Nanomatériaux : huit ONG demandent des mesures d'urgence

France Nature Environnement, Agir pour l’environnement et six autres associations demandent au gouvernement d’interdire temporairement les nanoparticules de dioxyde de titane. Une substance présente dans un colorant et déjà classée cancérogène possible par l’OMS.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Les nanoparticules sont 50.000 plus petites qu'un cheveu, ce qui leur permet de traverser les barrières physiologiques.
Les nanoparticules sont 50.000 plus petites qu'un cheveu, ce qui leur permet de traverser les barrières physiologiques.

Huit ONG ont adressé lundi une lettre ouverte au gouvernement français demandant "la mise en place urgente de mesures de précaution" concernant les nanomatériaux, du fait des "risques pour la santé et pour l'environnement" qu'ils présentent. Ces organisations demandent "d'interdire temporairement les nanoparticules de dioxyde de titane présentes dans le colorant E171", un additif utilisé communément dans l'industrie agroalimentaire et cosmétique pour blanchir et opacifier des dentifrices, confiseries ou plats préparés.

Elles réclament cette interdiction "le temps de mettre sur pied une procédure plus générale d'autorisation de mise sur le marché" de ces particules présentes dans de nombreux produits de consommation courante. Les nanoparticules, qui relèvent de l'extrêmement petit (un milliardième de mètre, soit 50.000 fois plus petites qu'un cheveu), ont la capacité de franchir des barrières physiologiques (intestins, cerveau, reins...).

Appel à une "vraie traçabilité des nanomatériaux"

En avril, l'agence sanitaire Anses avait appelé à étudier les effets sur la santé de l'additif alimentaire E171 (dioxyde de titane), après une étude de l'Inra mettant en évidence son rôle dans l'apparition de lésions pré-cancéreuses chez le rat. Cette substance est déjà classée cancérogène possible pour l'homme par l'agence du cancer de l'OMS en cas d'exposition professionnelle par inhalation.

France Nature Environnement, Agir pour l'environnement et les six autres ONG appellent aussi à davantage de "contrôles" pour "veiller au respect de l'obligation européenne d'étiquetage" quand des nanoparticules sont présentes dans des produits alimentaires, biocides et cosmétiques. Elles souhaitent également que cette obligation d'étiquetage soit étendue "aux autres biens de consommation".

Elles appellent enfin à "assurer une vraie traçabilité des nanomatériaux et des produits qui en contiennent, en améliorant le registre français des nanomatériaux", qui impose depuis 2013 la déclaration obligatoire des "substances à l'état nanoparticulaire" fabriquées, importées ou mises sur le marché en France.

Les huit ONG publient cette lettre ouverte alors que le président Emmanuel Macron a annoncé jeudi le lancement d'un programme conjoint avec l'Allemagne sur les nanotechnologies, à l'occasion d'un conseil des ministres commun.

Avec AFP