Cancer colorectal : l'importance du dépistage

Le cancer colorectal est le troisième plus fréquent après celui de la prostate et du sein. Il fait 17.000 victimes chaque année. Pourtant lorsqu'il est dépisté à temps, c'est l'un des cancers qui se soigne le mieux : on en guérit alors dans neuf cas sur dix.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent le cancer colorectal
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent le cancer colorectal

Avec plus de 43.000 nouveaux cas et plus de 17.000 décès par an, le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus meurtrier en France. Et pourtant, quand il est diagnostiqué tôt, il se guérit dans neuf cas sur dix. D'où l'intérêt d'effectuer des tests de dépistage. Le cancer colorectal survient la plupart du temps après 50 ans. C'est le deuxième cancer chez les femmes après le cancer du sein, et le troisième chez les hommes, après le cancer du poumon et de la prostate. Il touche 4 hommes sur 100 et 3 femmes sur 100 (source : INCA).

Quels sont les premiers signes d'un cancer colorectal ?

Le côlon correspond au gros intestin. Il se termine par le sigmoïde en forme de S et se prolonge par le rectum. Environ 60% de ces cancers touchent le sigmoïde et 40% le rectum. Les cancers colorectaux se développent dans les cellules qui tapissent la paroi interne du côlon.

Les symptômes d'un cancer colorectal regroupent des douleurs abdominales, la présence de sang dans les selles, une constipation ou une diarrhée prolongée, une masse dans l'abdomen, la perte de poids et d'appétit, une fatigue ou encore une anémie.

Il existe des facteurs de risque : l'âge, le fait d'avoir un polype ou un antécédent personnel ou familial de cancer du côlon ou du rectum, le mode de vie (alimentation pauvre en fibre et/ou riche en viandes rouges et en charcuteries, consommation d'alcool, surpoids/obésité, sédentarité, tabagisme), le fait de souffrir d'une MICI, maladie inflammatoire chronique des intestins. Ce cancer peut être familial dans 5% des cas, lié à des anomalies génétiques, avec ou sans polypose adénomatose.

Dans 60 à 80% des cas, le point de départ est un polype. Au départ, il s'agit d'une grosseur bénigne mais qui peut lentement évoluer vers une tumeur cancéreuse. Le basculement se produit quand les gènes qui commandent le rythme de multiplication des cellules se dérèglent. Au lieu de mourir, elles se multiplient de façon anarchique pour grossir de plus en plus.

Quand la tumeur ne traverse pas la paroi intestinale, on dit que le cancer n'est pas encore invasif. Il est alors possible de le traiter chirurgicalement. En revanche, quand il s'est propagé, il prend une forme agressive, il faut alors choisir une autre stratégie thérapeutique.

Dépistage : test immunologique et coloscopie

Êtes-vous incollable sur le cancer colorectal ?
Êtes-vous incollable sur le cancer colorectal ?  —  Le Magazine de la Santé - France 5

Le dépistage organisé est gratuit de 50 à 74 ans révolus. Le test immunologique détecte la présence dans les selles d'hémoglobine, un constituant du sang, grâce à des anticorps. Il se fait tous les 2 ans, suite à la réception d'un courrier de l'assurance maladie, qui invite à en parler à son généraliste.

Un test revient négatif dans 96% des cas. Autrement dit aucun saignement témoignant de la présence d'un cancer ou d'une lésion précancéreuse n'a été mis en évidence au moment du test. 

Un test immunologique positif est observé dans 4% des cas et doit être confirmé par une coloscopie ; cela ne signifie qu'il y a forcément un cancer mais simplement qu'un saignement a été retrouvé. Dans plus de la moitié, la coloscopie ne montre aucune anomalie. Dans 30 à 40%, elle observe un polype et dans 8% des cas un cancer (source : INCA).

En cas de test positif ou dans certains cas bien définis de risque élevé ou très élevé (antécédents personnels et familiaux de maladies colorectales), la coloscopie reste le moyen de dépistage le plus efficace. 

Mais il est possible de réaliser une coloscopie à titre préventif, c'est d'ailleurs ce que préconise la Société française d'endoscopie digestive pour les personnes à risque élevé ou très élevé ou si l'on constate un saignement, que des troubles du transit persistent, des douleurs abdominales surviennent et durent, ou en cas d'amaigrissement important  Une enquête a démontré l'intérêt des coloscopies dans le dépistage du cancer colorectal

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Quand le côlon et le rectum doivent être retirés

La chirurgie est le traitement principal du cancer du côlon. Elle consiste à enlever la partie du côlon atteinte par la tumeur ainsi que le réseau de ganglions correspondant. La chirurgie se déroule sous coelioscopie, de simples petites incisions dans l'abdomen du patient permettent d'introduire les instruments et une caméra de contrôle.

La première étape consiste à enlever les ganglions. Pour cela, le chirurgien coupe la veine et l'artère qui vascularisent la partie du côlon concernée. L'analyse de ces ganglions permet d'évaluer la gravité de la maladie et l'indication éventuelle d'une chimiothérapie après la chirurgie.

Une fois les vaisseaux coupés, le chirurgien décolle le côlon de la paroi abdominale pour le rendre mobile. Le chirurgien coupe ensuite le côlon au niveau du haut rectum, il utilise alors une pince qui coupe et agrafe en même temps ce qui évite le risque de contamination.

Pour sortir la pièce, le chirurgien élargit un des orifices de la coelioscopie. Une fois la portion du côlon atteinte par le cancer enlevée, le chirurgien raccorde le côlon au rectum. Il utilise pour cela une pince mécanique qu'il introduit par la voie naturelle. Délicatement les extrémités du côlon et du rectum sont rapprochées. Une fois en contact, la pince mécanique permet de les raccorder l'une à l'autre.

Les résultats des analyses de la pièce opératoire sont connus une dizaine de jours après l'intervention. Une équipe pluridisciplinaire décide alors si une chimiothérapie et/ou une thérapie ciblée est nécessaire pour compléter le traitement chirurgical.

En cas de cancer colorectal, les médecins font tout pour préserver la continuité digestive. Mais quand les lésions sont trop importantes et le cancer étendu, le plus sûr est de retirer le côlon et le rectum, et de poser une stomie.

Il s'agit d'une opération particulièrement radicale. Un cancer colorectal est traité de plusieurs façons selon sa gravité. Cela ne doit pas vous dissuader de vous faire dépister !

Cancer colorectal : les progrès de la chirurgie

Lorsque le cancer colorectal est diagnostiqué à un stade avancé, il est souvent nécessaire d'enlever les parties malades du côlon ou du rectum. Pour faciliter le retrait de la tumeur, les chirurgiens sont parfois assistés d'un robot.

Cancer colorectal : bientôt des traitements personnalisés ?

Dans la grande majorité des cas, pour un même cancer du côlon, une même chimiothérapie est prescrite à tous les patients. Mais un cancer peut avoir différentes causes génétiques. Pour traiter de façon plus ciblé, il faut donc s'intéresser aux gènes de la tumeur du patient.

Pour rechercher les causes du cancer dans l'ADN des cellules malades, des cellules tumorales sont récupérées grâce à une biopsie et une prise de sang pour analyse. Le profil génétique de la tumeur sera dressé afin de déterminer quel traitement a le plus de chances de fonctionner.

Cette recherche génétique permet de prescrire au patient un traitement adapté à sa mutation. Certains patients peuvent ainsi bénéficier d'un traitement génétique personnalisé, une stratégie prometteuse amenée à se développer contre le cancer du côlon.

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