Plantes et compléments alimentaires : à consommer avec modération

Contrairement à une idée largement répandue, les compléments alimentaires et autres produits naturels ne sont pas sans risques lorsqu’ils sont pris de façon régulière et prolongée. Ils peuvent, notamment, devenir toxiques pour les reins.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Plantes et compléments alimentaires : à consommer avec modération

En cette période glaciale, la tentation peut être grande de faire le plein de vitamine C et autres compléments alimentaires pour faire face et éviter coups de mou et petits microbes qui gâchent le quotidien. Pour autant, même si quelques gélules ou comprimés peuvent avoir un effet bénéfique sur l’organisme, l’abus de compléments alimentaires et de produits à base de plantes peut être nocif, en particulier pour le rein.

A petite dose

"Faire un cure courte avec un complément alimentaire ne pose pas de problème lorsque l’on a un rein qui fonctionne bien", souligne le Dr Isabelle Tostivint, néphrologue à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, chargée de communication scientifique La Fondation du rein. "Mais la prise régulière, sur le long court, d’un ou plusieurs compléments peut avoir des effets néfastes sur la fonction rénale", ajoute-t-elle. Une règle également valable pour les produits dits de médecine douce (tisanes, huiles essentielles, extrait de pamplemousse, etc.) et ceux de phytothérapie.

Ces substances, considérées à tort comme non nocives car naturelles et en accès libre, peuvent avoir une toxicité directe sur le rein (risque majeur de cancer, comme pour les herbes chinoises du type Aristolochia) ou indirecte (néphrotoxicité sans cancer). "Tous ces composants peuvent provoquer une réaction inflammatoire au niveau du rein et entraîner une défaillance rénale aiguë", complète la néphrologue. Ils peuvent également provoquer des calculs rénaux, comme c’est le cas pour la vitamine C (à partir de 500mg/j pris de façon régulière), la vitamine D et les compléments hyper protéinés. "Même les fameux oméga 3 et oméga 6 peuvent être nocifs à forte dose", ajoute la médecin. Tout comme les antioxydants ou les cranberries (utilisées notamment pour lutter contre les infections urinaires à répétition).

"Bien sûr, les plantes ne sont pas toxiques pour tout le monde, mais il est impossible de déterminer, par avance, si une prise prolongée va avoir ou non un impact sur le rein", fait remarquer le Dr Tostivint.

Quant à la consommation de compléments hyperprotéinés, dans le cadre d’un régime ou pour les sportifs qui souhaitent augmenter leur performances sportives, elle peut provoquer des calculs rénaux ou aggraver une pathologie rénale préexistante. Tout comme l’abus de créatine chez ces mêmes sportifs.

Prise de médicaments, pathologie rénale : attention !

Par ailleurs, chez les personnes sous traitement médicamenteux, ces différentes substances peuvent interagir avec les médicaments et modifier leurs effets et/ou leur efficacité (tisanes au millepertuis, extrait de pamplemousse, par exemple).

Enfin, "les risques liés à la prise des compléments et produits naturels sont majorés lorsque l’on a un rein malade", précise le Dr Tostivint. "Dans ce cas, tous les compléments nutritionnels issus de la phytothérapie sont à proscrire", ajoute-t-elle. Tout comme le sont ceux à base de magnésium, de potassium, de zinc et de sélénium, ou encore les comprimés type lithos ou lithosolv, utilisés pour alcaliniser les urines.

Mais encore faut-il que la pathologie rénale ait été diagnostiquée : " les maladies rénales sont des pathologies extrêmement silencieuses lors de leur développement", souligne le Dr Tostivint. "Elles peuvent se déclarer et progresser sans que l’on ne s’en rende compte", ajoute-t-elle.

En parler à son médecin

Pour la spécialiste, "il est essentiel d’informer son médecin de toute prise régulière et prolongée de compléments alimentaires ou de produits naturels, que l’on ait une pathologie rénale identifiée ou non". Et pour s’assurer que le rein fonctionne correctement "un simple dosage de la créatinine suffit ", ajoute la médecin.

Et le Dr Tostivint de conclure : "tout ce qui est doux ne l’est pas forcément quand c’est pris régulièrement". "Les compléments alimentaires et les produits naturels peuvent apporter un bénéfice, à condition, toutefois, de faire attention", ajoute-t-elle.

En conclusion, pour préserver sa santé, pas de risque à faire des cures courtes et espacées de compléments et produits naturels… sans oublier, bien sûr, de manger équilibré, d’avoir une activité physique régulière et de bien dormir!

Du 3 au 10 mars prochains se tiendra la Semaine nationale du rein sur le thème "Le rein et la santé de la femme". A cette occasion, un dépistage gratuit des maladies rénales sera proposé, un peu partout en France. Pour plus d’informations : www.semainedurein.fr