Produits au sésame contaminé : une faille dans les contrôles sanitaires ?

Plus de 1.000 produits contenant du sésame ont déjà fait l’objet de rappel à cause d’une contamination au pesticide. Des parlementaires appellent à durcir les contrôles à l’importation pour éviter de nouveaux scandales.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / YuliaEv76

Pain, biscuits, chocolat, huiles, farines, biscottes, purée, houmous... Depuis plusieurs mois, la liste des produits à base de sésame retirés des rayons n’en finit pas de s’allonger. En cause : une teneur trop élevée en oxyde d’éthylène, un pesticide classé cancérogène dans des lots de sésame importés d’Inde. Et dans l'Union européenne, son usage alimentaire est interdit depuis 1991.

Une "alerte qui doit servir de leçon", pour Laurent Duplomb, sénateur LR de la Haute-Loire et co-auteur d'un rapport sur le sujet. Face à l’ampleur inédite du phénomène – plus de 100 pays concernés dans le monde et 20 en Europe – il appelle à durcir les contrôles à l’importation.

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Des taux 3.700 fois trop élevés

Tout commence le 9 septembre 2020, quand un opérateur italien détecte des résidus d’oxyde d’éthylène dans des graines de sésame importées d'Inde. Il lance l’alerte et les contrôles qui suivent font état de teneurs "très largement supérieures" à la limite maximale de résidus.

Cette limite est en effet de 0,05mg/kg au niveau européen, et les analyses montrent des taux allant jusqu'à 186 mg/kg, soit 3.700 fois plus que le plafond autorisé, insiste Laurent Duplomb. Il assure toutefois qu'aucun cas d'intoxication n'a été relayé à ce jour.

Contrôles européens et nationaux

Ce que le sénateur demande aujourd’hui, c’est de durcir les contrôles européens, "avec peut-être la création d'une DGCRRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, ndlr) européenne" pour augmenter les contrôles aléatoires.

Autres propositions : renforcer les contrôles nationaux, en augmentant par exemple les moyens de la DGCCRF, ou encore privilégier les approvisionnements européens.

Car pour Laurent Duplomb, "ce n'est pas tout d'interdire (...) Plus on est voué à des importations, plus on se doit de contrôler si on veut continuer d'interdire aussi fortement certaines molécules ou certaines formes de production".

Des produits rappelés tous les jours

Depuis le lancement de l’alerte, la France contrôle tous les lots de graines de sésame qui viennent d’Inde. Et dès qu’une contamination est identifiée, "les lots ne circulent pas sur le marché", affirme le parlementaire.

Ce travail de traçabilité "prend un peu de temps", ce qui explique qu'"on a des retraits et rappels qui peuvent s'échelonner dans le temps, et on en a encore tous les jours", explique à l’AFP un porte-parole de la DGCCRF. Ainsi, à ce jour, plusieurs centaines de tonnes de graines de sésame importées et 1.040 références de produits grand public, conventionnels ou biologiques, contenant du sésame ont été rappelés ou retirés de la vente.

Une liste complète des produits concernés actualisée tous les jours, à mesure que les résultats des contrôles sanitaires sont publiés, est disponible sur le site internet de la DGCCRF.

D’autres rappels à venir ?

Mais le problème ne se limite pas aux graines de sésame. D’autres produits qui ne contiennent pas de sésame, comme des compléments alimentaires au psyllium, des farines sans gluten, des herbes et des épices ont depuis été testés positifs à l’oxyde d’éthylène. De nouvelles alertes seraient donc à craindre sur d’autres séries de produits, s’inquiète enfin Laurent Duplomb.