Un foie virtuel pour faciliter les interventions chirurgicales

Depuis le mythe de Prométhée, on sait de cet organe qu’il se renouvelle. Et pourtant, en cas de cancer, le foie ne peut pas être opéré n’importe comment. Des scientifiques viennent de mettre au point un "foie virtuel". Il aidera les chirurgiens à planifier et réaliser leurs opérations, en leur montrant avec précision la taille et la localisation des tumeurs.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

- Reportage diffusé dans "Le magazine de la santé", le 21 février 2012 -

Nous avons interrogé le Pr. Olivier Farges, chirurgien hépato-biliaire à l'hôpital Beaujon (AP-HP) :

  •  Le foie virtuel, qu'est-ce que c'est exactement ?

Pr. Olivier Farges : "Il s'agit d'une imagerie médicale en 3 D reconstruite à partir de coupes de scanner. Cela permet de reconstruire un organeen volume tridimensionnel et de calculer le volume de foie qu’on laisse après une hépatectomie. Après cette opération, il faut laisser un minimum de foie pour éviter une insuffisance hépatique, qui est la principale complication et la principale cause de décès après une hépatectomie majeure. Avant les chirurgiens évaluaient le volume restant de façon intuitive. Dorénavant, ils auront un outil fiable."

  •  De quelle façon cela va aider les chirurgiens au cours de l'intervention ?

Pr. Olivier Farges : "Le foie virtuel offre trois principaux avantages. Il offre une cartographie très précise de la zone à opérer, il permet d'anticiper le geste du chirurgien, il permet aussi de guider le chirurgien pendant l’opération."

  •  Quelles perspectives ce "foie virtuel" ouvre-t-il pour l'avenir ?

Pr. Olivier Farges : "Cela ouvre surtout des perspectives pour la chirurgie par coelioscopie. On peut imaginer qu'un jour, le chirurgien opèrera ses patients avec un système qui lui permettra de visualiser au fur et à mesure l'endroit où il se trouve. Que grâce à ce foie, il aura en direct des informations pour lui dire, par exemple, qu'il se trouve à telle distance de la tumeur ou d'un vaisseau. Cela peut aussi permettre d'anticiper la future intervention. On pourrait même imaginer un simulateur d'intervention, sur le modèle des simulateurs de vols pour les pilotes, par exemple. Enfin, cela permettrait d'opérer un patient pour de faux avant l’opération réelle, pour mieux se rendre compte des difficultés."

Chaque année 7 000 personnes en France subissent une hépatectomie. Le projet, baptisé PASSPORT (Patient Specific Simulation and Pre-operative Realistic Training), est le fruit d'une coopération entre la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Suisse. Il a été coordonné par l'Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif (IRCAD), basé à Strasbourg. 

En savoir plus :