L'Assemblée en faveur du sport sur ordonnance pour les affections de longue durée

Les médecins pourront prescrire aux patients souffrant d'affections longue durée (ALD), comme des cancers, des activités physiques adaptées et dispensées par des organismes labellisés, prévoit un amendement voté ce 10 avril, contre l'avis du gouvernement, à l'initiative de l'ex-ministre des Sports Valérie Fourneyron.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
L'Assemblée en faveur du sport sur ordonnance pour les affections de longue durée

Mme Fourneyron, députée de Seine-Maritime et médecin du sport à l'origine, a plaidé pour "franchir une étape", vu le retard de la France dans le développement des thérapeutiques non médicamenteuses, alors qu'elles ont montré leur efficacité en complément des traitements conventionnels pour les maladies graves. 

Dans le cadre du traitement du cancer du sein, ces activités "permettent de contrebalancer la toxicité du traitement principal et la fatigue, d’améliorer la résistance à la maladie et d’accroître de plus de 50% l’espérance de survie", selon l'exposé de son amendement, qui évoque entre autres les effets positifs constatés sur le cancer du colon ou de la prostate, le diabète ou les maladies cardiovasculaires.

Dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d’une maladie de longue durée, le médecin traitant pourra donc prescrire une activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical du patient. Une formation en ce sens sera dispensée lors des études médicales et paramédicales. Les organismes dispensant ces activités seront labellisés par l’Agence régionale de santé (ARS) et les services de l’État compétents. 

Non seulement "il n'y aura pas de consultation médicale de plus", mais la prise en charge se fera dans un réseau avec "des financements partagés", a assuré Mme Fourneyron, parlant de structures spécialisées et labellisées se développant dans le cadre des réseaux "Sport Santé Bien-être" (lancés du temps où elle était ministre).

Un "changement de culture"

Tout en disant comprendre et partager l'objectif, la ministre comme le rapporteur avaient expliqué leur opposition principalement à cause du principe d'une prescription, jugé "problématique", compte tenu notamment d'un coût pouvant être "relativement important". Mais des députés de tous bords, dont les UMP Jean-Pierre Door et Dominique Tian, ont appuyé la mesure.

"La prescription par le médecin est l'une des seules, voire l'unique façon de remobiliser des personnes atteintes d'affections longue durée sur cette question", a argué le socialiste Pascal Deguilhem, tandis que Michèle Delaunay, oncologue, a défendu "un changement radical de culture".

Pour Jacqueline Fraysse (Front de Gauche), la question financière n'est "pas appropriée", et le bénéfice pour ces patients devrait même "à terme faire faire des économies pour la Sécu".

La mesure, à laquelle la ministre de la Santé Marisol Touraine et le rapporteur Jean-Louis Touraine (PS) étaient défavorables, a été adoptée par 24 voix contre une, au dernier jour du débat en première lecture sur le projet de loi santé.