Acouphènes et hyperacousie : l'audition des Français en danger

Ecouter de la musique trop forte, travailler dans un environnement bruyant ou subir tous les jours le bruit des embouteillages : ces expositions sonores contribuent à la perte de notre audition. Pour la 17e Journée nationale de l'audition, qui aura lieu le jeudi 13 mars 2014, la campagne met l'accent sur deux troubles auditifs invisibles : les acouphènes et l'hyperacousie.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Acouphènes et hyperacousie : l'audition des Français en danger

Selon une légende urbaine, les sifflements d'oreille et les médisances vont de pairs. Pourtant, ce phénomène est caractéristique d'un symptôme ORL, appelé acouphène. Plus de 8 millions de Français en souffrent, selon les chiffres de l'Institut méditerranéen de recherche et de traitement des acouphènes (IMERTA). Et dans 60% des cas, les acouphènes sont suivies d'hyperacousie, l'autre dysfonctionnement de l'audition qui menace les Français. La 17e Journée nationale de l'audition est l'occasion de faire le point sur ces perturbations auditifs qui touchent autant les enfants, les adultes que les seniors.

Les acouphènes

Pour certains, il est décrit comme un souffle dans l'oreille, pour d'autres, comme un bourdonnement. L'acouphène est un bruit qui retentit dans l'oreille sans aucun stimulus sonore extérieur. Il peut également se manifester par un choc régulier ou une pulsation entendue sans cesse jour et nuit, dans l'oreille ou dans la tête. Dans les cas les plus grave, l'acouphène peut rendre la vie insupportable entraînant des problèmes de sommeil, des difficultés de concentration et de l'anxiété.

Il en existe deux types 

  • Les acouphènes dits "objectifs". Ils sont d'origine vasculaire. Ils se manifestent pas le bruit du sang circulant dans un vaisseau.
  • Les acouphènes dits "subjectifs" sont d'ordre mécanique. Il résulte d'un problème de transmission des vibrations ou au traumatisme suite à une détonation ou à un accident de plongée. Ils prennent la forme de bourdonnements d'oreille ou de sifflements.

Quelles sont les causes ?

Mais, en réalité, il y a autant d'acouphènes qu'il y a de causes. Ils peuvent survenir à la suite de :

  • Un traumatisme sonore, par exemple l'écoute de musique à très fort volume.
  • Une diminution normale de l'audition liée au vieillissement de l'oreille, ou presbyacousie (perte progressive de l'audition). Ce phénomène est associé à la présence d'acouphène chez les personnes à partir de 50 ans.

L'acouphène peut être le symptôme d'une pathologie :

  • la maladie de Menière, une affection de l'oreille entraînant des bourdonnements, une baisse d'audition et des vertiges ;
  • l'otospongiose, une maladie héréditaire entraînant un dysfonctionnement de l'oreille, responsable d'une surdité ;
  • l'hypertension artérielle ;
  • un bouchon de cérumen ou un corps étranger dans l'oreille, souvent accompagnés d'une baisse de l'acuité auditive ;
  • une otite moyenne, inflammation de l'oreille qui se développe dans une petite cavité osseuse derrière le tympan, en causant souvent des douleurs ;
  • une atteinte du nerf auditif ou de l'oreille interne (partie la plus profonde de l'oreille) ;
  • certains médicaments ototoxiques (toxiques pour l'oreille) peuvent être à l'origine d'acouphènes.

Cette diversité des causes complique le traitement et son efficacité. Lorsque les acouphènes persistent, le médecin propose une prise en charge par un psychiatre ou un psychologue, une pose dans l'oreille d'un générateur de bruits. Il s'agit d'un petit appareil ressemblant à une prothèse et produisant un bruit de fond doux, qui masque les acouphènes.

Quelques précautions pour limiter leur apparition 

  • éviter l'exposition à des bruits trop forts et prolongés. Le son représente un danger pour l'oreille s'il dépasse 90 décibels, équivalent au bruit d'une tondeuse ;
  • si vous utilisez un baladeur, veillez à limiter votre durée d'écoute et le volume de la musique ;
  • si vous assistez à des concerts ou si vous allez en discothèque, éloignez-vous des enceintes et faites des pauses ;
  • limitez l'utilisation de cotons-tiges pour prévenir les bouchons de cérumen. Utilisez plutôt le coin d'une serviette humide et ne le pénétrez jamais à l'intérieur des oreilles.

Toutefois, "les acouphènes ne sont pas toujours associés à une baisse d'audition. Mais dans 80% des cas, on a une baisse d'audition associée soit d'un côté, soit des deux côtés. Mais ce n'est pas une obligation", explique le professeur Christian Dubreuil, chirurgien ORL au centre hospitalier Lyon Sud.

Ecouter ce qu'on entend quand on souffre d'acouphènes

 

 

En savoir plus sur les acouphènes :

L'hyperacousie

Lorsqu'entendre un simple rire, un aboiement ou la sonnerie d'un téléphone devient insupportable, pas de doute, la personne souffre d'hyperacousie. Ce symptôme ORL est la manifestation d'une hypersensibilité au bruit dit "normal". Elle peut être globale ou ne concerner que certaines fréquences. "L'hyperacousie est une réaction anormale à un bruit qui est considéré comme normal pour la majorité d'entre nous. La sensibilité est augmentée comme on peut avoir une sensibilité augmentée au soleil par exemple", Pr. Christian Dubreuil, chirurgien ORL au centre hospitalier Lyon Sud.

Quelques explications

C'est le dérèglement du schéma auditif qui serait mis en cause dans l'apparition de l'hyperacousie, suite à une lésion de l'oreille interne.

Notre audition comporte un seuil minimum de perception, et des seuils maximaux à partir desquels les bruits sont d'abord inconfortables, puis douloureux. Les risques pour l'audition commencent à 90 décibels, alors que la douleur apparaît à 130 décibels. Pour les patients qui souffrent d'hyperacousie, la douleur peut être ressentie à partir de 60 décibels.

Quelles sont les causes ?

Les causes d’hyperacousie sont dans la très grande majorité des cas dues à des traumatismes acoustiques :

  • soit ponctuels (concerts, explosion…),
  • soit répétés de type exposition professionnelle (instruments de musique, élèves...).

Comme pour les acouphènes, la prise en charge de l'hyperacousie fait également appel à un médecin ORL, à l'audioprothésiste et parfois à des psychologues.

Selon le Dr. Martine Ohresser, médecin ORL membre du Comité Scientifique de la JNA, "l'erreur que font les personnes atteintes d'hyperacousie est de se protéger des bruits qui leur sont insupportables. C'est une mauvaise solution puisque plus ils vont protéger l'oreille, plus l'oreille va être intolérante à l'environnement sonore. Pour soigner l'hyperacousie, le traitement se fait en rééduquant l'oreille, en faisant porter au patient des générateurs du bruit blanc : un son très stable qui ressemble à un souffle. Après quelques semaines, quelque mois pour les hyperacousies les plus anciennes, l'oreille du patient se réhabitue normalement supportables".