Décès d'un enfant en colonie : des soupçons pèsent sur l'eau non potable

Un garçonnet de 8 ans qui séjournait dans une colonie de vacances en Ariège est mort le 9 juillet  2014 quelques heures après avoir été pris de violents maux de ventre. Alors que l'hypothèse d'une intoxication à l'eau non-potable est évoquée, l'autopsie confirmait jeudi "la mort par une infection digestive aïgue", sans que sa cause ne soit identifiée pour l'heure.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
''Eau non potable : quels sont les dangers ?", chronique du Dr Gérald Kierzek, urgentiste
''Eau non potable : quels sont les dangers ?", chronique du Dr Gérald Kierzek, urgentiste

Le jeune garçon était en colonie de vacances depuis deux jours au Chalet Saint-Bernard d'Ascou dans les Pyrénées quand il a été pris de diarrhées importantes et transportés mercredi matin au centre hospitalier du Val d'Ariège, près de Foix, où il est mort quelques heures plus tard. Trois autres enfants de la colonie, également admis au service d'urgence pour des symptômes similaires, sont de leur côté sortis jeudi complètement rétablis, selon l'AFP.

De nombreuses questions demeurent en suspens, notamment concernant l'origine de cette intoxication foudroyante à l'issue dramatique. Hier à la mi-journée, la ministre de la Jeunesse Najat Vallaud-Belkacem indiquait à l'AFP que "l'ingestion d'une eau non potable" pourrait être à l'origine de ce décès avant d'annoncer "l'ouverture d'une enquête administrative afin de faire la lumière sur ce drame."

"Mort d'une infection digestive aiguë"

L'autopsie effectuée dans la soirée à l'institut médico-légal de Toulouse confirmait que l'enfant était mort d'une infection digestive aiguë, sans que sa cause ne soit identifiée. Il faudra pour identifier la cause de cette infection attendre les résultats des analyses anatomo-pathologiques du corps. L'examen médico-légal n'a par ailleurs pas révélé "de vulnérabilité digestive particulière préexistante chez cet enfant".

De son côté, le préfet de l'Ariège, Nathalie Marthien, a indiqué "qu'au vu des symptômes, on s'oriente vers une intoxication alimentaire". Elle a ainsi signalé que l'eau du robinet du chalet où a séjourné l'enfant décédé était contaminée depuis juillet par une bactérie coliforme et que de l'eau en bouteille était fournie aux enfants depuis le début de la colonie. Selon une information du site Lemonde.fr, le syndicat des eaux avait été prévenu de la présence des bactéries le 3 juillet et avait décidé "une désinfection et une restriction de consommation pour les personnes fragiles". De l'eau en bouteilles avait donc été distribuée au chalet.

La piste de l'eau n'est cependant pas la seule possible et la préfecture d'Ariège, contactée par la rédaction d'Allodocteurs.fr jeudi 10 juillet 2014, précise que des analyses de l'eau suspectée ainsi que de la nourriture consommée par les enfants de la colonie sont également en cours.

Dans l'attente des résultats qui devraient tomber en début de semaine prochaine, l'implication possible d'une eau non-potable dans une mort aussi soudaine surprend le docteur Gérald Kierzek, urgentiste à l'hôtel-dieu de Paris. "Il n'existe pas à ma connaissance de bactérie, virus, ou parasite dans l'eau non-potable susceptible de provoquer la mort d'une personne en quelques heures à peine, même chez un enfant de 8 ans", estime le médecin. "Dans les intoxications alimentaires fatales, la mort est généralement provoquée par la déshydratation de la victime qui est prise de diarrhées violentes. Mais même dans les atteintes les plus graves, ce phénomène n'est pas aussi foudroyant. Il est toutefois possible que ces symptômes aient débutés à bas bruit, en amont, sans avoir éveillé d'inquiétude ou de plainte de l'enfant", précise-t-il.

Alors que les autres enfants de la colonie devraient rentrer dans leur famille ce vendredi 11 juillet 2014, le centre de loisir a été fermé jusqu'à nouvel ordre par les autorités.

Intoxications alimentaires : 

Elles peuvent être causées par différents éléments présents de manière accidentelle, ou non, dans l'eau de boisson ou les aliments. Les micro-organismes pathogènes ou leur toxine (bactérie, virus, parasite, moisissure, parasite) sont les plus courants, mais un composé chimique toxique (résidu de pesticides, métaux lourds) peut également être en cause.

On parle de toxi-infection alimentaire collective, ou TIAC, quand deux cas au moins d'intoxications apparaissent simultanément et présentent les mêmes symptômes et la même origine alimentaire.

Chaque année, plus d'un millier de foyers de TIAC se déclarent en France, mais les décès demeurent exceptionnels. Elles provoquent généralement des symptômes gatsro-intestinaux passagers qui ne laissent aucune séquelle, tels que des douleurs abdominales, des nausées, et des diarrhées légères.

Cependant la gravité d'une toxi-infection dépend du germe ou la toxine incriminés, mais aussi des capacités de défense immunitaire de la personne touchée. Une personne âgée, un nouveau-né, ou une personne immuno-déprimée seront davantage sensibles aux TIAC.