La péridurale pourrait réduire le risque de dépression du post-partum

Une étude chinoise montre que le contrôle des douleurs de l'accouchement grâce à une péridurale est lié à une réduction du risque, chez les mères, de souffrir de dépression post-natale.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
La péridurale pourrait réduire le risque de dépression du post-partum

Généralement présentée comme un moment de joie intense dans la vie d'une femme, la mise au monde d'un enfant peut aussi être épuisante, effrayante, voire traumatique. Si de nombreuses mères subissent un baby blues passager dans les jours qui suivent leur accouchement, on estime que 10% à 20% des femmes sont susceptibles de développer un syndrome dépressif plus grave appelé dépression du post-partum ou dépression post-natale. Ses causes demeurent en grande partie inconnues et de nombreux facteurs pourraient être impliqués dans sa survenue.

Des travaux chinois publiés le 24 juillet sur le site de la revue Anestesia et analgesia étudient pour la première fois la place de la douleur ressentie par la femme durant l'accouchement dans la survenue de ce symptôme dépressif.

Des douleurs persistantes de mauvais pronostic

Les chercheurs du département d'anesthésie de l'hôpital universitaire de Pékin ont suivi 240 femmes enceintes de leur premier enfant, sans antécédent psychiatrique ni contre-indication à la péridurale, et dont l'accouchement s'était déroulé par voie basse. La moitié des futures mères avait choisi de recevoir une péridurale tandis que les autres l'avaient déclinée.

Au sein du premier groupe, 14% des femmes souffraient de dépression post-natale six semaines après la naissance. Dans le second groupe, ce chiffre atteignait 35%. L'étude précise que l'assiduité aux cours de préparation à l'accouchement et l'allaitement de l'enfant étaient également associés de manière significative à une baisse du risque de dépression post-natale. À l'inverse, la persistance d'une douleur évaluée comme supérieure à 3/10 sur une échelle d'auto-évaluation à trois jours de l'accouchement était un facteur de mauvais pronostic selon les chercheurs.

Un meilleur départ dans la vie de mère

Dans un commentaire de l'étude également publié par la revue américaine, le docteur Katherine Wisner, pédopsychiatre à la Northwestern University à Chicago estime que "le contrôle de la douleur permet aux mères de prendre un bon départ dans la maternité plutôt que de démarrer leur rôle de mère en étant épuisées par un accouchement douloureux".

"Très peu de données existaient jusqu'à présent concernant le lien entre la gestion de la douleur à l'accouchement et la dépression post-partum", précise le professeur Dan Benhamou, président de la Société française d'anesthésie et de réanimation (SFAR). "Il est très encourageant de voir que la péridurale pourrait non seulement avoir une action bénéfique durant l'accouchement mais également des effets bénéfiques secondaires à plus long terme. Toutefois, pour que le lien suggéré ici soit confirmé, une étude randomisée où les femmes bénéficiant ou non de la péridurale seraient tirées au sort parmi un groupe de volontaires serait nécessaire. Le choix volontaire de la péridurale peut en effet constituer un biais dans l'étude", précise l'anesthésiste-réanimateur qui ajoute que le fait d'être "accompagnée" dans la douleur pourrait également jouer un rôle dans le ressenti de la patiente.

Ne pas être seul face à la douleur

Une hypothèse que soutient également Ghada Hatem Gantzer, gynécologue obstétricienne à la maternité de l'hôpital de Saint Denis. "La péridurale est sans conteste la technique la plus efficace à notre disposition pour inhiber la douleur mais sa gestion peut prendre d'autres formes comme la préparation à l'accouchement ou la sophrologie. Quel que soit le choix de la femme, l'essentiel est qu'elle se sente préparée, qu'elle ne soit pas dépassée par la douleur et qu'en aucun cas elle ne se retrouve seule, sans quelqu'un à ses côtés pour l'accompagner et la rassurer durant le travail et la délivrance. Etre seule à gérer sa douleur sans explication peut constituer un vrai traumatisme”, conclut la gynécologue.

Dans l'attente de résultats ultérieurs, cette étude constitue donc une première étape notable dans la compréhension des phénomènes qui sous-tendent la dépression post-natale.

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