Les Français privés d'un dépistage performant du cancer colorectal

La mise à disposition de nouveaux outils de dépistage du cancer colorectal, rapides et efficaces, serait retardée depuis deux ans du fait de "blocages administratifs", selon la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE). Plusieurs de ses membres ont signé, le 13 janvier 2014, une tribune dans Le Monde, pressant les pouvoirs publics d'initier dès aujourd'hui une procédure "qui pourrait sauver près de 3.000 vies par an".

Florian Gouthière
Rédigé le
''Les Français privés d'un dépistage performant du cancer colorectal'' - Reportage vidéo du 15 janvier 2014
''Les Français privés d'un dépistage performant du cancer colorectal'' - Reportage vidéo du 15 janvier 2014
Polype dans le côlon
Polype dans le côlon

Chaque année, 42.000 nouveaux cas de cancer colorectal sont diagnostiqués, selon les chiffres de la SNFGE. Il s’agirait de la deuxième cause de mortalité par cancer en France).

Presque tous ces cancers passent par une lésion précancéreuse (polypes). Or, la recherche de traces de sang dans les selles (saignement occulte), tous les deux ans, permet de diagnostiquer les polypes et de traiter les cancers avant qu'il ne soit trop tard.

Le test actuellement à disposition du public français, Hemoccult® (qui nécessite deux prélèvements sur trois selles consécutives) a déjà permis, selon la SNFGE, d’obtenir "une diminution de la mortalité par cancer colorectal d’environ 1/3 chez les participants au dépistage".

Cependant, une nouvelle génération de tests (tests immunologiques) existe depuis plusieurs années sur le marché européen. "Plus simples d'utilisation (un seul prélèvement nécessaire), plus faciles à interpréter, d’un coût similaire, ils sont surtout beaucoup plus efficaces", nous explique le professeur Laurent Beaugerie, président de la SNFGE - qui précise n'avoir aucun conflit d'intérêt avec les sociétés commercialisant ces dispositifs.

"Ces test immunologiques permettent la détection de huit cancers sur dix, au lieu de quatre cancers sur dix pour le test Hemoccult®. Ils permettent aussi d’identifier quatre fois plus de lésions précancéreuses !"

Dès 2008, la Haute Autorité de Santé (HAS) a recommandé le passage aux tests immunologiques. "Il s’agissait de l’une des priorités du Plan cancer II [qui s'est achevé fin 2013]", rappelle le professeur Beaugerie. "Le secrétariat d’Etat à la Santé s’était engagé à ce que ces tests soient mis à disposition dès mars 2013. Les autorités sanitaires nous ont finalement annoncé fin décembre qu’un appel d’offres européen pour ces tests (première étape du processus permettant leur mise à disposition) serait réalisée dans les premiers jours de janvier."

"Aujourd’hui, on nous fait état de blocages administratifs !" s’insurge le président de la SNFGE. Or, "le nombre de décès évités chaque année avec le test Hemoccult® est estimé à 2 500. Selon de nombreuses projections, près de 3.000 vies supplémentaires pourraient être sauvées avec les nouveaux tests ! Il n’est plus possible d’attendre !"

"Nous demandons à ce que l’appel d’offres pour l’achat des test immunologiques soit lancé sans plus de délai. Nous souhaitons également que soit mis en place un groupe technique officiel, qui puisse accompagner la mise en place [du programme]. Il faut impliquer les généralistes, mais aussi travailler sur la perception des usagers sur le cancer colorectal."
 

En savoir plus

Sur Allodocteurs.fr :

Ailleurs sur Internet :

Bien que le test Hemoccult® soit proposé de façon systématique à tous les Français âgés de 50 à 74 ans, seul un tiers d'entre eux accepterait un dépistage par prélèvement des selles. (source : SNFGE)