À quoi servent les grandes causes nationales ?

Le label "Grande cause nationale" est attribué chaque année. Si vous êtes membre d'une association liée à la santé par exemple, vous pouvez encore déposer une candidature à Matignon pour convaincre le Premier ministre de vous choisir pour la grande cause nationale 2014. Pour réussir, il vaut mieux réunir d'autres associations qui travaillent sur le même thème et se préparer à une année bien remplie. Mais à quoi sert ce label "Grande cause nationale" ? Que peut-on en attendre par ces temps de rigueur budgétaire ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Reportage de Géraldine Zamansky, Arnaud Jacques et Lionel Simon
Reportage de Géraldine Zamansky, Arnaud Jacques et Lionel Simon

La grande cause nationale de l'année 2013 est l'illettrisme. Et pratiquement personne n'est au courant. Il faut dire que les spots pour la grande cause nationale arrivent tardivement sur nos écrans. Un retard à l'image des difficultés souvent rencontrées par les associations qui reçoivent chaque année ce label.

Le titre de grande cause nationale est un simple label donné par le Premier ministre et qui donne le droit de diffuser une campagne sur les radios et télévisions publiques. Mais ce label "Grande cause nationale" n'est pas accompagné d'une promesse d'action politique, ni du moindre financement. Pourtant les frais techniques à la charge des associations s'élèvent au moins à 200.000 euros.

Depuis 1977, année après année, le chef du gouvernement déclare simplement son intérêt pour le combat d'un groupe d'associations. Alerter, améliorer le regard du grand public sur les malades et leurs proches… tels sont souvent les objectifs majeurs des grandes causes nationales.

Certaines grandes causes comme celle de 2007 contre la maladie d'Alzheimer font en plus directement appel à la générosité du public. Certes, des actions peuvent être organisées par les associations et financées par les dons. Mais le Collectif interassociatif sur la santé (CISS) regrette l'affaiblissement actuel de l'accompagnement politique des grandes causes par rapport au début des années 90 comme l'explique Christian Saout : "Au début des années sida, quand la puissance publique a décidé de faire une grande cause nationale sida, de grandes choses ont été réalisées. Il y a eu la mise en circulation des seringues stériles pour les usagers de drogue pour éviter la contamination... Au deuxième label grande cause nationale sida, 15 ans après, il n'y a eu aucune mesure".

Moins d'un an après la mise à l'honneur de sa cause, le collectif contre l'autisme confirme l'utilité relative du label : "une grande cause peut vous permettre de gagner une guerre médiatique, explique Florent Chapel, président du collectif "Ensemble contre l'autisme", (…) mais après, vous avez une autre guerre sur le terrain pour que les choses changent". Pour le moment, les espoirs de changement sont encouragés par un plan autisme tout neuf qui prévoit de développer l'accès aux prises en charge éducatives.

L'association France Alzheimer se situe, elle, cinq ans plus tard (grande cause nationale 2007) au terme de son plan, dont la moitié des budgets promis sont restés virtuels. Promesses de campagne des deux derniers présidents, la réforme du financement de la perte d'autonomie ne cesse d'être reportée, comme presque toutes les mesures qui exigent de faire un arbitrage budgétaire. "Les politiques d'aujourd'hui sont verrouillées par le manque de moyens donc une cause qui mérite la reconnaissance par un label, si on veut l'accompagner par des politiques publiques, il faut un grand courage politique pour la financer", note Christian Saout.

Peu confiantes en cette capacité d'engagement gouvernemental, beaucoup d'associations ne demandent même plus le label de grande cause nationale.

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