Paludisme : un vaccin expérimental très prometteur ?

Alors que les recherches pour trouver un vaccin contre le paludisme restent vaines, des chercheurs américains ont annoncé, jeudi 8 août 2013, avoir obtenu des résultats très prometteurs et sans précédent d'un nouveau vaccin en cours d'évaluation clinique. Cette maladie parasitaire, appelée aussi malaria, tue chaque année 600.000 personnes dans le monde, plus particulièrement les enfants d'Afrique subsaharienne.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Paludisme : un vaccin expérimental très prometteur ?

Ce vaccin ouvrirait-il la voie à l'éradication du paludisme dans le monde ? C'est en tout cas ce que des chercheurs américains osent espérer. Les résultats les confortent dans cette direction.

Ce vaccin a été fabriqué à partir de parasites affaiblis, responsables du paludisme, et transmis par la femelle du moustique Anophèle. Il a permis d'obtenir jusqu'à 100% de protection chez six des neuf adultes ayant reçu la plus forte dose. Les chercheurs ont recruté 40 personnes de 20 à 44 ans pour faire cet essai de phase 1.

"Bien que nous soyons encore aux premiers stades du développement, nous pensons que ce vaccin permettra d'éliminer le paludisme", estime Stephen Hoffman, PDG de Sanaria, le laboratoire qui a développé le vaccin*. Une maladie qui se manifeste par une forte fière, des maux de tête et des vomissements, dont les symptômes apparaissent 10 à 15 jours après la piqûre de moustique. "Les scientifiques s'efforcent de produire un vaccin antipaludéen depuis 30 ans et maintenant ces résultats montrent que nous avons un vaccin sûr, injectable et qui peut sauver des millions de vies", souligne-t-il.

Un vaccin qui devra franchir de nombreux obstacles

L'optimisme des chercheurs se verra freiner par de nombreuses difficultés. D'abord le nombre de personnes sur lequel se porte l'essai est trop faible. Le Dr Anthony Fauci, directeur du NIAD, reconnaît que : "Le taux de protection est impressionnant mais le nombre de sujets est relativement faible". Selon lui, le vaccin doit encore faire ses preuves. "On doit aussi encore démontrer que cette immunisation est durable et qu'elle est efficace contre les multiples variantes du plasmodium", le parasite responsable du paludisme, ajoute-t-il.

Pour cela, l'équipe des chercheurs va bientôt entreprendre plusieurs petits essais cliniques en Afrique, en Allemagne et aux Etats-Unis. Ils testeront également différentes fréquences de vaccination avec l'objectif d'obtenir une protection de 100% avec moins de cinq doses du vaccin.

Puis, le Dr Fauci note en outre que la production à grande échelle pourrait être coûteuse et problématique. Sanaria devra accélérer le processus d'extraction des parasites des glandes salivaires des moustiques qui aujourd'hui mobilisent déjà 12 à 15 techniciens capables de disséquer environ 15 de ces insectes par heure. Sanaria travaille déjà avec l'école d'ingénierie de l'Université Harvard pour automatiser ce processus.

L'autre difficulté qui se présente est le mode de conservation. Le vaccin doit être préservé dans de l'azote liquide ce qui risque de poser problème dans les pays en développement. L'injection à des nourrissons dont les veines ne sont pas facilement visibles risque de compliquer une campagne de vaccination à grande échelle, selon des chercheurs.

Le difficile chemin pour trouver un vaccin efficace à 100 %

Le vaccin antipaludéen le plus avancé aujourd'hui appelé "RTS,S" a été développé par l'ONG PATH, le laboratoire pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline et la fondation Gates. Il a fait l'objet d'un essai clinique de phase 3, dont les résultats ont été publiés en 2012, dernière étape avant un potentiel feu vert pour la commercialisation. Mais ce vaccin n'a permis de protéger que 31% des nourrissons et 56% des enfants un peu plus âgés.

Les chercheurs du monde entier travaillent à l'élaboration d'un vaccin contre le paludisme depuis les années 1960. La difficulté de mise au point est liée à la complexité du parasite, Plasmodium, reponsable de la maladie. Celui-ci possède 5.800 antigènes, soit 500 fois plus qu'un virus. De plus, tout au long de sa vie, en passant d'un organe à un autre, en se cachant dans les globules rouges, celui-ci déjoue le système immunitaire pour infecter son hôte. La grande capacité de mutation du Plasmodium alimente aussi sa faculté de résistance aux traitements.

Bien que la recherche se mobilise pour lutter contre le paludisme, la route semble donc encore longue pour éliminer cette maladie, qui tue un enfant chaque minute en Afrique, selon les chiffres de l'OMS.

*dont les recherches sont financées par l'Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAD), le Naval Medical Center et d'autres organismes aux Etats-Unis, en Europe et en Afrique.

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