30 euros la consultation : pourquoi certains médecins augmentent leur tarif ?

La grogne des médecins généralistes ne faiblit pas. Une centaine réalisent des dépassements d’honoraires pour alerter sur leurs conditions de travail et une meilleure reconnaissance. Reportage.

Sibylle de Barthez
Rédigé le
Des médecins augmentent le prix de leurs consultations
Des médecins augmentent le prix de leurs consultations  —  Le Mag de la Santé - France 5

Dans ce petit village du Val-de-Marne, le docteur Jean-Brice de Bary est en colère. Et la première chose qu’il annonce à ses patients est l'augmentation de la consultation.

Il a décidé de facturer 30 euros ses consultations, contre 25 euros : c’est le tarif autorisé pour un médecin généraliste de secteur 1. Ces cinq euros supplémentaires, non remboursés par l’Assurance maladie, restent à la charge de ses patients.

"Il nous faut du temps"

Face à l’inflation et la hausse des charges, le Dr Barry demande une revalorisation de la consultation par l’Assurance maladie. C'est une nécessité pour continuer à prendre en charge correctement ses 3 200 patients dans ce département peu doté en médecins.

"25 euros une consultation, ça ne va pas quand vous avez une personne qui vient avec son petit post-it, sa liste de quatre ou cinq points pour un certificat médical, le renouvellement de son ordonnance, mais aussi l'avis sur quelqu'un d'autre de la famille. Il nous faut donc du temps et c'est pour ça que moi, j'ai choisi d'augmenter ma consultation", explique le Dr Jean-Brice de Bary, médecin généraliste. 

Cette hausse des tarifs est soutenue en grande partie par sa patientèle qui comprend les raisons de cette demande.

Un risque de sanction pour le médecin

Un peu partout en France, une centaine de médecins traitants participent à cette fronde tarifaire. Le tarif de 25 euros fixé en 2017 par l’Assurance maladie devrait pourtant passer à 26,50 euros à l’automne prochain. 

Mais c'est toujours trop peu pour les médecins frondeurs, qui s’exposent à des sanctions de l’Assurance maladie. "Si vraiment le médecin persistait, il pourrait s'exposer à une mesure de déconventionnement, ça n'est évidemment pas ce que nous souhaitons. Maintenant, on est là aussi pour faire respecter les règles du jeu", commente Thomas Fatôme, directeur de la Caisse Nationale de l'Assurance maladie.

En clair, ces médecins pourraient ne plus être remboursés par l’Assurance maladie. Début septembre, le ministre de la Santé a commencé à recevoir les syndicats de médecins libéraux. De son côté, l’Assurance maladie promet de nouvelles négociations. Mais pour l’instant, aucune date n'a été fixée.