Pesticides : la famille d'un viticulteur décédé porte plainte

En 2012, un viticulteur bordelais décède des suites d'un cancer lié à l'exposition à un pesticide : l'arsénite de sodium, connu depuis des décennies pour sa toxicité. Aujourd'hui, sa famille décide de porter plainte contre X pour "homicide involontaire" et "délit de tromperie".

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
L'arsénite de sodium est un pesticide cancérigène utilisé pour traiter un champignon des vignes (Image d'illustration)
L'arsénite de sodium est un pesticide cancérigène utilisé pour traiter un champignon des vignes (Image d'illustration)

Pendant 42 ans, James-Bernard Murat, viticulteur, est exposé à de l'arsénite de sodium, un pesticide cancérogène. En décembre 2012, il décède d'un cancer dont le caractère professionnel lié à l'utilisation d'arsénite de sodium avait été reconnu en février 2011. Deux ans plus tard, sa famille dépose une plainte contre X pour  "homicide involontaire " devant le pôle de santé publique du Tribunal de Grande Instance de Paris.

Outre l'"homicide involontaire", la plainte mentionne "l'omission de porter secours, l'abstention délictueuse et le délit de tromperie ", a précisé à l’AFP l'avocat spécialisé François Lafforgue. La plainte "vise très clairement les firmes qui ont fabriqué le produit que mon père a acheté ainsi que les services de l’État ", a expliqué la fille du viticulteur, Valérie Murat.

De 1958 à 2000, le viticulteur répand de l'arsénite de sodium sur ses vignes, utilisé dans les traitements contre l'esca, une maladie de la vigne due à des champignons parasites. L'année d'après, en 2001, ce produit est interdit en France. Dérivé de l'arsenic, il peut provoquer des cancers hépatiques, pulmonaires ou encore cutanés. Ce pesticide reste dangereux, même en dépit de précautions d'utilisation.

Des dangers connus depuis des années

"Je ne veux pas que mon père soit mort pour rien. On a trompé les paysans, on s’est moqué d'eux, on en a fait de bons petits soldats de la chimie ", a précisé Valérie Murat.

Pour Me Lafforgue, la plainte doit notamment permettre de dégager "toutes les responsabilités " et de "faire le procès de l’utilisation de ces pesticides, notamment ceux à base d’arsenic qui ont été interdits au début des années 1970 pour l'agriculture et qui n'ont été interdits pour la viticulture qu'en 2001." En effet, dès les années 70, une étude suédoise mettait en avant les dangers de l'arsénite de sodium, pointant notamment du doigt les risques accrus de fausses couches.

Selon les associations Générations Futures et Phyto-Victimes, qui soutiennent la démarche de la famille de M. Murat, "la dangerosité de l'arsénite est reconnue depuis au moins 1955, date de création du tableau des maladies professionnelles des pathologies liées à l'arsenic et à ses composés minéraux." La plainte "aura pour objectif de mettre en exergue toutes les responsabilités" et d'"alerter les agriculteurs sur le lien entre les pathologies qu’ils peuvent déclarer et l’utilisation de pesticides ", soulignent les associations dans un communiqué.