La pollution aux particules fines dangereuse même sous les seuils fixés par l'UE

Même lorsque les concentrations de microparticules (MP) en suspension dans l'air restent sous les seuils fixés par l'Union européenne (UE), celles-ci auraient un effet néfaste sur la santé, selon une analyse cosignée par plusieurs dizaines de spécialistes, publiée le 9 décembre 2013, dans The Lancet.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
La pollution aux particules fines dangereuse même sous les seuils fixés par l'UE

Selon le principal auteur de l'étude, le Néerlandais Rob Beelen, "[les résultats de ces travaux] suggèrent que des effets néfastes importants sur la santé se produisent même avec des concentrations aux particules PM 2,5 (voir encadré) bien inférieures à la limite fixée par l'UE pour la qualité de l'air, à savoir une concentration moyenne annuelle de 25 microgrammes par mètre cube d'air".

Cette étude, financée par l'Union européenne, se base sur les données de 22 enquêtes conduites dans 13 pays européens, qui ont permis de suivre un total de 367.251 personnes sur près de 14 années en moyenne.

Il ressort de cette analyse qu'une variation relativement faible de la pollution par les particules d'une taille inférieure à 2,5 microns entraîne un risque nettement accru pour la santé de ceux qui y sont exposés.

"L'étude évalue que pour chaque hausse de 5 microgrammes par mètre cube de la concentration en PM 2,5 sur l'année, le risque de mourir d'une cause naturelle s'accroit de 7%", explique The Lancet dans un communiqué. Les décès par "cause naturelle" excluent les morts par accidents ou suicides pour lesquels la pollution ne peut être mise en cause.

Cette différence de pollution de 5 microgrammes par mètre cube est celle qui existe entre un axe urbain très fréquenté par les voitures et un endroit situé à l'écart du trafic, précise le Dr Beelen.

Particules fines : tout le monde est exposé

"L'association entre exposition prolongée aux PM 2,5 et décès prématurés demeure significative même après ajustement pour tenir compte de facteurs tels que tabagisme, statut socio-économique , activité physique, niveau d'éducation, et l'indice de masse corporelle" explique The Lancet.

Les chercheurs ont également noté une mortalité associée aux PM 2,5 plus importante chez les hommes que chez les femmes.

Cette analyse n'a pas cherché à quantifier la réduction de l'espérance de vie due à la pollution par les PM 2,5. Cependant, "[de] précédentes analyses ont montré que pour des risques similaires [...], la perte de l'espérance de vie peut aller jusqu'à quelques mois", souligne le Dr Beelen dans un échange avec l'Agence France Presse.

"Bien que cela ne semble pas être beaucoup, vous devez garder à l'esprit que tout le monde est exposé à un certain niveau de pollution de l'air et que ce n'est pas une exposition volontaire", souligne-t-il.

Particules fines : des risques avérés

La pollution de l'air extérieur a été classée en octobre2013 comme facteur cancérigène certain pour l'homme par l'OMS et son agence spécialisée sur le cancer le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC).

Outre le cancer, une exposition aux particules peut entraîner de l'asthme, des allergies, des maladies respiratoires ou cardio-vasculaires. Une étude parue récemment indique qu'une exposition même faible augmente les risques d'un faible poids des enfants à la naissance.

Générées par l'industrie, le chauffage et le transport (diesel), les particules peuvent provoquer de l'asthme, des allergies, des maladies respiratoires ou cardio-vasculaires.

 

Source : Effects of long-term exposure to air pollution on natural-cause mortality: an analysis of 22 European cohorts within the multicentre ESCAPE project. R. Beelen et coll. The Lancet, publication avancée en ligne du 9 décembre 2013 doi:10.1016/S0140-6736(13)62158-3

 

En savoir plus sur la pollution aux particules fines

Les PM 2,5 sont les plus fines des microparticules, avec un diamètre inférieur à 2,5 microns (soit la taille d'une bactérie). Ce sont celles qui génèrent le plus d'inquiétudes pour la santé car leur taille leur permet de pénétrer plus facilement et profondément dans les poumons. La directive européenne sur l'air de 2008 a imposé aux Etats membres un plafond moyen annuel de 25 microgrammes/m3 , tandis que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise elle comme valeur limite 10 microgrammes/m3 .