Les riverains des champs exposés aux pesticides, selon Générations futures

On parle souvent de la pollution des villes. Mais habiter à la campagne n'est pas forcément meilleur pour la santé. D'après une enquête menée par l'association Générations futures, les personnes qui vivent à côté des champs sont exposées à un cocktail de pesticides. Parmi ces substances, on retrouve des perturbateurs endocriniens soupçonnés d'être à l'origine de dérèglements hormonaux. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec François Veillerette, porte-parole de Générations futures
Entretien avec François Veillerette, porte-parole de Générations futures

Mieux prendre en compte l'impact des pesticides sur la santé : c'est le cheval de bataille de l'ONG Générations futures. Pour sa nouvelle enquête, elle a fait analyser une vingtaine d'échantillons de poussières et rechercher 61 pesticides différents. Les maisons choisies étaient à une distance comprise entre 0 et 200 mètres des cultures (vignes, vergers, céréales). Résultat : en moyenne, près de vingt pesticides ont été retrouvés dans les poussières analysées de chaque maison, dont douze sont des perturbateurs endocriniens potentiels.

Les plus fortes concentrations de pesticides près des vergers et des vignes

Ce sont à coté des vignes et des vergers que la concentration en pesticides est la plus forte. Autre surprise : parmi les pesticides retrouvés, certains sont interdits dans l'agriculture en France depuis plusieurs années. Le diuron, par exemple, est banni depuis 2008. Pourtant, il a été détecté dans 90% des habitations.

Générations futures reconnaît que son "enquête n'a pas la valeur d'une étude scientifique". Le nombre d'échantillons est faible et il n'y a pas de comparatif avec des zones a priori moins exposées. Mais pour l’association, c'est un moyen de sensibiliser le grand public. Elle réclame par exemple l’interdiction des pulvérisations des pesticides de synthèse à proximité des zones habitées.

Selon François Veillerette, porte-parole de Générations futures, il y a "des actions de deux types à mettre en œuvre. D'abord, essayer d’installer la production bio en bordure de villages. On le fait bien pour les captages d’ea, afin de préserver la qualité de l’eau. Et puis il y a un vrai problème d’application des règlements européens sur les perturbateurs endocriniens."

L'Union européenne très en retard sur les dangers des perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens (présents dans des pesticides, des plastiques, des cosmétiques…) sont des substances soupçonnées d'interagir avec des protéines régulant les cellules de l'être humain, provoquant ainsi cancers, malformations congénitales et retards de développement chez les enfants. Faute d'une définition précise des perturbateurs endocriniens, que l'Union européenne était censée produire fin 2013 et qui a été repoussée à 2017, il n'existe pas de réglementation visant spécifiquement ces substances, alors que les preuves de leur dangerosité s'accumulent.

Pour François Veillerette, porte-parole de Générations futures, "en face, vous avez des pays comme l’Allemagne et l’Angleterre qui ont une très forte industrie chimique et qui ne veulent pas que ça bouge sur ce sujet. Ils ne veulent pas en fait que les règlements soient appliqués sur cette question des perturbateurs endocriniens. La France, elle, au niveau politique, a toujours eu une position extrêmement progressiste. Il faut donc que la ministre de l’Environnement aille à Bruxelles pour demander que les règlements soient appliqués comme il faut."

Le 16 décembre 2015, le Tribunal de l'Union européenne a même condamné la Commission pour manquements à ses obligations pour n'avoir pas arrêté à la date prévue une définion des perturbateurs endocriniens.