Hépatite C, l'essai clinique qui rend la foi

La traque du virus de l'hépatite C n'a jamais semblé si proche d'aboutir qu'actuellement. A travers le monde, les équipes s'activent. Une dizaine d'essais cliniques sont en cours, afin de trouver la bonne formule et permettre une guérison totale aux patients. C'est le cas en France, où un essai clinique basé sur la quadrithérapie apporte des résultats probants, inattendus, pour ne pas dire inespérés. Et redonne espoir aux patients "non répondeurs".

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

 "Hépatite C : un cocktail de médicaments efficaces" - Reportage aux côtés de Marie
(17 septembre 2012)

"C'est le début d'une nouvelle histoire. Ou plutôt c'est peut-être la fin d'une sale histoire." Le Pr. Stanislas Pol, gastro-entérologue à l'hôpital Cochin, a la voix enjouée. Presque jubilatoire.

De l'aveu même de celui qui supervise l'essai clinique de phase 3 mené à l'hôpital Cochin, à Paris, "les résultats observés dans ce protocole sont très, très prometteurs… Quasi exceptionnels".

Depuis plusieurs semaines, ce sont 36 patients français qui jouent les cobayes dans son service de l'hôpital public, et testent l'utilisation simultanée de quatre médicaments, sous forme d'une quadrithérapie. Tous ces patients ont été triés sur le volet. Tous, ont le foie rongé par le virus de l'hépatite C. Et tous ont la forme la plus retors de la maladie, celle qui résiste jusque là à tous les traitements (génotype 1 et 4).

Une charge virale réduite de moitié en quinze jours

C'est le cas de Marie, 50 ans. Contaminée à l'hôpital par un produit sanguin en 1985, elle traverse depuis 27 ans les épreuves de sa vie avec le virus dans le sang. Et se raconte, tout en dérision, dans un blog, qu'elle anime de sa plume bien vivante.

Si elle se considère aujourd'hui comme une "VIP du VHC" en participant à ce protocole, cela n'a pas toujours été le cas. Loin de là. Depuis 2000, Marie est suivie, traitée. Mais la bithérapie, le traitement le plus utilisé pour lutter contre une hépatite C, ne donne rien. Les deux antiviraux utilisés dans ses précédents traitements ne permettaient pas à sa charge virale de diminuer. Mais son moral, lui, baissait. "Je me sentais vraiment esseulée, pas épaulée devant l'échec de mes traitements. Franchement parfois, c'était même guignolesque !" Un sentiment d'abandon, renforcé par les effets secondaires et l'état parfois dépressif que peuvent connaître les patients soumis à cette bithérapie.

Lorsqu'elle a entendu parler d'essais cliniques, Marie n'a pas douté. Sans hésitation, elle a signé les 21 pages du contrat pour participer à ce protocole expérimental. Sans réellement prêter garde au paragraphe évoquant les responsabilités en cas d'accident ou de décès durant cet essai clinique…" Oui, il y a des risques. Et alors ? Il y a aussi des risques pour que demain j'ai une cirrhose du foie. Ou un cancer…" Imparable.

Maintenant un mois que Marie est engagée dans cette aventure protocolaire, qui devrait en durer six.  Aux deux antiviraux classiques utilisés lors d'une bithérapie, se sont ajoutés pour cet essai clinique, deux antiviraux dits directs, étudiés en laboratoire depuis 2005, et autorisés à être mis sur le marché depuis 2009.

Alors que les deux antiviraux modifient le système immunitaire qui intervient dans le virus de l'hépatite C, les deux antiviraux directs, eux, inhibent les protéines virales dégagées par le virus de l'hépatite C, et empêchent donc la multiplication du virus. Jusqu'à son extinction. C'est en tout cas ce que démontrent les premiers résultats de Marie. Après seulement deux semaines de traitement, elle a vu sa charge virale baisser... de moitié. Et à l'aube des résultats de la quatrième semaine de traitement, elle pourrait avoir une charge virale nulle. "Vous imaginez. Ne plus avoir de virus dans le sang… pour la première fois depuis 27 ans ! C'est déjà Noël pour moi".

 90 % de chances de guérir totalement dans certains cas

Et ce cadeau semble tout sauf empoisonné. Selon le professeur Pol, un patient "indétectable" au bout du premier mois de traitement, donc avec une charge virale nulle, a 90 % de guérir. Une guérison qui peut être totale, même si l'état se stabilise au terme des 24 semaines de protocole. Le risque de rechute devient alors, lui aussi, quasi nul.

C'est donc une avancée majeure dans la lutte contre l'hépatite C. Une nouvelle donne qui devrait encore un peu plus égayer l'appétit des laboratoires pharmaceutiques, financeurs de ces types de protocoles, et donc permettre à la recherche de se développer encore et toujours sur le font de la maladie. Peut-être donc l'occasion de clôturer un chapitre et d'écrire une nouvelle page, plus sémillante, de ce livre qui concerne près de 170 millions de patients à travers le monde…

Et pour Marie, une joie immense devant ses derniers résulats et l'enthousiasme du Pr. Pol : "Vous entendre vous enthousiasmer sur les taux de guérisons futures, sur la régression des cirrhoses, sur la meilleure tolérance des prochains protocoles, étaient les plus jolis mots que j'avais entendus depuis longtemps", écrit-elle sur son blog.

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