Euthanasie : les citoyens ont la parole

Un groupe représentatif de "citoyens" français rend, lundi 16 décembre, un avis sur la question délicate de l'euthanasie active et du suicide assisté, jusqu'à présent interdits en France, à la demande de François Hollande qui a promis une loi sur le thème de la fin de vie.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Euthanasie : les citoyens ont la parole

Cette "conférence de citoyens" mise sur pied par le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) dévoilera ses conclusions lors d'une conférence de presse à Paris.

Ce groupe constitué d'une vingtaine de personnes représentatives de la population française, sélectionnées par l'institut de sondages Ifop, s'est réuni durant trois week-ends à huis clos en novembre et décembre pour entendre les avis de diverses personnes qualifiées.

Les personnalités auditionnées ont été choisies par le CCNE et pour une partie par les citoyens eux-même, a précisé à l'AFP Jean-Claude Ameisen, président du CCNE

Le week-end du 14/15 décembre devait être consacré par les citoyens à formuler par écrit cet "avis" qui doit servir à orienter la future loi sur la fin de vie, destinée à remplacer ou compléter l'actuelle loi Leonetti de 2005.

Le CCNE a lui-même déjà rendu un avis sur cette question en juillet, à la demande de François Hollande, dans lequel il indiquait que la "majorité de ses membres recommandait de ne pas légaliser l'assistance au suicide et/ou l'euthanasie".

Cet organe consultatif indépendant avait toutefois recommandé que les "directives anticipées" (dispositif prévu par la loi Leonetti, une personne indique par avance sa volonté sur les traitements à recevoir en prévision de sa fin de vie) deviennent "contraignantes pour les soignants sauf exception dûment justifiée".

Avant cela, le professeur de médecine et ex-président du CCNE Didier Sicard avait rendu un rapport, toujours à la demande de M. Hollande, rejetant l'idée d'inscrire l'euthanasie ou suicide assisté dans la loi française, mais recommandant pour certains cas la possibilité d'accorder un geste médical "accélérant la survenue de la mort".

Le chef de l'Etat s'était pour sa part déclaré, durant la campagne présidentielle, favorable à une nouvelle loi sur la fin de vie tout en prenant soin de ne jamais utiliser le mot euthanasie.

Les Français favorables

L'euthanasie désigne "le fait pour un tiers de mettre fin à la vie d'une personne à sa demande". Elle n'est pas légale en France mais la loi Leonetti admet qu'on puisse soulager avec des produits anti-douleurs un malade au stade terminal au point d'en "abréger la vie".

A la suite de l'avis du CCNE, François Hollande a promis en juillet un projet de loi "sans doute à la fin de l'année" pour "compléter, améliorer la loi Leonetti". Selon le journal Libération, ce nouveau texte serait déposé avant l'été 2014.

Le président français a semblé à plusieurs reprises temporiser sur cette épineuse question, demandant l'avis au Pr Sicard puis saisissant le CCNE et réclamant un "débat citoyen".

Plusieurs sondages indiquent qu'une majorité de Français soutient l'idée d'une euthanasie active pour les personnes qui le demandent et qui souffrent de "maladies insupportables et incurables".

Le dernier baromètre de l'Ifop pour l'association pro-euthanasie ADMD montrait en novembre que 92% des sondés répondent "oui absolument" ou "oui dans certains cas" à la question "selon vous la loi française devrait-elle autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie de ces personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent?"

D'après une estimation d'un directeur de recherche à l'Institut national d'études démographiques (Ined), Nicolas Brouard, on peut évaluer le nombre d'euthanasies passives tel que pratiqué dans la cadre de la loi Leonetti à 3.000 par an en France tandis que "moins de 2.000" personnes souffrant de maladies graves se suicident chaque année.

Jean Claude Ameisen, président du Comité cosultatif national d'éthique, sera l'invité du Magazine de la Santé, aujourd'hui, à 13h40.

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