À Montreuil, des riverains réclament la fermeture d'une usine supposée toxique

À Montreuil, en Seine-Saint-Denis, les habitants demandent la fermeture d'une usine de traitements chimiques de pièces aéronautiques qu'ils jugent toxique.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Mercredi 27 septembre, ils sont une centaine de manifestants à bloquer l'accès de l'usine SNEM. Le face-à-face est tendu avec les forces de l'ordre. Les policiers finissent par déloger les habitants venus réclamer la fermeture de "l'usine verte". Un surnom qui ne colle pas vraiment à l'activité de la SNEM (Société nouvelle d'eugénisation des métaux). Dans ce bâtiment, tous les jours, des produits chimiques sont manipulés. 

Nicolas Barrot fait partie des riverains inquiets. Sa maison est située à seulement quatre mètres de l'usine. "Là, on voit une petite trappe. Tous les quinze jours, toutes les semaines, un camion venait récupérer les produits usagés, dangereux, toxiques… Systématiquement, quand il faisait ça, ça laissait tomber sur le sol, sur la chaussée, sur le trottoir, de l'acide chromique, de la soude… Avec l'école qui est à 50 mètres, les enfants qui jouent… Mon fils de 2 ans pouvait très bien ramasser son ballon qui traîne dans l'acide chromique".

Un bâtiment en mauvais état

Depuis dix ans, il accumule les preuves pour demander la fermeture du bâtiment. Mais pour l'instant, la préfecture de Seine-Saint-Denis juge l'usine conforme à la réglementation. Pourtant, selon Nicolas Barrot, "tous les experts nous disent que vu l'état de l'usine qui est trouée de partout, au moindre coup de vent, le chrome VI se disperse partout. Il peut très bien aller jusqu'à l'école, parce que ce sont des poussières en fait".

Le chrome VI est utilisé dans l'aéronautique pour ses qualités anticorrosives. Cette substance est contenue dans le trioxyde de chrome classé cancérogène. Depuis le 21 septembre 2017, la réglementation européenne interdit formellement son usage. Pourtant, l'usine SNEM qui est un sous-traitant d'Airbus continue de s'en servir. L'avionneur a en effet obtenu une dérogation.

Des cas de leucémie liés à l'usine ?

Pascal Sabas et son fils Adam vivent depuis des années à coté de l'usine. Pour eux, la pollution ne fait pas de doute. Pascal explique : "Ca sentait mauvais dans la rue. On dirait de l'acide de batterie. Ça pique le nez et la gorge. Ça vous irrite". Il y a quinze ans, Adam apprend qu'il a une leucémie. Il restera hospitalisé 18 mois. "Pour vivre ici, j'ai été obligé de refaire ma chambre en isolement d'hôpital parce que je ne pouvais pas respirer. J'ai eu de gros traitements, des ponctions lombaires, de la chimiothérapie. Je marchais avec un masque dans la rue".

À ce jour, aucun élément ne permet d'établir un lien entre l'activité de la SNEM et la leucémie d'Adam. Mais, les riverains restent inquiets car Adam n'est pas un cas isolé. Nicolas Barrot explique : "Quand on sait qu'il y a une usine à 50 mètres et qu'on est au troisième cas de leucémie sur une portion de 100 mètres dans une rue, tous les parents se sont mobilisés. C'est pour ça qu'on a autant de monde ce matin à la manifestation. Même les instituteurs sont venus. On ne sait pas si on est exposé ou pas". Les riverains réclament la fermeture de l'usine au nom du principe de précaution.