Docteur, est-ce bien nécessaire ?

L'association de défense des victimes d'infections nosocomiales et d'accidents médicaux, Le Lien, organise les 14 et 15 février 2013, les 4e Etats généraux des infections nosocomiales et sécurité des patients. L'occasion de dénoncer le grand nombre d'actes médicaux inutiles et dangereux.

Géraldine Zamansky
Rédigé le
Docteur, est-ce bien nécessaire ?

"30% des endoscopies digestives réalisées en Provence-Alpes-Côte d'Azur sont inutiles, selon une étude de l'Agence Régionale de Santé (ARS) qui confirme nos craintes", explique Claude Rambaud, présidente du Lien, association de défense des patients et des usagers de la santé. Des craintes générées par l'étude de tous les dossiers de victimes qui les appellent à l'aide : l'origine même de l'infection ou de l'accident médical est trop souvent un acte dont la pertinence même est douteuse. Or, les médecins eux-mêmes ont reconnu ce même taux de 30% d'actes injustifiés lors d'un sondage demandé par la Fédération Hospitalière de France. Pour Claude Rambaud, les sondes urinaires seraient en tête de liste, avec 30% de poses non justifiées.

"Cela ne semble malheureusement pas impossible", commente le Pr François Haab, chef du service d'urologie de l'hôpital Tenon à Paris. "Même si la situation s'améliore avec une vraie prise de conscience du risque d'infection, les changements de pratiques prennent toujours du temps."

L'infection urinaire représente 40% des infections nosocomiales, c'est-à-dire qui surviennent lors du parcours de soins. Et elle est alors tout sauf anodine puisqu'elle provoque des septicémies dans 1 à 4% des cas selon les études, et un décès dans 0,8% des cas (source CCLIN Sud Ouest). Des infections causées, huit fois sur dix, par les sondes généralement mises en place autour d'une intervention chirurgicale pour vider la vessie.

"Le troisième jour, c'est le seuil critique, un biofilm, un tissu, se forme à l'intérieur de la sonde et le risque de passage et de prolifération de germes à l'intérieur de la vessie est alors très important", explique l'urologue. "Il faut vraiment faire passer le message selon lequel ce geste simple est tout sauf anodin ! Dans notre service, nous essayons d'y recourir le moins possible. Les techniques chirurgicales permettent par exemple désormais de laisser une femme partir sans sonde le jour même de sa cure d'incontinence."

Le chef de service parisien reconnaît néanmoins le coût de certaines solutions alternatives, comme des petits appareils d'échographies qui permettent de vérifier que la vessie n’est pas bloquée et pleine sans faire un sondage "intrusif"…

Ce sont bien les dysfonctionnements de l'ensemble du système de soins que dénonce Le Lien. Et si les patients ne peuvent pas toujours se manifester (quand on leur pose une sonde urinaire en salle de réveil par exemple), l'association les appelle à prendre la parole le plus souvent possible en posant une simple question : "Est-ce bien nécessaire, docteur ?"

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