Louis XIV et Marie-Thérèse : une union consanguine à haut risque

Louis XIV et son épouse étaient très étroitement apparentés. Cinq de leurs six enfants sont morts en bas âge. Des chercheurs ont calculé le coefficient de consanguinité du couple royal grâce à un tout nouveau logiciel, permettant à n'importe quelle famille de calculer ce coefficient et d'avoir une idée des risques pour la santé de leurs descendants.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Louis XIV et Marie-Thérèse : une union consanguine à haut risque

Les généticiens se sont penchés sur l'arbre généalogique des familles royales. Si le mariage de Louis XIV et de l'infante d'Espagne Marie-Thérèse d'Autriche permit de sceller le rapprochement de la dynastie des Bourbons avec celle des Habsbourg, cette union représente surtout un cas d'école en matière de consanguinité pour les généticiens.

Une étude pilotée par Hervé Delacour, de l'Hôpital d'instruction des armées Bégin (Saint-Mandé), publiée en ligne dans la revue Immuno-analyse & Biologie spécialisée, revient sur le coefficient de consanguinité élevée des jeunes époux, "traduisant une union entre petits cousins ou apparentés plus proches".

Louis XIV et son épouse étaient non seulement doubles cousins germains - puisque le père de Louis était le frère de la mère de Marie-Thérèse et sa mère était la sœur du père de sa jeune épouse - ; de surcroît vingt et un de leurs ascendants possédaient aussi un coefficient de consanguinité élevé.

La consanguinité, monnaie courante à l'époque

La consanguinité est un mot qui désigne la parenté, par le sang, de personnes ayant un ancêtre commun. Il existe différents degrés de consanguinité. Jusqu'au 12e siècle, le mariage avait pour but, de conserver le patrimoine au sein de la famille et d'empêcher les étrangers de rentrer dans le clan. Les unions consanguines étaient donc monnaie courante.

L'équipe d'Hervé Delacour a eu recours, pour ses recherches sur les Bourbons et les Habsbourg, a un dispositif nouveau permettant de calculer le coefficient de consanguinité grâce à un logiciel baptisé "FSpeed".

Risque accru de mortalité infantile

Le Roi-Soleil et son épouse étaient très étroitement apparentés. Des six enfants qui naquirent de l'union des deux époux, trois périrent dans leur première année. Un seul des enfants du couple royal atteignit l'âge adulte : Louis de France, surnommé "le Grand Dauphin", mort à 49 ans. Ce dernier possédait un coefficient de consanguinité F de 0,173. Or les personnes ayant un coefficient supérieur ou égal à 0,0625 (enfants issus d'un mariage entre cousins germains ou apparentés plus proches) présentent un risque accru de mortalité infantile de 3,5 % par rapport à celles issues d'une union entre non apparentés.

"S'il est impossible de l'établir avec certitude, la consanguinité de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche a pu jouer un rôle non négligeable dans la mortalité infantile de leurs enfants en favorisant la survenue de maladies génétiques", concluent les auteurs.

Pour preuve, le taux de mortalité des enfants issus du lit conjugal est supérieur à celui des onze enfants que Louis eut avec ses deux maîtresses, la duchesse de La Vallière et la marquise de Montespan.

Source : "Louis XIV et Marie-Thérèse d’Autriche : un couple à travers le prisme de la génétique", H. Delacour, F. Ceppa, P. Burnat, Immuno-analyse & Biologie spécialisée, Doi : 10.1016/j.immbio.2012.04.007.

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