Crise cardiaque : vers une meilleure prise en charge avant l'arrivée à l'hôpital

La crise cardiaque bénéficiera peut-être bientôt d'un nouveau traitement, capable de diminuer les risques de décès. Un essai clinique a montré l'efficacité de la bivalirudine, un anticoagulant, lorsqu'elle est administrée au patient avant son arrivée à l'hôpital.

Nicolas Gehin
Rédigé le
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L'infarctus du myocarde, communément appelé crise cardiaque, est le plus grand meurtrier dans le monde. En France, il touche près de 100.000 personnes chaque année.

Le traitement de référence vise à dilater les artères pour repousser le caillot et permettre au sang de circuler à nouveau. Il s'agit d'une angioplastie. Pour être optimale, il est nécessaire que le patient ait reçu un mélange d'anticoagulants, d'antiagrégants et d'aspirine avant son arrivée à l'hôpital. Ces derniers ont pour rôle de faciliter la circulation du sang et d'éloigner les risques de reformation de caillots.

Jusqu'ici, l'héparine (anticoagulant), associée aux autres molécules, avait fait ses preuves lorsqu'elle était administrée en soin pré-hospitalier. Elle pourrait cependant être remplacée par un autre anticoagulant, la bivalirudine, qui est pour le moment réservée aux soins hospitaliers.

Les résultats d'un essai clinique comparant les effets d'une administration d'héparine et de bivalirudine avant l'arrivée à l'hôpital, ont mis en évidence une amélioration du taux de survie liée à l'utilisation de bivalirudine. Ces données ont été publiées le 30 octobre 2013, dans la revue The New England Journal of Medicine.

"Après 30 jours de suivi, la bivalirudine a réduit le risque de décès ou de saignement grave de 8,5% à 5,1% et le risque de décès, infarctus du myocarde ou saignement majeur de 9,2 à 6,6%; en comparant avec la stratégie utilisant l'héparine. Ce bénéfice était principalement lié à une réduction des saignements graves au prix d'une augmentation du risque de thrombose de stent*", indique l'Inserm dans un communiqué.

"Ces résultats confirment ce que l'on savait déjà de la bivaluridine pour son utilisation à l'hôpital. Mais avant que cette molécule soit employée comme nouvelle stratégie il faut attendre qu'elle ne soit recommandée par les sociétés savantes comme l'European society of Cardiology, l'American college of cardiology ainsi que la Haute autorité de santé", commente Nathalie Assez praticien hospitalier urgentiste au SAMU du Nord.

*La thrombose de stent est la formation précoce de caillots dans les prothèses métalliques (appelées stents) déployées dans l'artère au moment de l'angioplastie.

Source : Bivalirudin Started during Emergency Transport for Primary PCI. Philippe Gabriel Steg et al. October 30, 2013 doi: 10.1056/NEJMoa1311096