Infarctus : une prise de sang pour évaluer les risques de rechute

Une équipe de Lille vient de faire une découverte qui pourrait être décisive pour le suivi des victimes d'infarctus du myocarde. Une recherche réalisée grâce aux milliers de patients souffrant d'insuffisance cardiaque qui ont accepté de donner à la recherche une de leurs prises de sang. Ces prélèvements ont permis de mettre enfin au jour un indice du risque accru d'aggravation et de mortalité.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Si le coeur peut compenser l'atteinte après un infarctus, parfois les parois de ce muscle vital se déforment trop et on ne sait pas ce qui provoque ce basculement vers l'épuisement cardiaque. "Nous avons un manque de facteurs prédictifs évident. C'est une grande difficulté pour les cardiologues parce que l'on peut avoir des échographies quasi semblables et avoir des évolutions délétères chez un patient, dans des délais assez brefs, de quelques mois à quelques années, alors que l'autre aura une survie très prolongée de plus de dix ans à plusieurs dizaines d'années", explique le Pr Christophe Bauters, cardiologue au CHRU de Lille.

Pour percer cette énigme, les cardiologues du CHU et l'Institut Pasteur de Lille rassemblent depuis des années des milliers de prélèvements sanguins de patients cardiaques. Un groupe plus particulièrement suivi pendant trois ans a permis de faire une découverte très prometteuse. "À partir de ces patients, on a fait un criblage. Et on a pu détecter une molécule dont le niveau d'expression était différent chez les patients qui avaient une évolution délétère. Quand on regroupe les données par groupes de patients, on peut observer un taux beaucoup plus élevé chez les patients qui vont décéder précocement par rapport aux patients qui survivent trois ans après leur bilan", confirme le Dr Florence Pinet, directrice de recherche Inserm à l'Institut Pasteur de Lille.

Ce résultat a été confirmé avec d'autres prélèvements conservés dans une banque, dont le profil cardiaque de chaque patient est précisément archivé. La molécule découverte, un biomarqueur, permettrait donc d'identifier plus vite ceux qui ont besoin d'une greffe. Et l'espoir serait surtout d'empêcher le coeur d'atteindre des niveaux d'insuffisance cardiaque importants comme l'affirme le Dr Pascal De Groote, cardiologue au CHRU de Lille : "L'idéal serait effectivement de pouvoir dépister tôt les patients qui risquent d'évoluer défavorablement pour pouvoir adapter la thérapeutique et essayer de ralentir voire d'inverser l'évolution de la maladie".

L'objectif de ces recherches est qu'à l'avenir les patients à risque bénéficient par exemple d'emblée d'une surveillance plus rapprochée pour que leur coeur continue à battre normalement plus longtemps.