Ch@t : Aider un proche à sortir de l'alcool

Ch@t du 21 février 2011 : Avec les réponses du Dr Philippe Batel, psychiatre-alcoologue et du Dr Sylvain Balester-Mouret, addictologue-toxicologue.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Ch@t : Aider un proche à sortir de l'alcool

Les réponses du Dr Philippe Batel, psychiatre-addictologue

  • Mon frère a été hospitalisé quelques semaines pour un sevrage alcoolique qui s'est avéré réussi. Je voulais savoir à partir de combien de temps (mois ou années) peut-on parler de sevrage définitif ? De guérison ?

On ne parle pas de guérison mais de rémission prolongée. On considère qu'une abstinence d'un an est un très bon pronostic. Mais il faut rester vigilant très longtemps.

  • Mon père est alcoolique depuis des années et pour lui il n'est pas malade. Comment l'aider ?

Si vous habitez Paris, je vous conseille de participer au groupe entourage du service d’addictologie de l’hôpital Beaujon. Nous y aidons les proches à accompagner les patients dépendants. Pour infos pratiques, appelez le 01 40 87 58 82. Pour trouver le groupe entourage le plus proche de chez vous, appelez le 0811 91 30 30. Enfin vous trouverez des conseils dans deux chapitres du livre que nous avons coécrit avec des patients Alcool, de l'esclavage à la liberté, paru aux éditions Démos.

  • Mon mari a 31 ans et déjà 6 années d'alcoolisme grandissant. Il vient d'en parler à notre médecin qu'il l'a dirigé vers un spécialiste. Mais depuis il ne l'a pas appelé alors qu'il veut s'en sortir. Comment l'aider ? Peut-être trouver un médecin d'une autre région pour que ce soit plus anonyme ?

Reparlez lui tranquillement de ce qu'il compte faire. Restez à ses côtés sans prendre de décisions à sa place. Faites vous aider dans l'accompagnement par un groupe entourage. Pour trouver le groupe entourage le plus proche de chez vous, appelez le 0811 91 30 30. Enfin vous trouverez des conseils dans deux chapitres du livre que nous avons coécrit avec des patients Alcool, de l'esclavage à la liberté aux éditions Démos.

  • Comment proposer mon aide à une personne (que je rencontre à des activités de loisir) qui me semble être très dépendant de l'alcool ?

Ouvrez le dialogue. Profitez d'un jour où elle n'est pas alcoolisée et où vous êtes seul pour lui dire que vous êtes inquiet pour elle. Si vous voulez aller plus loin dans la relation d'aide, rejoignez un groupe entourage. Si vous habitez Paris, je vous conseille de participer au groupe entourage du service d’addictologie de l’hôpital Beaujon. Nous y aidons les proches à accompagner les patients dépendants. Pour infos pratiques, appelez le 01 40 87 58 84. Pour trouver le groupe entourage le plus proche de chez vous, appelez le 0811 91 30 30.

  • Que surveiller pour s'assurer (quand on ne vit pas avec lui) qu'un alcoolo-dépendant reste à une consommation modérée ? À quoi faire attention, sachant que lui ne dira pas un mot qu'il aille bien ou mal ?

Mon conseil est de renoncer à surveiller et, sans croire tout ce qu'il dit, lui montrer que vous avez confiance. L'évaluation de la consommation et des dommages se fait dans un centre spécialisé. Pour trouver le centre le plus proche de chez vous, appelez le 0811 91 30 30.

  • Pourquoi vous les addictologues, ne vous battez-vous pas pour éviter que les gens en arrivent à l'alcoolisme par une meilleure information et une mise en garde contre la drogue et alcool ? Pourquoi le lobby de l'alcool dicte-t-il sa loi sans que vous réagissiez ?

Je pense que nous agissons, notamment en maintenant une pression régulière sur les politiques. Mais vous avez raison, il n'existe pas de contre-lobby. Pour cela, il faudrait un vrai relais et un solide soutien du public. Celui ci n'existe pas encore compte tenu du tabou majeur autour de l'alcool. Les alcooliers en profitent lâchement.

  • Mon frère est traité sous disulfirame et continue de boire régulièrement. Pouvez-vous me dire quels sont les effets secondaires ?

Nausées, vomissements, étourdissements, tachycardie, fatigue, maladies du foie.

  • Mon neveu de 43 ans est alcoolique depuis 4 ou 5 ans (il a commencé à boire il y a plus longtemps je pense). Il a fait des cures pour faire plaisir à l'entourage et a recommencé à boire. Il a perdu femme, enfant, travail. Il se ment à lui-même, est désespéré et dépressif. Comment l'aider ?

Premièrement, ne pas perdre espoir pour lui. Deuxièmement, ne pas moraliser. Troisièmement, lui demander régulièrement s'il pense avoir besoin d'aide et ce qu'il compte faire. Quatrièmement, rejoindre un groupe entourage. Si vous habitez Paris, je vous conseille de participer au groupe entourage du service d’addictologie de l’hôpital Beaujon. Nous y aidons les proches à accompagner les patients dépendants. Pour infos pratiques, appelez le 0140875884. Pour trouver le groupe entourage le plus proche de chez vous, appelez le 0811 91 30 30.

  • Que pensez-vous du baclofène ? Avec une cirrhose et des varices œsophagiennes niveau 1, que peut-on espérer en termes de soins et de guérison ?

Le baclofène est sans doute un produit intéressant pour aider certains patients à quitter l'alcool. Mais il n'est pas toujours bien toléré aux doses préconisées dans cette indication, il n'a pas aujourd'hui l'autorisation et son évaluation est en cours. Parlez en à votre médecin, notamment aux hépatologues, certains le prescrivent.

  • Faut-il régulièrement inciter la personne à se faire soigner ? Ou doit-on considérer que c'est juste son choix de le faire ou pas ?

Oui, c'est bien régulièrement d'interroger le patient sur son intention de changer et/ou de recourir à des soins. Insister, harceler peut néanmoins être contre-productif.

  • Pourquoi après une soirée trop bien arrosée, ils ne se souviennent de rien ?

Il s'agit de trou noir. L'alcool paralyse le circuit cérébral de la mémoire. Parfois c'est plus psychique que physique, les sujets n'ont pas envie de se souvenir de leurs mauvais moments alcoolisés.

  • Vivre avec une personne dépendante, c'est comme être toujours trompée. Je n'arrive pas à prendre du recul quand je sais pertinemment qu'il me ment et qu'il a bu.

Je comprends. Réfléchissez à vos propres mensonges. Ils sont souvent liés à la culpabilité ou à une souffrance. Renoncez aux aveux d'alcoolisation pour rester à côté de lui et invitez le régulièrement à parler de sa maîtresse, l'alcool avec qui il vous trompe.

  • Mon frère est suivi par une association. Mais il ne veut pas entendre parler de groupe de parole. Comment l'aider à accepter qu'il puisse échanger avec d'autres malades ?

Les groupes d'entraide sont une option pas l'unique solution. Souvent, les patients sont réticents aux réunions de groupe et sont plus à l'aise avec des consultations face à face avec un alcoologue.

  • Faut-il mettre à la porte mon fils de 29 ans qui affiche ses canettes de bière vides ?

J'imagine que vous avez bien d'autres raisons de le mettre à la porte. Il est important de fixer des limites. Vous pouvez dire que vous vivez cela comme une provocation ou que vous ne souhaitez pas qu'il s'alcoolise chez vous.

  • Doit-on continuer à accepter d'être à sa merci (pour le conduire au boulot) si un deuxième échec arrive pour récupérer son permis ? Ou doit-on le laisser se débrouiller seul pour qu'il en prenne plus conscience ?

Oui, n'hésitez pas à poser calmement des limites. Ca permet souvent de prendre conscience.

  • Sur différentes cures, une théorie différente et très scientifique, m'est donnée sur le pourquoi du comment l'on devient alcoolique. Pourquoi ces explications biologiques si différentes dans la bouche de professionnels ?

Deux tentatives d'explications. Tout d'abord, certains centres travaillent sur des théories anciennes et non mises à jour. Deuxièmement, ayons la modestie de dire que la connaissance scientifique n'est pas très développée, et que celle qui est validée est rarement diffusée et connue, notamment de certains professionnels qui ont acquis des convictions et n'en changent pas. Enfin, on peut se soigner de l'alcoolo-dépendance sans comprendre pourquoi on est devenu alcoolo-dépendant.

  • Comment aider ma cousine qui souffre d'alcoolisme et de jalousie maladive ? De plus son mari vient d'avoir un AVC et est perdu de douleurs. Comment les aider tous les deux ?

Si vous habitez Paris, je vous conseille de participer au groupe entourage du service d’addictologie de l’hôpital Beaujon. Nous y aidons les proches à accompagner les patients dépendants. Pour infos pratiques, appelez le 0140875882. Pour trouver le groupe entourage le plus proche de chez vous, appelez le 0811 91 30 30. Enfin vous trouverez des conseils dans deux chapitres du livre que nous avons coécrit avec des patients "alcool, de l'esclavage à la liberté" aux éditions Démos.

  • Je viens d'avoir un bébé de 2 mois. J'ai beaucoup de mal à l'emmener voir son grand-père alcoolique. Pourtant je ne veux pas leur enlever ce lien mais c'est plus fort que moi. Je redoute le jour où il le prendra dans ses bras. Comment faire ?

Vous êtes mûre me semble t il, pour poser tranquillement les choses avec votre père. Dites lui, à un moment où il n'est pas alcoolisé que vous vous inquiétez de lui confier votre enfant. Rassurez le en lui disant qu'il restera toujours votre père et son grand-père mais que vous trouvez que son alcoolisation n'est pas sécurisante.

  • Comment faire prendre conscience à notre fils que sa compagne présente des signes d'alcoolisme ?

N'est ce pas plutôt à elle qu'il faudrait parler ? Si ce n'est pas possible, demandez lui régulièrement ce qu'il pense du comportement de sa compagne vis à vis de l'alcool. Ne posez pas de diagnostic, gardez vous de juger. Exprimez votre bienveillante inquiétude.

  • Ma mère cache du whisky dans sa chambre lorsqu'elle vient chez moi. Comment percer l'abcès ? Je sais qu'elle est inquiète pour moi car je suis maman d'un petit garçon de 4 ans polyhandicapé. J'ai donc déjà assez de soucis mais j'aimerais l'aider. Comment engager la première conversation ?

Premièrement, choisissez un moment où elle n'est pas alcoolisée. Deuxièmement, dites votre inquiétude. Troisièmement, ne moralisez pas. Quatrièmement, renoncez à obtenir aveux ou promesses. Cinquièmement, posez vos limites. Rejoignez un groupe entourage. Si vous habitez Paris, je vous conseille de participer au groupe entourage du service d’addictologie de l’hôpital Beaujon. Nous y aidons les proches à accompagner les patients dépendants. Pour infos pratiques, appelez le 0140875882. Pour trouver le groupe entourage le plus proche de chez vous, appelez le 0811 91 30 30. Enfin vous trouverez des conseils dans deux chapitres du livre que nous avons coécrit avec des patients Alcool, de l'esclavage à la liberté, aux éditions Démos.

  • J'essaie de convaincre les gens de se méfier de l'alcool mais je n'y arrive pas. Pourriez-vous m'indiquer des ouvrages ou des sites internet bien documentés où je pourrais puiser des arguments convaincants ?

Allez sur site de la MILDT ou de l'ANPAA.

  • Le proverbe qui dit "qui a bu, boira", est-il toujours de mise au XXIème siècle ?

Ce proverbe est une ânerie.

  • On parle actuellement beaucoup d'un traitement de l'alcoolo-dépendance à l'aide d'un médicament, le baclofène. Qu'en est-il du sérieux de cette information ?

Il est en cours d'évaluation. Les dernières publications internationales ne sont pas en sa faveur mais elles utilisaient le produit à des doses faibles. Aux doses où il serait efficace, on a certains effets secondaires. C'est à l'évidence un produit intéressant. J'espère que nous en saurons plus dans un avenir raisonnable.

  • Même en lui en parlant, en la prenant même par les sentiments, elle se braque. Nous lui avons proposé de l'aide mais elle refuse ! Elle nous dit qu'elle n'est pas malade ?

Ne vous laissez pas impressionner par la dénégation. Continuez de lui dire que vous êtes là à ses côtés. Renoncez à obtenir un aveu ou contrôler sa consommation, parlez lui de vos inquiétudes.

  • Mon conjoint est alcoolo-dépendant. Malgré plusieurs cures d'Aotal, il a à chaque fois, récidivé. Que dois-je faire ? Que puis-je faire ? Je précise que je l'ai déjà menacé de le quitter, mais je ne suis jamais passée à l'acte, car c'est difficile matériellement (2 enfants en bas âge) ?

Cessez de menacer sans vous exécuter. Invitez le à reconsulter pour réfléchir à d'autres aides soit médicamenteuses soit d'une autre nature. Rejoignez un groupe entourage. Si vous habitez Paris, je vous conseille de participer au groupe entourage du service d’addictologie de l’hôpital Beaujon. Nous y aidons les proches à accompagner les patients dépendants. Pour infos pratiques, appelez le 0140875882. Pour trouver le groupe entourage le plus proche de chez vous, appelez le 0811 91 30 30.

  • Malheureusement il commence à boire à 6 h du matin et il est impossible de lui parler d'alcool sinon il devient automatiquement violent ?

Parlez lui lorsqu'il est le moins alcoolisé possible et ne parler pas d'alcool mais de souffrance globale, des choses qui ne vont pas, de votre inquiétude, etc…

  • Je lui parle de mes inquiétudes mais elle s'en moque. Elle me répond qu'elle n'est pas alcoolique. Elle ment également. Pour elle, elle est normale... Elle nous dit nous occuper de nos affaires, qu'elle est assez grande ! Mais sachant que son père et son frère sont morts de l'alcool, ça me fait très peur ?

Vous avez besoin d'aide, rejoignez un groupe entourage ! Si vous habitez Paris, je vous conseille de participer au groupe entourage du service d’addictologie de l’hôpital Beaujon. Nous y aidons les proches à accompagner les patients dépendants. Pour infos pratiques, appelez le 0140875882. Pour trouver le groupe entourage le plus proche de chez vous, appelez le 0811 91 30 30.

  • Existe-t-il des tempéraments addictifs ? Mon fils âgé de 32 ans est addictif à l'alcool, à la nicotine. Il a consommé dans le passé des drogues (douces) et je me suis aperçu depuis peu qu'il était addictif aux sites de rencontres. Je pense que le terme addiction n'est pas excessif ?

Oui, il existe un tempérament addictif.

  • J'ai lu que pour aider un alcoolique, il fallait qu'il touche le fond et perde sa femme, et son travail parfois. Et nous, les familles ont fait tout le contraire. On essaye au mieux de tenir ! De cacher cet alcoolisme qui nous empoisonne.

Oui, c'est pour cela que c'est important de mettre des limites.

Les réponses du Dr Sylvain Balester-Mouret, addictologue-toxicologue

  • Lorsque je dis à ma belle-mère qu'elle est alcoolo-dépendante, (20 verres/semaine) elle me répond que le vin n'est pas de l'alcool et que ses médecins l'invitent même à en consommer au nom des antioxydants... N'y a-t-il pas un problème de dialogue entre patients et médecins ?

En effet, la dépendance n'est pas toujours une question de quantité. Les arguments santé du vin n'ont été démontrés que pour une certaine catégorie de patients et surtout ne sont démontrés que pour les risques cardiovasculaires (et pas pour les autres risques : légaux, familiaux, sociaux, cancer, etc...). On peut développer des conséquences pour sa santé même à des quantités faibles. Les normes de l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) ont démontré que le risque santé est significatif à partir de 14 verres/semaine pour les femmes et 21 verres/semaine pour les hommes et moins de 5 verres/occasion quotidienne (en dehors de la grossesse ou d'autres pathologies chroniques qui nécessitent une abstinence totale d'alcool). Une femme qui boit 20 verres/semaine est donc à risque de développer des soucis de santé, même en dehors de la dépendance !

  • Quand pensez-vous que les professionnels de santé nous prendrons, nous les acteurs bénévoles des associations d'entraide, pour des partenaires plutôt que des faire valoir quand ils baissent les bras devant des cas de polyaddictions que nous rencontrons de plus en plus souvent ?

Nous développons un partenariat très actif avec de nombreuses associations depuis longtemps dans beaucoup de centres de soins !

  • Je voudrais connaitre les coordonnées à Paris de l'association vue dans le film (alcool assistance je crois).

Consultez le site : Alcool assistance – adresses en France.

  • Pouvez-vous nous expliquer les manifestations de syndrome de manque et ses conséquences ? Que faire ? Comment agir ?

Le syndrome de manque est inconstant (seulement 50 % des alcoolo-dépendants développent un syndrome de manque) mais il peut être sévère : il va d'une simple nervosité en passant par des symptômes plus sévères : tremblements, sueurs, fièvre, hypertension et peut aller jusqu'au delirium (hallucinations, délire, agitation). Lorsqu'il est sévère et non pris en charge, il peut être fatal. Bien pris en charge, sa résolution est simple. Il y a aussi des complications neurologiques qui peuvent survenir pendant un sevrage, d'où l'importance d'être accompagné pour réaliser un sevrage ou de contacter les services de secours en cas de sevrage qui se complique.

  • J'ai un cousin de 22 ans, barman dans un restaurant, qui n'a que le mot apéro à la bouche. Dès qu'il doit voir quelqu'un il faut boire l'apéro, peu importe l'heure, pas de café possible par exemple. À quel âge faut-il s'inquiéter ? Ses parents n'ont pas l'air de s'en faire (et ne boivent d'ailleurs pas).

Pas d'âge pour faire attention ! Plus tôt on boit trop et plus grand est le risque de développer une dépendance ou une maladie liée à l'alcool, même en dehors de la dépendance. En parler tranquillement, parler de soi, laisser trainer une information, une brochure peut être un bon moyen d'ouvrir le dialogue !

  • Mon père boit en cachette dans la cave. Que faire pour l'aider ?

Parlez-en sans le culpabiliser, dites lui que vous êtes inquiets, que vous pouvez en parler sans le juger, qu'il n'est pas seul dans ce cas, qu'il y a des services qui sont spécialisés. Dites lui que vous avez posé des questions lors de ce chat ! Et puis renseignez vous sur les structures proches de chez vous. Ecoute alcool 0811 91 30 30 (de 14h à 2h).

  • Ces associations ne m'ont été d'aucune aide sinon morale et je remercie Alanon pour son forum de soutien. Mon seul espoir est de trouver le moyen de l'aider sans que ce soit lui qui doive se rendre chez le médecin...

Je n'ai pas de solution miracle et j'en suis bien désolé.

  • Mon père est alcoolo-dépendant depuis ses 13 ans. Aujourd'hui j'ai peu de contact avec lui (sauf des appels de sa part quand il est alcoolisé). Il a déjà effectué des cures il y a quelques années mais il refuse tout soin aujourd'hui, que ce soit somatique ou psychique. Que faire pour l'aider ?

Je n'ai pas de solution miracle et j'en suis bien désolé.

  • Mon père est abstinent depuis plusieurs années mais a eu une petite rechute pendant quelques jours. Nous en avons parlé et il m'a dit qu'il avait arrêté et que ça allait... Dois-je m'inquiéter ?

Je pense qu'il faut aussi savoir lui faire confiance. Dites lui que vous êtes disponible pour en parler avec lui s'il le désire. Peut être faut il lui demander l'autorisation et prendre de ses nouvelles à ce sujet de temps en temps ! Valorisez le sur le fait que vous avez été touché(e) qu'il aborde le sujet avec vous.

  • Ma mère est alcoolique et le reconnait depuis peu, suite à une tentative de suicide. Bien que cela dure depuis plusieurs années. Malgré ça et de nombreuses discussions, elle met en échec nos tentatives pour l'aider. Que faire ?

C'est un grand premier pas. C'est à elle de faire la démarche maintenant, vous pouvez juste être facilitateur de celle-ci.

  • Mes parents sont tous les deux alcooliques ! Mon père se fait soigner, ma mère refuse de reconnaitre d'être alcoolique ! Comment les aider ?

Je n'ai pas de solution miracle et j'en suis bien désolé ! Peut-être serait-il judicieux de faire une démarche de couple ou familiale ? Rencontrer une association à plusieurs ? Vie Libre ou Alcool assistance .

  • Durant l'émission, une question a été posée concernant les gens qui boivent régulièrement l'apéritif ou lors de soirées. Comment faire prendre conscience à la personne qu'il devient dépendant à l'alcool ?

En proposant de faire un pari de 10 jours par exemple ! Pas difficile ? Chiche ! On essaye tous ensemble ? On remplit chacun un petit test : l'audit. Faites le test

  • Mon père de 68 ans souffre du syndrome de Korsakoff. Est-il encore possible d'arriver à lui faire arrêter l'alcool sachant qu'un des principaux symptômes de cette maladie est la perte de mémoire ? Comment peut-on l'aider ?

Contactez une structure spécialisée proche de chez vous ! Ecoute alcool 0811 91 30 30 (14h-2h).

  • Après plusieurs cures sur 3 ans et un gros travail psychologique, je fais aussi partie d'un groupe d'anciens buveurs, je reste persuadé que je peux maintenant reprendre une consommation mais modérée ! Avez-vous déjà rencontré ce genre de cas ?

Oui, dans 5 % des cas ! Ce n'est pas légion ! C'est possible mais attention, c'est parfois risqué. Chez quelqu'un qui va bien sans alcool, nous ne sommes pas totalement opposés mais très circonspects sur cette possibilité... Est il nécessaire de boire de l'alcool pour vivre ?

  • Mon papa vient de se faire opérer d'un cancer de la bouche. Comment lui faire comprendre que le vin n'est pas bon pour lui et à favoriser l'apparition de sa maladie ?

C'est un moment opportun pour rencontrer un addictologue, même pour un conseil simple. C'est le moment de renforcer sa motivation car le risque est la récidive ou le développement d'un second cancer en cas de poursuite de la consommation. Et la poursuite de la consommation d'alcool et de tabac risque d'augmenter les effets indésirables des traitements qui vont lui être proposés après la chirurgie ! C'est le moment de foncer !

  • Pourquoi les gens qui boivent de l'alcool sont-ils très agressifs ?

C'est l'effet de désinhibition qui n'est pas automatique mais fréquent, on prend moins fait et cause pour ce qui nous entoure.

  • Un ami abstinent depuis plus d'un an, ne peut s'empêcher de sentir le contenu de mon verre d'apéritif ou de vin (après avoir reçu de lui l'approbation de boire de l'alcool devant lui). Ne joue-t-il pas avec le feu ? Que peut-il y trouver ?

Posez lui la question ! Je ne peux pas répondre à sa place mais certains de mes patients le font. Pour certains, c'est jouer avec le feu et se prouvent qu'ils peuvent y parvenir. D'autres se rappellent par ce biais l'odeur et se donnent ce plaisir sans y goûter. D'autres encore se rappellent que l'odeur les insupporte.

  • Connait-on exactement l'effet physiologique de l'alcool sur le cerveau qui expliquerait la dépendance à l'alcool ?

On le connait en partie mais l'effet neurobiologique n'est pas seul en question. Il y a aussi parfois une interaction avec la génétique, l'éducation, la culture. C'est un processus complexe et même s'il est en partie (seulement) élucidé, il nous reste encore beaucoup à apprendre et notamment au sujet des traitements qui restent trop peu nombreux et insuffisamment efficaces même s'ils existent.

  • Comment aider mon fils hospitalisé depuis une semaine dans un service d'addiction pour alcoolisme et qui refuse de nous parler au téléphone ou de répondre à nos messages d'encouragement ? Nous habitons loin de lui.  

Continuez à l'encourager et respectez son désir. Il a peut être besoin d'être seul dans cette période ?

  • Mon frère doit avoir rendez-vous début avril pour retrouver son permis. Comment lui faire prendre conscience que même si il cache qu'il boit, les prises de sang sont là ! Et qu'il est persuadé qu'avec 2 ou 3 verres ça passera ! Il a déjà été en échec pour le récupérer en décembre.

Peut être que ce deuxième échec sera nécessaire pour qu'il puisse enfin admettre qu'il doit se faire aider ?

  • Mon ex conjoint a un énorme problème d'alcool depuis plus de 25 ans. Le souci c'est qu'il est alcoolique épisodique. Dès le premier verre d'alcool, il ne peut plus s'arrêter jusqu'au coma éthylique systématique. Nous avons testé plusieurs méthodes sans résultat à ce jour. Que faire ?

Ce n'est pas à vous d'essayer mais à lui ! Vous devez être facilitateurs de sa démarche mais pas vous substituer à son désir ni aux soignants.

  • Ma mère est alcoolique depuis 20 ans. J'ai trouvé le courage de la mettre devant ses bouteilles cachées dans son sac. Elle nie le fait d'être malade, et m'insulte. Je ne veux plus qu'elle voit ses petits enfants car elle est trop agressive. Depuis elle ne veut plus me parler et me dit qu'elle est comme ses parents ?

C'est un peu violent comme méthode et en général pas toujours efficace. Peut être faut il continuer à l'accompagner tout en posant vos limites à vous.

  • Abstinente depuis 4 ans, je rencontre encore parfois l'envie de consommer un verre. Je ne l'ai jamais fait, tant je connais le risque de rechute. Cependant cela nécessite un effort important. Dois-je conclure que toute ma vie restera un combat ou puis-je espérer voir ces envies disparaître ?

Les envies peuvent persister longtemps mais se tassent en général avec le temps. Peut être faut-il changer d'autres choses dans votre vie/comportement/habitudes ?

  • J'ai un ami qui reconnait être alcoolique. Il sait le mal qu'il se fait et qu'il fait à son entourage. Il a un alcoolisme solitaire, ce que je ne comprends pas c'est qu'il a parfaitement conscience de son problème mais qu'il ne fait rien pour y pallier. Pourquoi en ayant conscience il ne fait rien ?

Peut être que faire la démarche de se faire aider lui est insupportable ? Peut être imagine t-il à tort qu'il devra renoncer tout de suite à boire ? En parler avec un professionnel, c'est faire le point, pas s'engager dans une abstinence à vie dès le lendemain ! Il faut tenter de dédramatiser l'ambiance qu'il y a dans nos services. C'est un lieu d'accueil et nous savons nous adapter à la motivation des patients.

  • Je souffre d'un endobrachyoesophage dû à une hernie hiatale. Lorsque je dis à mon gastro-entérologue (CHU Nantes) que je bois pas mal de vin, il semble minimiser en me disant que ceci est dû à mes reflux ? Qu'en pensez-vous ?

Je pense que vous avez raison de vous interroger ! Parlez en à un spécialiste !

  • À quel type de patient faut-il proposer un sevrage hospitalier ? Et à quel autre type de patient, un sevrage ambulatoire ?

En dehors de quelques contre-indications (raisons de santé ou sociales), pas de règle si ce n'est la préférence du patient, les habitudes du spécialiste.

  • Est-il plus compliqué de traiter un sujet alcoolique épisodique que quotidien ? Quelle démarche puis-je faire afin qu'il prenne la décision de se soigner ? Quels sont les traitements les mieux adaptés pour l'alcoolisme épisodique ?

La démarche est sensiblement la même. L'alcoolisation intermittente est plus fréquemment traitée en ambulatoire. C est aussi une forme de dépendance et il faut savoir se faire aider ! L'important est que le patient élabore avec son soignant la démarche qui lui convient et dans laquelle il est prêt à s'engager.

  • Comment ne pas culpabiliser une personne alcoolique par rapport à son comportement ?

Mettre l'alcoolo-dépendant devant le fait accompli : il boit et il le sait ! Pourquoi toujours le lui rappeler ? Pourquoi toujours le lui rappeler avec colère ou agressivité ? Dites plutôt que vous êtes en colère et/ ou légitimement inquiet(e) à froid mais surtout cherchez des solutions ensemble ! Invitez le à parler lorsqu'il s'y sent prêt.

  • Comment l'aider quand elle ne veut pas reconnaitre qu'elle boit trop ! Ma mère se cache pour boire et elle ne veut pas le reconnaitre même si nous la prenons en flagrant délit ?

Peut être qu'elle le sait déjà mais ne veut pas en parler ! Pourquoi doit-elle dire/avouer ? C'est peut être trop difficile. Commencez par respecter son silence, cela n'empêche pas que vous disiez votre souffrance votre inquiétude et votre attachement.

  • La mère d'un ami qui a 84 ans et qui vit seule, reçoit ses amies assez souvent pour l'apéro. Elle boit aussi régulièrement trop de vin rosé... et ensuite elle est en état de confusion. À cet âge avancé, peut-on accepter cet alcoolisme mondain ?

À cet âge, pas plus de mondanités qu'à un autre âge. Les dangers existent et les solutions aussi ! Mais avec l'accord du patient. Sans culpabiliser ni agressivité, dire ce qui se passe lorsqu'elle a trop bu.

  • Je suis dépendant depuis 2005 suite au décès de ma mère et à la perte de mon appartement, de ma voiture et de mon travail. Maintenant je suis au RSA. Je pense développer une cirrhose. Je suis un homme, mon compagnon ne se doute de rien. Comment lui dire et surtout m'aider ?

Allez en parler avec un médecin, une association ! Ils ont des solutions à proposer pour vous et pour votre compagnon ! 

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  • Alcool : de l'esclavage à la liberté
    "Récits de vie commentés"
    Philippe Batel, Serge Nédélec
    Ed. Demos, octobre 2007

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