Baisse des infections nosocomiales en France

À l'hôpital, en clinique, ou dans un cabinet médical, environ 800.000 personnes par an contractent une infection nosocomiale, selon le ministère de la Santé. Elles seraient la cause directe de 800 morts et participeraient au décès de plus de 4.000 personnes par an.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Roumanie : un bistouri électrique a gravement brûlé une patiente au bloc opératoire.
Roumanie : un bistouri électrique a gravement brûlé une patiente au bloc opératoire.

Milieu des années 1980, Clinique du sport à Paris. À l'époque, l'établissement est réputé pour sa pratique de la chirurgie orthopédique. Une réputation entachée lorsqu'éclate en 1997 un scandale sanitaire sans précédent : 58 patients contractent une grave infection nosocomiale. Parmi eux, Béatrice Ceretti. Opérée d'une hernie discale, elle développe, suite à cette opération, une tuberculose osseuse.

En cause, une négligence des règles sanitaires ? Trois médecins, dont l'ancien directeur de cette clinique parisienne, sont accusés d'avoir contribué, par négligence des règles sanitaires, à la propagation de la mycobactérie Xenopi dans le réseau d'eau de la clinique. Cette bactérie a provoqué chez 58 patients opérés des lombaires ou des cervicales entre janvier 1988 et mai 1993 l'apparition d'une maladie s'apparentant à une tuberculose osseuse. Une quarantaine de victimes s'étaient constituées partie civile lors du procès qui a abouti en 2010 à la condamnation à une peine de prison ferme des trois médecins.

La maîtrise du risque infectieux en chirurgie

Mais quelles sont les précautions nécessaires d'hygiène strictement appliquées avant chaque intervention chirurgicale ? Pour être bien certain qu'aucune infection ne se déclare, l'hôpital a dans l'obligation de suivre son patient après l'opération.

Pour lutter contre ces infections contractées à l'hôpital, chaque établissement dispose d'un Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales (CLIN), lequel est chargé d'organiser et de coordonner la surveillance, la prévention et la formation continue en matière de lutte contre les infections nosocomiales

Avant l'opération, le patient doit prendre deux douches pré-opératoires successives, en se lavant du haut du corps vers le bas du corps, au moyen d'une solution antiseptique.
Pour certaines opérations, les médecins s'assurent également que leur patient ne souffre pas d'infection urinaire ou dentaire. Les bactéries impliquées pourraient en effet passer dans le sang et être à l'origine d'une infection de la zone opérée.

Au bloc opératoire, un antibiotique peut être injecté aux patients pour limiter les risques bactériens lors des opérations à risque. Les chirurgiens aussi suivent un protocole précis : lavage des mains et des avant-bras au savon pendant une dizaine de minutes. 

Dans le bloc opératoire stérile, le champ opératoire est à nouveau nettoyé puis délimité par des draps stériles.

Résistance aux antibiotiques : un dépistage rapide

Les bactéries hautement résistantes ne sont sensibles qu'à un tout petit nombre d'antibiotiques.
Les bactéries hautement résistantes ne sont sensibles qu'à un tout petit nombre d'antibiotiques.

Escherichia coli, Staphylococcus aureus et Pseudomonas aeruginosa, ces trois bactéries sont à l'origine de la plus de la moitié des cas d'infections nosocomiales. Autrement dit, des infections contractées à l'hôpital. Des infections qui concernent tout de même un patient hospitalisé sur vingt.

Parmi les bactéries à l'origine d'infections nosocomiales, beaucoup présentent des résistances à des antibiotiques. Pour éviter la contamination et améliorer la prise en charge, des dépistages rapides ont été mis en place.

Pour traquer les bactéries ultra-résistantes et éviter qu'elles ne se répandent en milieu hospitalier, il existe depuis 2013 des tests de dépistage rapide. "Grâce aux progrès de la biologie, en particulier de la biologie moléculaire, on peut maintenant regarder très vite quel est l'ADN des bactéries et savoir si telle ou telle bactérie ayant telles ou telles propriétés est présente chez le patient", explique le Pr Antoine Andremont, bactériologiste.

Pour trouver ces bactéries hautement résistantes, il faut réaliser un prélèvement de selles. Ensuite, une machine analyse et détecte la présence ou non de ces bactéries. Ces tests sont désormais très rapides : "Il est souvent très utile de connaître très vite la bactérie en cause et surtout d'identifier à quel antibiotique elle est sensible ou non afin d'adapter le traitement de façon très pertinente et très efficace chez le patient", précise le Pr Andremont. L'autre intérêt de ce dépistage rapide est d'éviter la propagation de ces bactéries chez d'autres malades. Aujourd'hui, ces dépistages rapides sont réalisés dans la majorité des hôpitaux en France.

En France, il existe une obligation d'information des victimes d'infections nosocomiales dans les 15 jours qui suivent le dépistage. Les patients peuvent contacter, pour tout accident médical présentant un certain caractère de gravité, la Commission régionale de conciliation et d'indemnisation (CRCI).