Subutex® : drogue ou médicament ?

Huit ressortissants français sont actuellement écroués à l'Ile Maurice, ils ont été arrêtés en possession d'une grande quantité de comprimés de Subutex®. Introduit illégalement vers 1999, le Subutex® fait l'objet d'un trafic très repandu à l'Île Maurice. Son usage détourné est à l'origine de plusieurs décès par overdose. Considéré là-bas comme une drogue, ce médicament est prescrit en France pour traiter la dépendance aux opiacés.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Subutex® : drogue ou médicament ?

Le Subutex®, ou buprénorphine haut dosage, a des effets psycho-actifs importants comme tous les opiacés, et il peut faire l'objet d'un abus et d'un usage détourné, rejoignant alors le groupe des drogues. En France, il est autorisé par la loi et commercialisé depuis 1996 sous la forme de comprimés, comme traitement de substitution à l'héroïne. Il est soumis à une prescription médicale, mais fait l'objet d'une surveillance similaire à celle appliquée pour les substances stupéfiantes, le nom du pharmacien qui le délivre doit obligatoirement être inscrit sur les ordonnances et un protocole de soins doit être mis en place en cas de non respect de la prescription.

Selon l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm), 130 000 personnes ont bénéficié d'un traitement de substitution aux opiacés, dont 80 % à base de buprénorphine haut dosage en 2009. Cete substance possède l'avantage d'avoir un délai d'action plus lent qui permet de diminuer les doses très progressivement jusqu'à l'arrêt du traitement.

Il n'est pas classé comme stupéfiant en tant que tel mais mais la molécule, qui remplace la consommation d'héroïne, entraîne une dépendance psychique et physique forte. C'est pourquoi elle est soumise à une surveillance stricte dans le cadre d'un sevrage.

En France aussi le trafic est étendu, grace à des ordonnances de complaisance, les comprimés sont revendus sur le marché noir et souvent leur mode d'administration est détourné. Le Subutex® est alors injecté en intraveineuse ou en intramusculaire, sniffé ou encore fumé. Selon Drogues Info Service, le mode d'administration ne change pas les effets du produit, mais ainsi consommé, il risque d'être associé à d'autres substances et le cocktail pourrait causer des dommages irreversibles. De plus, hors d'une prescription et d'un suivi médical, cette substance peut être à l'origine de problèmes hépatiques, cardiaques ou encore respiratoires.

Pour lutter contre le trafic encore très présent de la buprénorphine, l'Ansm a mis en place depuis 2006 un plan de gestion des risques liés à cette molécule et ses génériques comprenant notamment un plan de surveillance renforcée d'addictovigilance et de pharmacovigilance.

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