FIV : les performances des hôpitaux

C'est une première en France, l'Agence française de la biomédecine vient de rendre publics les résultats des centres d'assistance médicale à la procréation pratiquant la fécondation in vitro (FIV).

La rédaction d'Allo Docteurs
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Entretien avec le Pr René Frydman, gynécologue-obstétricien, du 19 juillet 2013
Entretien avec le Pr René Frydman, gynécologue-obstétricien, du 19 juillet 2013

35.000 couples attendaient cette information avec impatience. Souffrant de problème de fertilité, ces couples qui ont besoin d'une fécondation in vitro vont probablement analyser les résultats publiés par l'Agence française de la biomédecine de manière très minutieuse. "Attention il ne s'agit pas d'un classement des établissements !", précise le Pr Dominique Royère, directeur Procréation, Embryologie, et Génétique humaine de l'Agence de la biomédecine, "il s'agit d'une analyse qui doit permettre à tous les centres de progresser".

En France chaque année, environ 35.000 couples bénéficient d'une FIV (fécondation in vitro) et 11.000 enfants naissent grâce à cette méthode selon l'Agence de la biomédecine.

Pour réaliser cette évaluation, quatre indicateurs ont été testés sur l'année 2010 :

- Le taux d'accouchement, issu d'embryons frais, rapporté au nombre de ponctions

- Le taux d'accouchement, issu d'embryons frais ou congelés, rapporté au nombre de ponctions

- Le taux d'accouchement, issu d'embryons congelés, rapporté au nombre de décongélations

- La fréquence des accouchements multiples

Le taux effectif d'accouchement de chaque centre a aussi été pondéré en tenant compte de l'âge des patientes (plus la patiente est jeune, plus la FIV a de chance de réussir), du nombre d'embryons obtenus et du nombre d'ovocytes recueillis.

103 centres ont ainsi été évalués sur l'ensemble du territoire. Résultat, 71 établissements présentent des taux comparables à la moyenne nationale qui est légèrement inférieure à 20 naissances pour 100 tentatives, 17 affichent des résultats au dessus de la moyenne, 15 centres sont significativement en dessous. (Rappel : un couple de 25 à 30 ans en bonne santé à 25% de chance par cycle d'avoir un enfant de manière naturelle).

Six établissements dont les résultats figurent en queue de peloton, ont d'ores et déjà cherché à expliquer leurs résultats. C'est le cas par exemple de l'hôpital Bichat-Claude-Bernard de Paris pour lequel les caractéristiques des couples admis dans les procédures devraient mieux être prises en compte : "Les caractéristiques médicales et/ou sociogéographiques de notre centre influent sur les résultats. Ainsi, 36% des cycles concernent des couples dont l'un et/ou l'autre des deux membres est infecté par un virus (VIH et/ou VHB et/ou VHC). À titre d'exemple, une étude en voie de publication concernant trois années (2009 à 2011) de prise en charge de femmes infectées par le VIH indique un taux de naissance par tentative de seulement 7,5% contre 22,1% pour l'ensemble des autres patientes sur cette même période".

En effet, impossible lors de l'évaluation de prendre en compte la sélection des couples qui serait pratiquée par certains établissements, en excluant par exemple du parcours les cas les plus complexes à traiter.

Mais pour le Pr Dominique Royère, l'enjeu de cette étude est surtout de pouvoir tirer tous les centres de procréation médicalement assistée vers le haut : "Cette évaluation était inscrite comme une des missions de l'Agence française de la biomédecine dans la loi de bioéthique de 2011, l'objectif c'est d'analyser l'activité des centres, et leur efficacité. Le but, c'est de comprendre pourquoi certains centres ont de meilleurs résultats que d'autres pour aider ces derniers à progresser, leur proposer des pistes d'amélioration concrètes qui leur permettraient d'obtenir de meilleurs résultats".

Selon le directeur Procréation, Embryologie, et Génétique humaine de l'Agence de la biomédecine, cette première analyse n'est d'ailleurs qu'une première étape : "Nous savons très bien que les établissements peuvent connaître des variations de résultats d'une année sur l'autre, et que plus un nombre important de paramètres de la patientèle pourront être intégrés plus les résultats seront précis… L'idéal serait bien sûr de faire une analyse des résultats tentative par tentative…".

Le prochain rapport concernant les FIV de 2011 devrait être publié d'ici à la fin de l'année.

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