Cannabis : bientôt une "légalisation encadrée" en France ?

Le CESE a donné son feu vert à la fin de la prohibition du cannabis. Cette évolution permettrait de mieux protéger les jeunes de l'addiction à cette drogue, affirme le Pr Benyamina, psychiatre et addictologue.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Cannabis : vers une légalisation encadrée ?
Cannabis : vers une légalisation encadrée ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

Le cannabis sera-t-il bientôt légal en France ? Pour la première fois, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) s'est prononcé en faveur d’une légalisation encadrée du cannabis à usage "récréatif". Le conseil justifie cette position par "l’échec cuisant" de la politique de répression en France, pays de l'Union européenne qui compte en proportion le plus de consommateurs de stupéfiants.  

Un avis uniquement consultatif

Mais la légalisation n'est pas pour autant initiée. Le CESE est composé de personnalités issues de la société civile et son rôle est en effet purement consultatif. Le gouvernement n’est donc en rien obligé de suivre ces recommandations.

Concrètement, le CESE préconise, qu'en cas de légalisation du cannabis, des commerces légaux de cannabis puissent voir le jour en France, à condition que leurs gérants obtiennent une licence et qu'ils suivent une "formation obligatoire à la prévention et la réduction des risques" . Mais, il y aurait des gardes-fous : la vente serait notamment interdite aux mineurs et des messages de prévention devraient être diffusés sur les lieux de distribution.

"La prohibition ne protège pas la jeunesse"

À ce jour, la légalisation du cannabis divise les médecins. "La législation actuelle date de 1970" rappelle le Pr Amine Benyamina psychiatre et addictologue à l'Hôpital Paul-Brousse, à Villejuif près de Paris. Résultat, depuis cette date, "la France a vu sa consommation de cannabis augmenter notamment chez les jeunes et les personnes vulnérables, avec des dommages qui sont infiniment moins importants que ceux qu'on a pour des produits légaux comme l'alcool (42 000 morts par an) ou le tabac (78 000 morts)".

Pour ce professionnel, "ce n'est pas la prohibition qui protège la jeunesse". Il poursuit : "On est sur une politique de répression très importante, avec un arsenal juridique très fort et avec une augmentation cataclysmique de la consommation chez les jeunes."

Légaliser pour mieux protéger

Alors comment protéger les consommateurs ? Par la légalisation, justement, répond le professeur : "Quand on ne peut pas contrôler un trafic mondial, organisé et puissant, on adopte une politique de proximité et on protège les personnes qui sont le réceptacle de ce trafic. Voilà l'esprit dans lequel le CESE a rendu son rapport."

Mais ce que craignent certains médecins, c'est que la légalisation incite à consommer, avec un risque d'escalade. "C'est totalement faux", tranche le Pr Benyamina. "Nous voyons parfaitement que la politique de légalisation mise en place dans les autres pays a d'abord tari l'augmentation et a permis de protéger un certain nombre de jeunes. Elle a aussi mis un frein au 'mauvais' cannabis coupé, toxique ou fortement dosé."

"Je ne sais pas ce qu'il peut arriver. Je ne dis pas qu'il ne faut pas avoir un volet pénal et répressif, il le faut, car le cannabis a des effets sur la santé physique et mentale. Mais lorsque vous gérez un phénomène installé vous arrivez à mettre en place une vraie politique de prévention auprès des populations cibles, à savoir les jeunes" précise-t-il enfin.