Des médicaments inadaptés trop souvent prescrits aux personnes âgées

Dans une enquête publiée mercredi 28 janvier 2015, l'association UFC-Que Choisir s'est inquiétée des fortes quantités de médicaments prescrites aux personnes âgées et des effets "potentiellement dangereux" d'ordonnances "inappropriées". Elle invite la Haute Autorité de Santé (HAS) à se pencher sur le sujet.

La rédaction d'Allo Docteurs
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L'association a analysé près de 350 ordonnances contenant au moins cinq lignes de prescription (médicaments et autres dispositifs, comme les appareils pour mesurer le diabète), à destination de patients d'au moins 75 ans.

En moyenne, "les ordonnances collectées contenaient 8,6 médicaments, avec un maximum de 21 médicaments pour une seule personne", relève l'UFC-Que Choisir. 

Parmi elles, "près de quatre sur dix sont potentiellement dangereuses pour les patients âgés", c'est-à-dire qu'elles contiennent au moins un médicament "potentiellement inapproprié" aux personnes âgées, s'alarme l'UFC.

Ces résultats ont été obtenus au regard d'une liste de médicaments à écarter chez les seniors(1), publiée en 2009 dans La Revue de médecine interne par le Dr Marie-Laure Laroche, du Centre Régional de Pharmacovigilance de Limoges.

En vieillissant, l'organisme, plus fragile, supporte moins certains médicaments, et met plus de temps à les éliminer, rappelle l'enquête. Et la prescription de ces produits, quand elle n'est pas simplement inutile, peut s'avérer plus néfaste que bénéfique pour les patients âgés. 

Ainsi, les somnifères et tranquillisants retrouvés dans une ordonnance sur quatre, exposent à des "risques de somnolence, des troubles de la mémoire, […] et des chutes", souligne l'enquête. 

De même, certains antidépresseurs ou antispasmodiques, prescrits dans une ordonnance sur dix, "peuvent nuire gravement au confort de vie, voire aggraver des problèmes existants" chez les seniors.

Observés dans une ordonnance sur vingt, des médicaments autorisés pour les troubles cognitifs (hors démence et Alzheimer) comme le Tanakan®, par exemple, exposent à des risques alors qu'ils sont "vraisemblablement inefficaces", estime l'UFC.

"Impossible" toutefois de juger de la pertinence de ces prescriptions "au cas par cas", précise l'association, qui n'a "pas voulu utiliser des critères fondés sur l'état de santé des patients". 

Mais si certaines peuvent s'avérer justifiées, c'est leur caractère "systématique" qui interpelle les auteurs de l'enquête. 

L'UFC demande ainsi que la "dé-prescription" soit "incluse dans les critères de rémunération à la performance des médecins, et que la Haute autorité de santé fasse de ce sujet une priorité de travail". 

"Au delà des enjeux sanitaires, la sur-prescription a un coût pour notre système de sécurité sociale", fait-elle valoir, rappelant que les dépenses de médicaments ont atteint 33,5 milliards d'euros en 2013.

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