Hépatite C : la maladie qui attaque le foie

L'hépatite C est une affection hépatique d'origine virale. Le virus de l'hépatite C, ou VHC, est responsable d'environ 20 % des cas d'hépatites aiguës et de 70 % des cas d'hépatites chroniques, une cause majeure de cirrhose et de cancer primitif du foie.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Hépatite C : une affection qui s'attaque au foie

Comment le virus de l’hépatite C parvient-il à attaquer le foie ? Les explications en vidéo.
Comment le virus de l’hépatite C parvient-il à attaquer le foie ? Les explications en vidéo.

360.000 Français seraient touchés par l'hépatite C et 2.700 en décèderaient (source : Fondation recherche médicale).


Pour une grande majorité des cas, l'hépatite C est une maladie qui reste silencieuse et ne se manifeste que par des épisodes de fatigue passagère. Cette absence de symptômes rend d'autant plus important le dépistage réalisé par le biais d'une simple prise de sang. Grâce à une détection précoce de la maladie et à un traitement adapté, il est en effet possible d'en guérir.

L'hépatite C est une inflammation des cellules du foie provoquée par un virus : le VHC. Identifié en 1989, on en distingue six variétés. Toutes se transmettent essentiellement lorsque le sang d'une personne infectée par le VHC entre en contact avec le sang d'une personne indemne. Une fois dans le corps, leur cible sera le foie.

Les symptômes de l'hépatite C

Quand il est sain, le foie est de couleur brune. C'est un organe très vascularisé et gorgé de sang. Toutes les minutes un litre et demi de sang est propulsé dans le foie par les vaisseaux. Le but : filtrer le sang. C'est par cette voie que le virus envahit le foie. Il se multiplie dans les cellules hépatiques (du foie) et déclenche une inflammation "aiguë". Cette phase de l'hépatite C apparaît environ deux mois après la contamination.

Elle se manifeste par une fatigue intense, des nausées, une douleur au niveau du foie, l'apparition des urines foncées et une jaunisse (ictère). Elle dure environ trois mois. Ces signes sont plus ou moins intenses, mais peuvent tout à fait passer inaperçus. Environ 20 % des personnes infectées éliminent spontanément le virus, ce qui sous-entend que dans 80 % des cas, les malades n'y parviennent pas.

L'hépatite C chronique

L'hépatite C devient chronique quand elle dure plus de six mois. Le virus va alors détruire le foie progressivement. Ses cellules vont réagir en fabriquant une sorte de cicatrice, c'est le stade de la fibrose. Le tissu conjonctif, qui entoure les cellules du foie, augmente au détriment des cellules hépatiques. Résultat, les cellules fonctionnent mal. Comme si le filtre était encrassé. Ce stade peut s'aggraver quand l'attaque se prolonge. Les hépatocytes tentent de se régénérer, ce qui paradoxalement aggrave la situation, car elles vont former des nodules qui vont boucher les vaisseaux, c'est le stade de la cirrhose. Cette dégradation du foie va provoquer une altération de toutes les fonctions hépatiques, or le foie est un organe vital.

Le foie sait pratiquement tout faire. Il débarrasse le sang des vieux globules rouges ainsi que de certaines toxines comme l'ammoniaque. Il stocke le sucre, fabrique des facteurs indispensables à la coagulation du sang. Sans oublier que le foie produit la bile qui aide à la digestion des graisses. C'est également le seul organe capable d'éliminer le cholestérol. Et quand le foie ne peut plus accomplir ses fonctions, une greffe s'impose.

Hépatite C : la transmission par le sang

L'hépatite C se transmet principalement par le sang où par le contact des produits sanguins contaminés.

Les transfusions et greffes. Cela a été le cas dans les années 1980. Aujourd'hui, les risques de transmission ont été considérablement réduits.

Les rapports sexuels. Le risque d'avoir une hépatite suite à un rapport sexuel est minime. La transmission n'est possible que s'il y a une plaie sur les organes génitaux ou lors de rapport avec une femme infectée qui a ses règles. Le sperme et les sécrétions vaginales ne contiennent pas le virus.

La transmission mère/enfant. Un bébé peut être contaminé au moment de l'accouchement. Il y a transmission si le virus est présent dans le sang de la mère.

Cas des toxicomanes. Le risque d’infection existe toujours chez les personnes toxicomanes utilisateurs de drogues injectables et donc de seringues. C’est pour réduire ce risque que des kits d’injection ont été mis à leur disposition.

La maladie progresse lentement dans le corps. Il arrive que les symptômes ressurgissent 20 à 30 ans après la transmission.

Deux formes d'infection :

  • l'hépatite C aiguë : elle apparaît environ deux mois après la contamination. Elle se manifeste par une fatigue intense, des nausées, une douleur au niveau du foie et parfois, une jaunisse. Elle dure environ trois mois. Ces signes sont plus ou moins intenses mais peuvent passer inaperçus. Le problème est que dans 80% des cas, les malades ne parviennent pas à éliminer le virus et l’hépatite devient chronique.
  • l'hépatite C "chronique" : elle est "chronique" si elle dure plus longtemps, ce qui est le plus fréquent, puisque cela survient dans 70% à 80% des cas.

Pour traiter l'hépatite C

Certains patients vivent pendant de longues années avec le virus de l'hépatite C. C'est le cas d'Armelle dépistée il y a 22 ans, en 1990.
Certains patients vivent pendant de longues années avec le virus de l'hépatite C. C'est le cas d'Armelle dépistée il y a 22 ans, en 1990.

On utilise principalement deux médicaments : l'interféron et la ribavirine. Cette association est appelée bithérapie. Mais un nouveau protocole plus efficace pour le génotype du virus offre de nouvelles perspectives.

L'interféron. C’est une substance que le corps produit spontanément quand il est agressé par un virus. Ici, il est synthétisé dans un laboratoire et injecté une à trois fois par semaine.

La ribavirine. Ce traitement lutte contre le virus. Elle se prend en comprimé, tous les jours.

Un traitement avec des effets secondaires. L'interféron entraîne des maux de tête, de la fièvre, des courbatures et des douleurs. C'est un syndrome pseudo-grippal. Il est aussi responsable d'irritabilité et de dépressions qui peuvent être graves. La ribavirine, elle, est responsable d'une anémie et génère une fatigue invalidante.

Désormais, le traitement de l'hépatite C chronique repose sur une association de 2 médicaments antiviraux : sofosbuvir/velpatasvir durant 12 semaines, ou le glécaprévir/pibrentasvir durant 8 à 16 semaines. Si l'ARN du virus de l'hépatite C est indétectable, le patient est guéri. D'autres antiviraux, le daclatasvir ou le leduspavir par exemple, existent aussi. Si la vie du patient est menacé par une cirrhose ou un cancer du foie, une greffe de foie peut être proposée. 

Une bonne hygiène de vie est recommandée également : perte de poids, arrêt du tabagisme et de la consommation d'alcool, surveillance du tau de sucre et de graisses dans le sang, activité physique, etc.

Quelques conseils pratiques : il faut éviter de partager avec un malade infecté tout objet susceptible d'être en contact avec du sang (rasoir, brosse à dent ou instrument coupant). Les serviettes de toilette doivent être individuelles.

Mais il n'y a pas de problème à partager un verre ou une assiette. Pour les relations sexuelles, un préservatif est conseillé si la femme, atteinte du virus, a ses règles ou si les partenaires sont nombreux.Désormais, le traitement de l'hépatite C chronique repose sur une association de 2 médicaments antiviraux : sofosbuvir/velpatasvir durant 12 semaines, ou le glécaprévir/pibrentasvir durant 8 à 16 semaines. Si l'ARN du virus de l'hépatite C est indétectable, le patient est guéri.   D'aures antiviraux, le daclatasvir ou le leduspavir par exemple, existent aussi.   deux associations de médicaments antiviraux à action directe :      Si la vie du patient est menacé par une cirrhose ou un cancer du foie, une greffe de foie peut être proposée.Une bonne hygiène de vie est recommandée également : perte de poids, arrêt du tabagisme et de la consommation d'alcool, surveillance du tau de sucre et de graisses dans le sang, activité physique, etc.

Fibroscan® : une alternative à la biopsie

Comment se passe un Fibroscan® ?

Pour vérifier l'état de son foie en évitant la biopsie, un examen nommé Fibroscan® peut être réalisé. Sur le modèle de l'échographie, cet examen utilise les ultrasons pour évaluer l'état du foie.

Le principe de l'examen. Une sonde recouverte de gel est appliquée sur le côté droit du patient, là où se situe l'organe sous les côtes. Une fois la localisation effectuée, les ultrasons émis traversent la peau pour pénétrer le foie. Les mesures enregistrées par la machine vont permettre de connaître l'atteinte hépatique.

L'avantage de cet examen, c'est qu'il peut être reproduit régulièrement pour suivre l'évolution de l'atteinte hépatique. De plus il est non invasif, ce qui le rend plus agréable pour les patients qu'une biopsie. Basé sur des techniques d'imagerie, le Fibroscan® a aussi ses limites. Il ne permet pas toujours d'éviter une ponction du foie.

Les réseaux de soin de l'hépatite C

Le Dr Cattan, médecin généraliste et fondateur de l'Association nationale des généralistes pour la recherche et l'étude de l'hépatite C (Angrehc), présente les réseaux de soin de l'hépatite C.

  • Quel est le parcours de soin lors du dépistage ?

Dr Cattan : "Les médecins qui dépistent une hépatite C peuvent faire les premiers examens sanguins : anticorps et charges virales. C'est un moyen de faire le tri entre les patients guéris et ceux présentant une hépatite chronique. Dans un second temps, les généralistes peuvent aussi effectuer un bilan hépatique, et une échographie du foie. Ils peuvent réaliser aussi un Fibroscan® ou un Fibrotest® pour évaluer le degré de fibrose hépatique. Ceci dit, dans un certains cas la biopsie hépatique est absolument nécessaire. Ensuite avec les résultats de ces examens, les patients peuvent être adressés à un hépatologue qui exerce en libéral ou à l'hôpital."

  • Quel suivi médical nécessite une hépatite C ?

Dr Cattan : "Il faut distinguer les patients atteints de cirrhose, cancer, VIH, rechuteurs ou non répondeurs au traitement qui doivent être suivis en service hospitalier de référence. Et les autres, qui peuvent être suivis par un médecin généraliste et un hépatologue libéral."

  • Faut-il se rendre dans un pôle de référence régional ?

Dr Cattan : "Oui, pour obtenir le nouveau protocole de traitement, qui concerne surtout les patients affectés du génotype 1 du virus et les patients rechuteurs ou non répondeurs à un premier traitement, il est nécessaire actuellement de s'adresser au pôle de référence."

  • Quelle est la clé d'un suivi réussi ?

Dr Cattan : "Le médecin généraliste doit travailler main dans la main avec le spécialiste pour gérer notamment les effets secondaires des traitements tels les troubles psychiatriques. Un traitement réussi c'est-à-dire suivi jusqu'au bout, est le plus souvent l'oeuvre d'un binôme."

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