Amiante : entre 68.000 et 100.000 décès d'ici 2050

Le bilan des victimes de l'amiante pourrait encore s'alourdir. Entre 68.000 et 100.000 décès sont attendus en France d'ici 2050, selon des estimations du Haut Conseil de la Santé Publique (HSCP).

La rédaction d'Allo Docteurs
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Amiante : entre 68.000 et 100.000 décès d'ici 2050

Dans un rapport mis en ligne le 14 août 2014, le Haut Conseil de la Santé Publique (HSCP) estime qu'"il faut s'attendre entre 2009 et 2050 à un nombre de cancers du poumon dus à l'amiante de l'ordre de 50.000 à 75.000". Il faut y ajouter "18.000 à 25.000 décès dus au mésothéliome, sans même compter d'autres cancers tels que ceux du larynx ou des ovaires pour lesquels la responsabilité de l'amiante a été confirmée par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) en 2009". Ces estimations s'appuient sur des travaux de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS).

Le mésothéliome est un cancer de la plèvre, qui dans 80% des cas peut être attribué à l'exposition à l'amiante. Ce cancer se déclare généralement de nombreuses années après l'exposition tout comme les cancers du poumon, dont 13% peuvent également être attribués à l'amiante, selon "une estimation basse" de l'InVS.

Stabilisation du nombre de cas de mésothélium

L'InVS a également évalué entre 61.000 et 118.000 le nombre de décès attribuables à l'amiante entre 1995 et 2009, se répartissant entre 25.000 et 36.000 décès suite à un mésothéliome et entre 36.000 et 82.000 décès par cancer pulmonaire du à une exposition professionnelle à l'amiante.

Rien qu'en 2007, le nombre des cancers du poumon attribuables à l'amiante était estimé entre 1.500 et 2.400 selon les hypothèses retenues, alors qu'on comptait un peu plus d'un millier de décès par mésothéliome.

L'InVS relève par ailleurs que le nombre de nouveaux cas de mésothéliome semble s'être stabilisé dans les années 2000 tant chez les femmes que chez les hommes, nettement plus touchés par ce cancer (69% d'hommes contre 31% de femmes).

Abaisser le seuil

Depuis 1996, tous les bâtiments font l'objet d'une réglementation selon laquelle dès que le niveau dépasse les 5 fibres par litre d'air, des travaux de désamiantage ou de confinement doivent être entrepris. Cette valeur correspond au niveau moyen qui était mesuré dans l'air en milieu urbain dans les années 70.

Saisi en 2010 par les autorités sanitaires pour se prononcer sur la définition d'un nouveau seuil de déclenchement des mesures de protection contre l'amiante, le HSCP s'était montré plus prudent. Des experts avaient proposé d'abaisser le seuil de déclenchement des travaux à deux fibres par litre dès 2015 puis à une fibre en 2020.

Mais le HSCP a jugé "illusoire" dans son rapport d'abaisser ce seuil "tant que la réglementation actuelle (...) n'est pas correctement appliquée" en ce qui concerne notamment les repérages et les mesures. "Un abaissement prématuré pourrait même être contreproductif, car conduisant à une augmentation sensible des analyses, des travaux et des déchets à gérer, dans un contexte de manque de préparation aux risques induits", ajoute le HSCP qui préconise de baisser le taux à deux fibres "en première instance" à partir du 1er janvier 2020.

L'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva) a réagi en demandant à la ministre de la Santé "de ne tenir aucun compte de la position du HSCP et d'abaisser sans tarder le seuil du gestion du risque amiante dans les bâtiments (...) conformément aux recommandations de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses)". Cette dernière avait préconisé en 2009 d'abaisser le seuil à 0,5 fibre par litre.

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