De nouvelles règles pour le prélèvement d'organes

Depuis 2007, en France, il est légalement possible de prélever des organes chez une personne dont le cœur s'est arrêté, toutes tentatives de réanimation ayant été entreprises. L'Agence de biomédecine clarifie aujourd'hui la situation concernant les individus dont le cœur cesse de battre suite à une décision d'arrêt de soin prise au regard de leur pronostic vital.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Aujourd'hui la majeure partie des prélèvements est réalisée en France sur des donneurs en état de mort cérébrale (principalement décédés du fait d'AVC ou d'accidents de la route). "Mais à l'hôpital, la mort cérébrale est une façon rare de mourir (9 cas sur 1.000)", explique à l'AFP le professeur Olivier Bastien, directeur du prélèvement et de la greffe organes-tissus à l'Agence de la biomédecine. Or, "c'est aujourd'hui la principale situation où se réalisent le don et le prélèvement d'organes".

Depuis 2007, les personnes qui font un arrêt cardiaque et n'ont pu être réanimées – ainsi que les personnes en état de mort cérébrale qui font un arrêt cardiaque irréversible – peuvent faire l'objet d'un prélèvement d'organe.

Un cas restait litigieux : en effet, suite à un accident (une noyade, une intoxication au monoxyde de carbone, certains troubles du rythme cardiaque…), le cerveau d'un individu peut avoir subi des dommages irréversibles, conduisant les médecins à juger inutile l'acharnement thérapeutique(1). L'interruption des soins conduit alors, inexorablement, à l'arrêt du cœur du patient.

S'il était alors légalement possible de débuter un prélèvement d'organes chez ces patients, les médecins français ne pratiquaient pas cette opération, "faute d'un texte pour les encadrer sur le plan médico-technique et éthique", ainsi que l'a constaté l'Agence de biomédecine.

Pour pallier ce manque, cette institution vient de publier un document de 150 pages détaillant les règles de "bonnes pratiques" pour ces prélèvements.

L'équipe de réanimation qui assure le traitement et y met fin(1) doit être indépendante de celle qui effectuera les prélèvements sur le défunt. Celui-ci doit avoir 60 ans au maximum et ne pas s'être opposé au don de son vivant. Par ailleurs, il ne doit pas se passer plus de trois heures entre la mort et le prélèvement et un délai de cinq minutes entre l'arrêt du cœur et le début des opérations de prélèvement doit être respecté.

Des greffons de bonne qualité

L'évolution des techniques de réanimation et le développement des machines de perfusion pour oxygéner les organes à greffer ont permis des avancées et réduit les craintes en matière de qualité du greffon.

Désormais, la qualité de celui-ci est "tout à fait comparable à celle d'organes issus de donneurs décédés avec constat de mort cérébrale", relève l'agence sanitaire en citant l'exemple des reins.

Dans les hôpitaux des pays autorisant cette pratique, le nombre de greffons disponibles a augmenté de 10 à 40%, selon le professeur Bastien. Ces prélèvements concernent surtout les reins et, dans certains pays, le foie, les poumons, le pancréas.

"Les procédures pourront commencer dans les semaines qui viennent avec les premières équipes qui auront signé une convention avec l'agence", a expliqué le 23 septembre à l'AFP le professeur Olivier Bastien, directeur du prélèvement et de la greffe organes-tissus à l'Agence de la biomédecine.

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(1) La loi Leonetti de 2005 s'oppose à l'acharnement thérapeutique. Elle permet d'arrêter les traitements devenus inutiles et de se limiter à ceux susceptibles de soulager les dernières douleurs du patient.

Aux États-Unis, ce type de prélèvements représenterait environ 10% des prélèvements d'organes, environ 19% en Belgique (autorisé depuis 1994) et environ 51% aux Pays-Bas (débuté en 1981). En Espagne, la pratique est possible depuis 2011. (Source : AFP/Agence de biomédecine)