Psoriasis : une réaction auto-immune de la peau

Des démangeaisons douloureuses, des plaques rouges et des plaies... Le psoriasis est une maladie de peau, non contagieuse, qui altère considérablement la qualité de vie des malades. Elle concernerait 2% de la population française et 60.000 nouveaux cas sont déclarés chaque année.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Qu'est-ce que le psoriasis ?

Fabien Doguet et Marina Carrère d'Encausse vous expliquent ce qu'est le psoriasis
Fabien Doguet et Marina Carrère d'Encausse vous expliquent ce qu'est le psoriasis

En France, entre 1,5 et 3 millions de personnes souffrent de psoriasis. Plaques rouges épaisses qui desquament sur les coudes ou les genoux, irritations dans le cuir chevelu, gerçures au niveau des ongles... Ces symptômes inflammatoires provoquent d'importantes démangeaisons et parfois des douleurs. Ils ont aussi une forte résonance sur la vie sociale. Lorsque le psoriasis est visible, il peut embarrasser les patients concernés. Ils ont souvent honte de ces plaques et se sentent complexés.

La peau est composée de trois couches : l'épiderme, le derme et l'hypoderme. C’est à partir de l'épiderme que les cellules de la peau se renouvellent. Elles produisent la kératine : une protéine que l'on retrouve aussi dans les ongles et les cheveux. Au fur et à mesure de leur prolifération, les kératinocytes sont repoussés vers la surface, perdent leur noyau et s'aplatissent. Au bout d'un certain temps, ces cellules desquament et laissent place aux nouvelles cellules.

En cas de psoriasis, l'épiderme se renouvelle de façon excessive. On parle d'hyperkératose. Il s'agit d'un épaississement de la couche cornée. On constate aussi un problème de différenciation des cellules, elles ne perdent pas leurs noyaux. Problème, les nouvelles cellules créées sont poussées vers la surface à un rythme beaucoup trop rapide ce qui ne permet pas d'éliminer les cellules mortes. Le rythme passe de quatre à six jours au lieu de trois semaines.

Les cellules s'accumulent à la surface de la peau et forment une couche de pellicules blanches appelées squames. La peau présente aussi des rougeurs, signe qu'il y a un afflux sanguin dans cette zone et une inflammation localisée. Le système de défense au niveau de la peau réagit comme s'il devait combattre un intrus, il se retourne contre l'organisme. Il y a deux pics de survenue : entre 10 et 20 ans pour le psoriasis familial et autour de la cinquantaine (source : France psoriasis). Dans certains cas, le psoriasis s'accompagne de complications rhumatismales.

Traiter le psoriasis

Aujourd'hui, on ne guérit toujours pas du psoriasis. Les médecins disposent de traitements symptomatiques aux résultats transitoires, mais pas encore de médicaments définitivement curatifs.

En première intention, on prescrit des pommades à base de cortisone ou des analogues de la vitamine D comme le calcipotriol. L'utilisation d'émolients est fondamental pour hydrater en profondeur la peau. Mais en cas d'échec de ce traitement et quand le psoriasis est plus étendu (plus de 30% de la surface du corps) , on recommande la photothérapie c'est-à-dire l'exposition à des ultraviolets. Ces séances se font sous contrôle dermatologique. Ce traitement reproduit les bienfaits du soleil, qui très souvent calme le psoriasis. La photothérapie locale peut être utilisée pour les psoriasis localisées aux mains ou aux pieds;

Les photothérapies comprennent  la PUVA thérapie ou les UVB. Elles sont réalisées chez un dermatologue, avec un médicament photosensibilisant dans le cas des UVA pour augmenter leur efficacité, comme le méthoxsalène, ou conjointement avec un traitement local. La puvathérapie est réservée aux patients dont le psoriasis n'est pas soulagé par les traitements habituels. Elle comporte habituellement 3 ou 4 séances par semaine et l'efficacité est très bonne, obtenue le plus souvent après 20 séances. La photothérapie UVB est réalisée chez des patients dont le psoriasis est peu sévère, sans association avec un photosensibilisant.

Enfin, dans certaines formes sévères pour lesquelles les traitements cités n'ont plus ou pas d'effet, ou en cas de fort retentissement sur la qualité de vie, les médecins disposent aujourd'hui d'un arsenal médicamenteux efficace, mais contraignant, et parfois mal supporté par les malades. Il s'agit des immunosupresseurs comme le méthotrexate ou des biothérapies (voir paragraphe suivant).

A lire aussi : Psoriasis, quelle recherche, quels traitements ?

Les biothérapies contre le psoriasis résistant

Depuis 2004, les biothérapies ont montré des résultats spectaculaires sur des psoriasis résistants et des rhumatismes psoriasiques.

Quand un patient a un psoriasis résistant et qu'il a essayé tous les autres traitements (les crèmes, la puvathérapie), en deuxième intention, on peut lui proposer des anti TNF alpha. Ce sont des produits utilisés pour ralentir les inflammations et réduire les manifestations cutanées du psoriasis. Ces immunosuppresseurs sont une biothérapie. Les médicaments utilisés à l'heure actuelle sont des anti-TNF alpha. L' infliximab (Remicade) est administré sous forme de perfusion, à l'hôpital, tandis que l'étanarcept (Enbrel®), l'ustekinumab (Stelara®) et l'adalimumab (Humira®)  se prennent en injection sous-cutanée. Seul l'étanarcept est susceptible d'être utilisé chez l'enfant, ou l'ustekinumab. Le certolizumab est lui indiqué quand un traitement par voie générale (donc en perfusion ou injection) est nécessaire.

D'autres molécules efficaces

La recherche a avancé et a vu émerger d'autres molécules, de la famille des inhibiteurs des interleukines (des molécules produites par le corps qui jouent un rôle dans l'inflammation). Elles ont l'autorisation de mise sur le marché chez l'adulte dans le traitement du psoriasis en plaques modéré à sévère. Il s'agit du brodalumab, de l'ixékizumab, du sécukinumab, de l'ustékinumab et du guselkumab. Mais ils sont prescrits en seconde intention, en cas d'échec des traitements classiques.

Ces traitements ont peu d'effets secondaires. Mais ces produits demandent tout de même un suivi régulier car ils augmentent le risque d'infection. Et en cas d'infection ou de grippe, le patient doit arrêter son traitement. Le problème aujourd'hui, c'est que l'arrêt d'un traitement, produit généralement une crise après six semaines.

Des conséquences sociales et psychologiques

Le psoriasis est une maladie qui entraîne une altération de la qualité de vie, aussi importante que des maladies qui pourraient paraître beaucoup plus graves comme l'infarctus du myocarde, ou certains cancers. Le regard des autres envers les lésions visibles du psoriasis est extrêmement négatif parce qu'en général on pense que les lésions sont contagieuses, alors qu'en réalité elles ne le sont pas.

Dans de nombreux cas, lorsque les lésions sont très visibles, l'activité professionnelle ou certains loisirs comme le sport, peuvent devenir difficiles à vivre. Pour toutes ces raisons, les patients atteints de psoriasis se mettent souvent en retrait et à terme s'isolent.

Quand le psoriasis s'attaque aux articulations

Dans 5 à 7% des cas de psoriasis, les articulations peuvent être touchées. C'est ce qu'on appelle le rhumatisme psoriasique. Le psoriasis attaque à la fois la peau, les articulations, le cartilage et le liquide articulaire...

Psoriasis : ne pas rester seul face à la maladie

Des groupes de parole pour échanger sur le psoriasis
Des groupes de parole pour échanger sur le psoriasis

Honte du regard des autres, image dégradée de son corps, gêne dans les relations sociales et intimes... Le psoriasis impacte lourdement la vie sociale. Alors pour que les malades puissent en parler et se soutenir, l'Association France Psoriasis organise des groupes de parole.

Le partage des différentes expériences permet à chacun d'avancer et de ne pas perdre pied dans le long combat contre le psoriasis. Une maladie qui use psychologiquement et peut constituer un véritable handicap dans la vie professionnelle.

Être entouré, pouvoir se confier à des personnes compréhensives et bienveillantes… Pour les patients, ces groupes de parole sont un vrai confort car le regard des autres est souvent difficile à affronter. "Le but des groupes de parole est de rompre l'isolement dans lequel les patients sont. C'est aussi pouvoir parler de sa maladie avec des personnes qui utilisent le même vocabulaire et qui ont le même vécu. Le plus important, c'est le soutien et l'entraide", explique Roberte Aubert, présidente de l'association France Psoriasis.

Une permanence téléphonique a également été mise en place pour permettre aux malades d'être écoutés, informés et conseillés pour mieux vivre avec le psoriasis.

En savoir plus

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