Le syndrome des loges : muscles asphyxiés

Le syndrome des loges est la maladie des sportifs. Cette pathologie survient suite à un traumatisme musculaire ou lors d'un effort physique important. Un chiffre : chez les sportifs, le syndrome des loges représente 10% des blessures.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le syndrome des loges : muscles asphyxiés

Syndrome des loges : de quoi s'agit-il ?

Marina Carrère d'Encausse et Benoît Thevenet expliquent le syndrome des loges
Marina Carrère d'Encausse et Benoît Thevenet expliquent le syndrome des loges

Le syndrome des loges touche surtout les sportifs. Il représente même 10% de leurs blessures. Le syndrome des loges correspond à des douleurs liées à l'effort fourni lors de la pratique de certains sports très sollicitants pour les muscles comme la course, le roller, l'aviron, la moto...

Par exemple, les différents muscles de la cuisse sont entourés d'une sorte de tissu d'emballage peu extensible, il s'agit de l'aponévrose. Cette aponévrose forme une gaine, c'est ce qu'on appelle une loge. Elle permet d'isoler les muscles les uns des autres. Pour les irriguer, des vaisseaux sanguins parcourent la zone. Les artères apportent des nutriments et de l'oxygène. Les veines, elles, éliminent les déchets. Les fibres nerveuses induisent la contraction des fibres musculaires ainsi que différents capteurs sensibles à la pression et à la douleur.

Pendant un effort, un muscle se contracte et augmente de volume, la gaine le contient sans créer de difficulté. Mais chez les sportifs, certains muscles sont sollicités de façon intense. L'activité musculaire entraîne un afflux sanguin dans les vaisseaux et le volume du muscle augmente temporairement. Problème, les loges musculaires ne sont pas extensibles. Le muscle se retrouve donc à l'étroit. Il ne parvient plus à évacuer le sang appauvri en oxygène. Résultat, il s'asphyxie. Les différents capteurs de la zone sont en alerte et une douleur apparaît. Celle-ci empêche toute activité physique.

Pour diagnostiquer le syndrome des loges, il faut mesurer la pression dans le muscle douloureux. Pour cela, le patient doit faire un effort physique. Le médecin introduit une aiguille dans le muscle relié à un petit appareil. Selon le niveau de pression du muscle, il pourra confirmer ou non le syndrome.

Traiter le syndrome des loges

L'aponévrotomie
L'aponévrotomie

Il n'existe pas vraiment de traitement médicamenteux en dehors des antidouleurs. Les massages ou la glace peuvent aussi soulager mais le véritable traitement du syndrome des loges reste la chirurgie. L'aponévrotomie endoscopique est une intervention légère qui ne laisse que trois petites cicatrices. Elle consiste en une décompression des loges concernées, c'est-à-dire en une ouverture des loges sur toute leur longueur.

Traiter le syndrome des loges aigu. Cette forme du syndrome apparaît la plupart du temps suite à un traumatisme qui va entraîner l'ischémie rapide et complète du muscle, c'est-à-dire son asphyxie et sa mort. L'intervention doit alors avoir lieu dans les quatre heures pour restaurer la circulation sanguine et libérer le muscle comprimé dans la loge, sinon il risque de dégénérer, de s'infecter. Si l'intervention arrive trop tardivement, il y a un risque d'amputation du membre atteint. Mais ces cas restent extrêmement rares et dans la grande majorité des cas, la prise en charge est assez rapide pour éviter l'amputation.

Syndrome des loges : la maladie des sportifs

Aurélien François a été opéré d'un syndrome des loges
Aurélien François a été opéré d'un syndrome des loges

Les sports les plus concernés. Tous les sports d'endurance - la course, la marche ou le roller... - peuvent conduire à ce syndrome. Toutes les activités qui provoquent des contractions prolongées des muscles fléchisseurs des doigts et du poignet vont également induire ce syndrome. C'est le cas de l'aviron, la planche à voile ou la moto, par exemple.

L'opération pour traiter le syndrome des loges est rapide et laisse peu de traces. Avec l'évolution du matériel et l'amélioration des techniques, le médecin ne fait plus que trois petites incisions, alors qu'avant, il ouvrait le long de l'avant-bras ou du bas de la jambe. Cela permet donc aux patients de récupérer plus vite.

Selon le Pr Emmanuel Masmejean, chirurgien de la main, une récidive est possible mais elle reste exceptionnelle et intervient quand la technique réalisée n'a pas été complète. Dans ce cas, il faut compléter l'ouverture de l'aponévrose qui a pu "être ouverte sur une petite longueur, insuffisante". Les cas de récidive sont rares et ce type d'intervention ne compromet pas la carrière des sportifs comme l'explique le Pr Masmejean : "D'une part, les sportifs reprennent au même niveau. Et d'autre part, ils reprennent potentiellement à un meilleur niveau car ils n'ont plus le handicap causé par le syndrome des loges". Après l'intervention, les sportifs peuvent donc améliorer leurs performances.