Les Urgences des hôpitaux strasbourgeois sous le feu des critiques

Le parquet a requis le renvoi en correctionnelle pour "homicide involontaire" d'un chirurgien d'un hôpital universitaire de Strasbourg (HUS), dans le cadre de l'enquête sur le décès du cycliste Maxime Walter, a-t-on appris samedi 12 avril 2014. Les Urgences des hôpitaux strasbourgeois sont depuis plusieurs mois sous le feu des critiques, de nombreuses familles dénonçant de graves dysfonctionnements dans la prise en charge des patients.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Les Urgences des hôpitaux strasbourgeois sous le feu des critiques

Dimanche 23 septembre 2008, Maxime Walter, 16 ans, chute de son vélo, et se "fracture" la rate. Le chirurgien d'astreinte, absent de l'hôpital Strasbourg-Hautepierre, donne par téléphone l'instruction de ne pas pratiquer d'ablation de l'organe. Malgré la dégradation de l'état de santé du patient, cette décision n'avait pas été remise en cause par l'équipe médicale. Le jeune homme décédera le 25 septembre 2008.

L'autopsie a confirmé que sa mort était liée aux effets conjugués d'une hémorragie interne et des multiples transfusions subies. Trois médecins avaient été mis en examen dans cette affaire. Selon une information du quotidien régional Les Dernières Nouvelles d'Alsace, confirmée à la presse par Me Fady, avocat de la famille Walter, le parquet de Strasbourg a requis un non-lieu pour deux des médecins - un anesthésiste et une réanimatrice.

En requérant des poursuites seulement contre le chirurgien d'astreinte, le parquet fait le choix de "réduire ce dossier à un seul homme, [le] médecin qui n'était pas à son poste", a déploré Me Fady. "Cela arrange tout le monde, mais la réalité c'est que ce dossier révèle aussi les carences de tout un système dans cet hôpital", a ajouté l'avocat.

Les Urgences des hôpitaux universitaires strasbourgeois sont en effet depuis plusieurs années sous le feu des critiques.

En 2010, Alexandra Belhadj, 20 ans, attendra ainsi 16 heures avant de bénéficier d'une IRM, en dépit de signes cliniques laissant fortement soupçonner un AVC. Aujourd'hui lourdement handicapée, la jeune femme avait témoigné en février 2014 dans le Magazine de la Santé.

Selon une enquête publiée jeudi 30 janvier 2014, sur le site internet Mediapart, l'hôpital universitaire de Strasbourg avait déjà fait l'objet de trois plaintes de patients suite à de graves séquelles après un accident vasculaire cérébral (AVC) diagnostiqué tardivement. L'enquête de Mediapart démontrait la difficulté pour le service des urgences d'obtenir un examen IRM, les équipements étant occupés par des malades non hospitalisés ou par les clientèles privées de certains radiologues.

Une association de patients en colère a été constituée, et une plainte contre X déposée pour "négligence", "imprudence" et "mise en danger délibérée de la vie d'autrui", selon leur avocate Me Geneviève Folzer

Une procédure disciplinaire serait également en cours contre un médecin ayant négligé de réaliser en décembre 2008 un examen IRM à un patient, décédé trois jours plus tard des suites d'un AVC.

Le professeur Christian Marescaux, neurologue à Strasbourg, est l'un des rares membres du corps médical à dénoncer publiquement les dysfonctionnements de certains pôles des hôpitaux de Strasbourg. Le Pr Marescaux avait détaillé ses critiques dans le Magazine de la Santé le 3 février 2014.