Cambodge : une forme grave du syndrome pieds-mains-bouche tue les enfants
L'agent pathogène responsable de la mort d'une soixantaine d'enfants au Cambodge depuis avril 2012 aurait été identifié. D'après l'OMS, il s'agirait d'un entérovirus provoquant une forme grave de la maladie pieds-mains-bouche, un syndrome courant chez les enfants.
"Selon nos résultats d'analyse, un pourcentage important de nos échantillons sont positifs à l'entérovirus EV 71", ont annoncé l'OMS et le ministère de la Santé cambodgien dans un communiqué conjoint. Le virus qui a tué les enfants, suite à de fortes fièvres, associées à des symptômes respiratoires et neurologiques, appartiendrait donc à la famille, bien connue des pédiatres, des entérovirus.
Cependant, le Dr. Nima Asgari, spécialiste de santé publique pour l'agence de l'ONU à Phnom Penh, a indiqué que cette forme d'entérovirus n'avait jamais été identifiée au Cambodge auparavant. Il a précisé que de nouveaux tests seraient réalisés pour savoir si les victimes avaient été contaminées par d'autres virus. Le lien avec l'entérovirus est néanmoins "significatif", a-t-il estimé, ce qui "démystifie énormément la situation".
Le pédiatre Beat Richner, fondateur des hôpitaux charitables Kantha Bopha qui ont reçu les majorités des cas, a déclaré que 15 échantillons sur 24 analysés avaient été positifs à la forme mortelle de la maladie. "Nous avons encore à déterminer la cause des symptômes respiratoires et s'ils sont liés à un facteur toxique", a-t-il précisé.
Les maladies des entérovirus, des maladies qui "bougent"
"Il existe une centaine de virus appartenant à la famille des entérovirus, qui peuvent générer des symptômes extrêmement variés. Très souvent des symptômes peu spécifiques, comme des fièvres prolongées, ou des méningites virales", explique le Dr Robert Cohen, pédiatre-infectiologue à l'hôpital intercommunal de Créteil. "Parmi ces entérovirus, plusieurs peuvent provoquer des syndromes pied-main-bouche, beaucoup plus caractéristiques de cette famille de virus".
En France, ces syndromes existent sous des formes bénignes, et se manifestent par l'apparition de boutons vésiculeux à divers endroits du corps, mais toujours au niveau des pieds, des mains et de la bouche. "Chez nous, le syndrome est connu depuis des centaines d'années. Mais il semble évident que nous assistons depuis le début des années 2000 à une mutation génétique de certaines souches d'entérovirus, qui peuvent donner des tableaux cliniques très sévères. C'est actuellement, une maladie qui bouge."
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