Greffe du visage : une meilleure maîtrise

Depuis la première greffe du visage réalisée en 2005, d'autres patients ont bénéficié de cette opération. Dans une étude parue dans le New England Journal of Medicine, le Dr Bohdan Pomahac dresse une première évaluation : la greffe de visage serait une technique fiable pour traiter les malformations faciales et les blessures graves.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Greffe du visage : une meilleure maîtrise

Il opère dans le cadre du Plastic Surgery Transplantation Program au Brigham and Women's Hospital à Boston aux Etats-Unis. Le Dr Bohdan Pomahac dirige l'une des meilleures équipes mondiales de greffe du visage. Dans cette étude, il dresse un bilan des greffes pratiquées. Il revient avec d'autres chercheurs, sur le parcours des malades et détaille la pratique chirurgicale qui implique la collaboration d'un grand nombre de spécialistes. Les chercheurs décrivent les similitudes et les différences entre chaque procédure et analysent également les soins post-opératoires.

Il appuie son bilan sur l'étude des trois patients opérés dans son service en 2011, notamment une femme défigurée par une attaque de chimpanzé qui a bénéficié d'une greffe du visage et des deux mains. "Notre objectif est de documenter les progrès réalisés par les patients qui ont subi une greffe de visage et notamment d'évaluer la nécessité d'un traitement immunosuppresseur afin d'éviter le rejet du greffon. Nous apprenons également comment le cerveau intègre les nouvelles pièces implantées et comment se fait le retour de la motricité et de la sensibilité du visage", explique Bohdan Pomahac.

La description de trois greffes couronnées de succès indique que cette technique (qui demande encore à être améliorée) est viable et apporte une amélioration de la qualité de vie des personnes opérées. Malgré le traitement immunosuppresseur, tous les patients ont connu des infections post-opératoires de degrés divers, mais toutes ont été traitées avec succès.  

D'après le Pr. Lantieri, auteur de la première greffe totale de visage en 2010, le travail des immunologistes, responsables du traitement anti-rejet ainsi que du suivi du patient, est essentiel. Mais sans une bonne maîtrise de la technique chirurgicale, impossible de réussir une greffe du visage à long terme.  "Quand une technique chirurgicale est fiable, l'immunologie est plus simple derrière. Si le patient est bien opéré, les tissus souffrent moins, il y a moins d'inflammations et donc moins de rejets de greffe".

La plupart des transplantations faciales ont été conduites pour réparer des malformations partielles du visage. L'opération consiste à prélever sur le donneur décédé, la partie de la face à greffer. Le greffon comprend la peau (front, paupières, nez, lèvres, menton, joues, pommettes) mais aussi les nerfs, les veines et les artères. Tout cela est ensuite "rebranché" sur le visage du patient. Depuis 2005, 18 patients (dont 7 en France) ont bénéficié d'une greffe de visage partielle ou totale avec des résultats prometteurs. Cette technique requiert des équipes de chirurgiens et d'immunologistes hyperspécialisés. Elle comporte aussi des défis éthiques et psychologiques. Elle présente néanmoins l'avantage de rendre un visage et une humanité à des patients pour lesquels il n'y a pas d'alternative thérapeutique.

 

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