucide et positif sur vos compétences et qualités. 

Sources :

  • Sakulku. The impostor phenomenon. Journal of behavioral science. 2011 
  • Bravata. Prevalence, Predictors, and Treatment of Impostor Syndrome: a Systematic Review. J Gen Intern Med. 2020 
  • Gottlieb. Impostor syndrome among physicians and physicians in training: A scoping review. ASME. 2019 
  • Fassle. Impostors Dare to Compare: Associations Between the Impostor Phenomenon, Gender Typing, and Social Comparison Orientation in University Students. Front psychol. 2020 
  • Livre Love your impostor, be your best self, flaws and all. Rita Clifton. Edition paperback.
  • Holliday. High Prevalence of Imposterism Among Female Harvard Medical and Dental Student. J gen medicine med. 2029 
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