La ''virothérapie'', nouvelle stratégie thérapeutique dans la lutte contre le cancer

Un virus modifié pour contrer le cancer a montré des résultats encourageants contre le cancer primitif du foie, selon une étude publiée dans la revue Nature Medicine. Décryptage du mode d'action de ce virus, le Pexa-Vec, par Jean-Yves Bonnefoy, Directeur Recherche et Développement et Jean-Marc Limacher, Directeur Médical de Transgene, société française de biotechnologie partenaire de Jennerex pour le développement de cette stratégie.

Géraldine Zamansky
Rédigé le , mis à jour le
La ''virothérapie'', nouvelle stratégie thérapeutique dans la lutte contre le cancer
  • Comment ce virus modifié agit-il contre le cancer du foie (carcinome hépatocellulaire) ?

Jean-Yves Bonnefoy : "Tout d'abord, il ne peut proliférer qu'à l'intérieur des cellules cancéreuses où il trouve les ingrédients dont il a besoin pour se développer. A force de s'y multiplier, il va littéralement les faire exploser…"

Jean-Marc Limacher : "Et cette action oncolytique (destructrice de cellules malignes ndlr) directe se traduit aussi au niveau des vaisseaux sanguins qui approvisionnent la tumeur et qui sont eux-mêmes en partie constitués de cellules cancéreuses. Leur paroi est donc abîmée, ils se bouchent et, privée des nutriments nécessaires à sa croissance, la tumeur se nécrose."

  • Et par quels mécanismes l'action du système immunitaire contre les cellules cancéreuses est-elle stimulée ?

J.-Y. B. : "Pour commencer, ces virus modifiés sont vivants. Ils provoquent donc à leur injection une réaction automatique du système immunitaire comme face à n'importe quel signal de danger.

"Ensuite, un des problèmes du cancer, c'est que les défenses de l'organisme tolèrent la présence des cellules cancéreuses au lieu de chercher à les éliminer. Le fait que le virus commence à les détruire rompt cet équilibre. Car les débris de cellules alors générés vont en quelque sorte plus facilement reconnus comme nocifs par le système immunitaire qui développe alors enfin des armes contre le cancer."

J.-M. L. : "En plus, il a été introduit dans ce virus une protéine qui booste toute cette réaction de défense. Et la réalité de l'ensemble de ces processus semble notamment confirmée par un des résultats : nous avons constaté une diminution de la taille de tumeurs où nous n'avions pas injecté le traitement. Leurs biopsies montrent également une importante présence de lymphocytes (globules blancs ndlr). L'organisme est donc devenu lui-même capable de réagir contre les cellules cancéreuses."

  • D'autres essais sont-ils programmés ?

J.-Y. B. : "Une soixantaine de patients participent déjà à un autre essai de phase II aux Etats-Unis, au Canada, en Europe et en Corée. Ils seront en tout 120. Si ses résultats, fin 2013, sont positifs, la phase III commencerait en 2014... Ce qui donnerait l'espoir d'un traitement dans 4 ans.

"Par ailleurs, Pexa-Vec est aussi testé dans des essais exploratoires plus petits concernant les cancers colorectaux et le cancer du rein."

Etude de référence : "Randomized dose-finding clinical trial of oncolytic immunotherapeutic vaccinia JX-594 in liver cancer", Nature Medicine, 10 February 2013, doi:10.1038/nm.3089

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  • Transgene
    Transgene conçoit et développe des produits d'immunothérapie pour le traitement des cancers et des maladies infectieuses chroniques.